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A nouveau un hiver sans véritable froid ?
MétéoSuisse-Blog | 13 février 2025

Bien que l’hiver ne soit pas encore terminé, nous pouvons déjà tirer un premier bilan. Dans cet article, nous nous intéressons à la masse d’air en altitude, qui, à l’image de tous les hivers depuis 2019, n’a jamais été très froide.

Neige et givre à Champoussin (VS) le 12 janvier 2025.
Neige et givre à Champoussin (VS) le 12 janvier 2025, journée avec la masse d’air la plus froide de l’hiver. Photo : "Observations Météo".
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D’où vient le froid ?

En hiver, le froid n’a pas toujours la même origine, en particulier en plaine. Il fait froid lorsqu’une masse d’air froid est advectée sur nos régions par le nord depuis le pôle ou par l’est depuis l’Europe de l’Est et la Russie. Dans ce cas, la masse d’air en altitude a une température très basse et il fait froid aussi bien en plaine qu’en montagne.

En plaine et dans les vallées, il peut aussi faire froid même lorsque la masse d’air en altitude est douce. Cela a souvent été le cas cet hiver, on parle alors d’inversion de température. Cela se produit par situation anticyclonique lorsque le ciel est clair et qu’il n’y a pas de vent. L’air se refroidit par rayonnement et s’accumule à proximité du sol (car l’air froid est plus dense que l’air chaud). Cette situation permet la formation d’une inversion, synonyme de température basse en plaine avec souvent du stratus sur le Plateau. À l’inverse, le soleil brille en montagne et il fait nettement plus doux. Comme cela a été le cas au mois de décembre dernier, il peut faire très froid dans les vallons jurassiens dans ce genre de situation, même s’il fait doux sur les crêtes.

Figure 1. Les aconits d’hiver (Eranthis hyemalis) sont en fleurs à Orbe (VD). Ce n’est pas exceptionnel, car elles peuvent déjà fleurir en janvier, mais cela illustre l’absence d’air froid en cet hiver 2024/2025.
Figure 1. Les aconits d’hiver (Eranthis hyemalis) sont en fleurs à Orbe (VD). Ce n’est pas exceptionnel, car elles peuvent déjà fleurir en janvier, mais cela illustre l’absence d’air froid en cet hiver 2024/2025. (Source : "Observations Météo")

Température en air libre

Nous nous intéressons donc ici à l’air froid en altitude qui est entraîné depuis le nord ou l’est sur nos régions. Pour cela, nous analysons les mesures faites à 850 hPa (vers 1500 m) par le radiosondage de Payerne. Cette mesure se fait en air libre, c’est-à-dire que la température de l’air n’est pas influencée par la surface terrestre à cet endroit. À l’inverse, une mesure faite à Montana à 1423 m n’est pas faite en air libre, la température est influencée par la surface terrestre (refroidissement la nuit et réchauffement la journée).

Température la plus basse de l’hiver

Depuis le 1er décembre 2024, la température la plus basse mesurée vers 1500 m a été de -9,24 °C le 12 janvier 2025 lors d’une incursion d’air froid qui n’a duré que quelques jours. Cette valeur est similaire à celles mesurées au cours des derniers hivers (depuis 2019). On peut voir sur la figure 2 ci-dessous, qu’avant 2019, la température la plus basse mesurée au cours de l’hiver était souvent comprise entre -10 et -15 °C. On peut aussi voir que la température était descendue à -18,2 °C en 2018 lors d’une brève vague de froid fin février et à -19 °C en février 2012 lors de la vague de froid des deux premières semaines. La température la plus basse mesurée depuis 1955 est de -27,2 °C lors de la vague de froid de février 1956.

Graphique de la température minimale (en °C) mesurée chaque hiver de 1955 à 2025 à 850 hPa (1500 m) par le radiosondage de Payerne. La valeur de l’hiver de l’hiver 2024/2025 est provisoire (données jusqu’à 12 février).
Figure 2. Température minimale (en °C) mesurée chaque hiver de 1955 à 2025 à 850 hPa (1500 m) par le radiosondage de Payerne. La valeur de l’hiver de l’hiver 2024/2025 est provisoire (données jusqu’à 12 février). (Source : MétéoSuisse)

Température moyenne de l’hiver

Toujours selon les mesures de la température vers 1500 m faites par le radiosondage de Payerne, on peut voir sur la figure 3 ci-dessous, que la température moyenne de l’hiver (du 1er décembre 2024 au 12 février 2025) a été de 1 °C (0,99 °C pour être précis). À ce stade, il s’agirait du 5e hiver le plus doux depuis le début des mesures par radiosondage à Payerne en 1955, derrière les hivers 1990, 2020, 2024 et 2007. Cette valeur est à prendre avec des pincettes, car il reste encore deux semaines avant la fin de l’hiver météorologique et qu’elle va donc encore évoluer. Et comme expliqué plus haut, comme le froid peut aussi s’installer par inversion, le bilan de l’hiver qui sera publié à la fin du mois aura peut-être une conclusion différente concernant la température moyenne aux stations de mesure.

On peut aussi voir sur ce graphique qu’il y a une grande variabilité d’un hiver à l’autre, et même d’une décennie à l’autre (illustrée par la moyenne glissante (courbe noire)). Toutefois, la tendance à long terme montre une hausse de la température (ligne traitillée rouge). Selon ces données, l’hiver le plus froid a été celui de 1963 avec une température moyenne de -6,5 °C, et le plus doux celui de 1990 avec une température moyenne de 1,5 °C.

Température moyenne (en °C) mesurée chaque hiver de 1955 à 2025 à 850 hPa (1500 m) par le radiosondage de Payerne.
Figure 3. Température moyenne (en °C) mesurée chaque hiver de 1955 à 2025 à 850 hPa (1500 m) par le radiosondage de Payerne. La valeur de l’hiver de l’hiver 2024/2025 est provisoire (données jusqu’à 12 février). La courbe noire indique la moyenne glissante sur 10 ans et la courbe traitillée rouge la tendance à long terme (régression linéaire). (Source : MétéoSuisse)

De l’air froid les deux prochaines semaines ?

La figure 4 ci-dessous montre la prévision de la température vers 1500 m en air libre (au niveau de Genève) jusqu’au 22 février. Une baisse de température est attendue demain vendredi avec environ -6 °C, puis une hausse rapide se produira samedi. Les différentes courbes montrent les scénarios du modèle IFS. Plus les courbes sont proches les unes des autres, plus la fiabilité de la prévision est bonne. On voit que la fiabilité diminue au fil des jours, mais que presque tous les scénarios envisagent une température positive dès samedi. À l’heure actuelle, aucune advection d’air froid ne semble vouloir concerner la Suisse jusqu’à la fin du mois, même si des surprises sont possibles au-delà du 22 février. Il semblerait donc que le constat fait au début de l’hiver dans un blog intitulé « Le deuil de l’hiver » se confirme un hiver de plus.

Graphique de la température (en °C) à 850 hPa (~1500 m) au niveau de Genève prévue par le modèle IFS pour la période du 13 au 22 février 2025. Les différentes courbes représentent les 51 scénarios (membres) du modèle.
Figure 4. Température (en °C) à 850 hPa (~1500 m) au niveau de Genève prévue par le modèle IFS pour la période du 13 au 22 février 2025. Les différentes courbes représentent les 51 scénarios (membres) du modèle. (Source : ECMWF - MétéoSuisse)