L’année 2024 a été une nouvelle fois chaude et caractérisée par de fréquentes précipitations avec de lourdes conséquences par endroits. Certains événements ont même fortement frappé les esprits. Nous en avons relevé dix, en toute subjectivité. Ils sont classés par ordre chronologique.
Avec une moyenne mensuelle de 2,7 °C sur l'ensemble du pays, février a dépassé de 4,6 °C la norme 1991-2020. Cette température moyenne mensuelle correspond à un mois de mars très doux. Avec un écart à la norme 1991-2020 de 4,6 °C, la Suisse a ainsi connu le mois de février le plus doux depuis le début des mesures en 1864, devant février 1990 et février 2020.
La moyenne nationale de la température en hiver (décembre 2023 à février 2024) a été de 0,9 °C. L'hiver s’est ainsi situé 2,8 °C au-dessus de la norme 1991-2020 et au premier rang depuis le début des mesures, juste devant l’hiver 2019/2020.
De nombreuses stations de la Suisse romande et du Valais ont connu l’hiver météorologique le plus doux. Pour certains sites de l’Arc jurassien, comme à La Chaux-de-Fonds ou à Fahy, l’hiver 2019-20 reste le plus doux, à quelques dixièmes de degrés près.
Des sites comme Genève/Cointrin, Neuchâtel et Château-d’Oex ont même connu deux saisons consécutives (automne et hiver) les plus chaudes depuis le début des mesures.
Au cours de la première quinzaine du mois, de nouveaux records de chaleur pour un mois d’avril ont été enregistrés pour les valeurs maximales journalières sur 27 sites disposant de longues séries de mesures. Parmi eux, on trouve également des sites avec des séries de mesures de plus de 100 ans. Il s'agit de Chaumont dans le Jura neuchâtelois (22,0 °C), Davos (20,4 °C), Engelberg (24 °C) et Genève (28,3 °C).
Il ne s’agit certes pas d’un phénomène météorologique, mais il fallait tout de même un ciel dégagé pour observer ce spectacle céleste, plutôt rare sous nos latitudes. Plusieurs articles de blog ont été publiés par MétéoSuisse.
L'air chaud et humide transporté depuis le sud a souvent provoqué de 40 à 50 mm de précipitations dans les vallées du Sud du Valais entre le 20 et le 21 juin au soir. Localement, les quantités ont même atteint 70 à 100 mm. Ces pluies sont arrivées juste après une période de chaleur qui a fait fondre la neige en haute montagne. Le niveau des rivières était déjà élevé et ces précipitations supplémentaires ont entraîné d'importantes quantités d'écoulement. Dans la région de Zermatt, des inondations massives se sont produites, entraînant des dommages importants. La ligne de chemin de fer menant à Zermatt a été interrompue par les flots. Dans le val d’Anniviers, la Navizence a connu une forte crue. Le Rhône dans le Bas-Valais a également été en crue.
Au Sud des Alpes, les quantités de précipitations ont souvent atteint 30 à 50 mm durant l’événement. La Mesolcina, région la plus touchée, a reçu des quantités de 60 à 80 mm, voire localement plus de 100 mm, comme l'ont montré de manière impressionnante les 124 mm enregistrés à la station de Grono. La majeure partie des pluies est généralement tombée en très peu de temps. A Grono, 63,7 mm ont été mesurés en seulement 60 minutes. Les quantités de précipitations les plus élevées au Sud des Alpes dans un laps de temps d’une heure ont été enregistrées à Locarno Monti en août 1997 avec 91,2 mm et à Crana Torricella en juin 2017 avec 80,5 mm. Dans la Mesolcina, les intempéries ont eu des conséquences désastreuses. Au sud de Lostallo, une lave torrentielle a traversé un lotissement, causant d'importants dégâts et faisant des victimes. Certaines maisons ont été complètement emportées. Au nord de Lostallo, une coulée de boue a bloqué la rivière Moesa, qui a cherché un nouveau lit et a emporté un tronçon d'autoroute.
De violents orages se sont développés le 25 juin 2024 dans l’après-midi, d’abord sur les reliefs, puis également sur le Plateau. Ces orages ont surtout provoqué des pluies abondantes. La région entre Sainte-Croix et L’Auberson a été particulièrement touchée. Notre pluviomètre situé à L’Auberson a enregistré 129,7 mm de pluie. C'est un record pour cette station où les mesures ont débuté depuis 1916 (précédent record le 22 août 1974 avec 98,2 mm). Cette valeur journalière est aussi un record pour l'ensemble des postes pluviométriques du Jura romand et du Plateau romand.
Toujours à L'Auberson, il est tombé 74,9 mm entre 18h00 et 19h00 et 112,9 mm entre 18h00 et 20h00. Il s’agit respectivement du 5e cumul de précipitations le plus important sur 1 heure mesuré en Suisse et le 4e le plus important sur 2 heures.
D’autres orages quasi-stationnaires ont éclaté ce jour-là sur le canton de Vaud. Un de ces orages a été à l’origine de la crue de la Morges en pleine ville de Morges.
Le 29 juin, une zone de basse pression s'est déplacée de la France vers le sud de l'Allemagne. Elle a amené de l'air humide et instable vers l'espace alpin à partir du sud. De puissants orages se sont abattus sur certaines parties du Haut-Valais et sur le haut du val Maggia, apportant d'énormes quantités de précipitations en peu de temps. Pendant toute la durée de l'événement, les sommes de précipitations mesurées ont atteint entre 60 et environ 130 mm dans les régions les plus touchées. Binn, en Haut-Valais, n’avait jamais mesuré autant de pluie en juin avec une somme journalière de 159 mm (début des mesures en 1900). Il s’agit aussi de la station du réseau de mesures de MétéoSuisse qui a reçu l’arrosage le plus copieux sur une somme journalière en juin 2024.
Les énormes quantités de pluie ont fait gonfler massivement les rivières en peu de temps et les ont fait déborder. De gros dégâts ont été causés le long du Rhône et de la Maggia. Des laves torrentielles ont dévasté des zones d'habitation avec leurs masses d'éboulis. La vallée de Saas en Valais et le val Bavona au Tessin ont été durement touchés. En raison de routes ensevelies ou détruites, certaines régions ont été coupées du monde et n'ont pu être atteintes que par hélicoptère. On a malheureusement déploré plusieurs victimes suite à ces intempéries.
La moyenne nationale des températures du mois d'août a atteint 17,1 °C, soit 2,7 °C au-dessus de la norme 1991-2020. Il occupe la deuxième place dans la liste des mois d'août les plus chauds au niveau national depuis le début des mesures en 1864. Le mois d'août record de l'historique été caniculaire de 2003 avait donné une valeur nettement plus élevée de 17,9 °C en moyenne nationale.
Cependant, 9 sites disposant de séries de mesures de plus de 60 ans ont enregistré le mois d'août le plus chaud depuis le début des mesures. Parmi eux, on trouve les célèbres stations du Jungfraujoch, du Weissfluhjoch et du Säntis. La Brévine dans le Jura neuchâtelois, ainsi que Lugano et Piotta au Sud des Alpes ont également connu leur mois d’août le plus chaud. Par ailleurs, pour le Weissfluhjoch et le Säntis, il s’agit même du mois le plus chaud depuis le début des mesures
Entre le 1er et le 3 novembre, un temps ensoleillé et extrêmement doux a régné en montagne.
Le 1er novembre, 3 stations en altitude ont affiché un nouveau record de température maximale journalière pour un mois de novembre depuis le début des mesures. Il s’agit du Jungfraujoch (3571 m) avec 4,8 °C (début des mesures homogénéisées en 1961), du Weissfluhjoch (2691 m) avec 11,8 °C (début des mesures homogénéisées en 1971) et de Buffalora (1971 m) avec 16,3 °C (début des mesures homogénéisées en 1976).
Au Jungfraujoch, il n’a pas gelé du 1er au 3 novembre, ce qui n’était jamais arrivé en novembre depuis le début des mesures en 1961.
Au Weissfluhjoch (2540 m pour la mesure de la neige), l'enneigement continu a débuté cet hiver le 12 novembre. Depuis le début des mesures en 1937), il n'y a eu que 3 hivers où l'enneigement a débuté encore plus tardivement : le 25 novembre 1983, le 21 novembre 1938 et le 19 novembre 2005.
Une zone de basse pression, qui s'est déplacée dans un courant tempétueux d'ouest à nord-ouest de la France vers l'Italie en passant par les Alpes, a déclenché le 21 novembre dès l'après-midi de fortes chutes de neige jusqu'à basse altitude des deux côtés des Alpes. Les chutes de neige se sont poursuivies au cours de la nuit suivante, mais avec une intensité décroissante.
En plaine, les mesures matinales du 22 novembre ont donné des sommes de neige fraîche de 30 à un peu plus de 40 cm en Suisse centrale. Dans le reste de la Suisse alémanique, il y a eu de 15 à 30 cm, en Suisse romande quelques cm à un peu plus de 20 cm dans certaines régions. Aucune neige fraîche n'a été mesurée sur les bords du Léman. Sur les régions de plaine du Sud des Alpes, il a été mesuré entre 5 et 15 cm de neige fraîche.
Douze sites à basse altitude ont mesuré des records pour un mois de novembre de somme de neige fraîche en 1 jour. Les valeurs record ont localement été remarquables. Lucerne a enregistré 42 cm, de loin la valeur la plus élevée non seulement pour un mois de novembre, mais aussi tous mois confondus dans la série de mesures disponibles depuis 1883. C'est également à Lucerne que la somme de neige fraîche sur 1 jour a été la plus élevée depuis le début des mesures. Le précédent record de 40 cm de neige fraîche en 1 jour remonte à février 1962.
Les chutes de neige à Bâle ont été exceptionnelles pour un mois de novembre, avec 27 cm de neige fraîche. Le précédent record pour un mois de novembre, établi en 1952, n'avait atteint que 14 cm. Avec 27 cm, il s'agit à Bâle du 5e cumul de neige fraîche en 1 jour le plus élevé depuis le début des mesures en 1931.
Delémont avec 22 cm et Neuchâtel avec 13 cm ont également connu un nouveau record de somme de neige fraîche sur 1 jour pour un mois de novembre depuis le début des mesures (en 1961 à Delémont, en 1931 à Neuchâtel).
Enfin, Locarno Monti au Sud des Alpes, a enregistré un nouveau record de somme de neige fraîche sur 1 jour pour un mois de novembre avec 15 cm (début des mesures en 1935).