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Bilan du front orageux

MétéoSuisse-Blog | 14 mars 2023
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Le front froid qui a traversé nos régions hier soir n'est pas passé inaperçu. D'une intensité inédite pour un mois de mars, il s'est accompagné de nombreux éclairs et de rafales tempétueuses en plaine. Bilan dans ce blog d'une soirée qui a été, comme annoncé hier, agitée et électrique, alors même que le printemps météorologique vient de commencer et que nous ne sommes pas encore dans le vif de la saison des orages.

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Front froid très actif

Le potentiel orageux du front froid qui a abordé nos régions lundi soir était entrevu depuis déjà quelques jours et faisait l'objet d'un blog qui annonçait une soirée agitée.

Le couplage d'un certain nombre d'ingrédients météorologiques dans un environnement très dynamique a créé un cadre particulièrement propice pour le développement d'orages :

  • Bouffée d'air très chaud à l'avant avec des records de température pour une 1ère quinzaine de mars ;
  • Courant-jet puissant et vents très forts à toutes les altitudes ;
  • Une instabilité marquée de la masse d'air.

Le timing du front a également joué un rôle essentiel dans l'intensification des orages avec un phasage optimal par rapport au moment de la journée. En effet, le réchauffement lié au rayonnement solaire, désormais conséquent l'après-midi, a contribué au renforcement du front froid au cours de son passage sur la France. Situé sur la centre de la France vers la mi-journée comme le montre la carte des isobares et des fronts superposés aux nuages ci-dessous, il a abordé la Suisse en soirée.

Activité électrique soutenue

Ce front orageux était démasqué bien avant d'atteindre nos régions. Non seulement par la bande d'intenses précipitations qui délimite l'air chaud à l'avant de l'air froid à l'arrière du front, mais aussi et surtout par les nombreux éclairs associés. Sur l'animation ci-dessous, on constate qu'en fin d'après-midi le front a d'abord tangenté le nord du Jura et l'Ajoie, avant de finalement se décaler plus à l'est pour traverser la Suisse. Il était aussi visible à l'oeil nu de très loin du fait des nuages d'orage très développés sur la verticale.

Etant donné le potentiel rafaleux de cette ligne orageuse dynamique, un avertissement de degré 2 pour des rafales tempétueuses a été émis le matin pour couvrir le passage de ce front. Cet avis mentionnait des averses de grêle et des fortes intensités de précipitations sur son passage. Cet avis a été relayé à très court terme par des Flash-Orages de niveau orange pour l'ouest du pays, région la plus touchée.

Rafales tempétueuses

A l'avant du front froid, le flux d'altitude de secteur sud-ouest s'est renforcé. En parallèle, le foehn a pris de la vigueur dans les vallées alpines. Le foehn s'est révélé conforme aux prévisions, c'est-à-dire tempétueux dans les régions d'Altdorf, Elm et Vaduz avec des rafales supérieures à 90 km/h.
Mais c'est véritablement le passage du front orageux lui-même qui a occasionné les rafales les plus fortes avec des valeurs remarquables en plaine, notamment dans la région des Trois-Lacs et sur le bassin lémanique :

  • 125 km/h à Delémont ;
  • 120 km/h à Cressier (NE) ;
  • 108 km/h à Neuchâtel ;
  • 107 km/h au Bouveret ;
  • 102 km/h à Bière.

Précipitations brèves, mais intenses

L'animation radar de ce début de blog le montrait : une bande de précipitations, localement de forte intensité, a balayé nos régions. Les cumuls relevés aux stations les plus arrosées étaient de l'ordre de 15 à 20 mm en seulement quelques heures.

Intensité exceptionnelle pour la saison

Ce front orageux est inédit par son intensité et surtout par sa précocité. Avec plus de 13000 impacts de foudre (nuage - sol) au total selon Météorage, il reflète une situation orageuse d'un mois de mai ou juin, pas d'une mi-mars. En Suisse, on estime le nombre total d'éclairs de cet événement à environ un peu plus de 2000.

Les statistiques du nombre de jours où l'on observe des orages en Suisse montrent que la saison des orages débute normalement en avril, bat son plein de mai à août inclus, puis s'efface en septembre pour s'éteindre presque complètement en octobre. C'est le cas de la station de Bâle présenté ci-dessous, mais l'évolution est similaire pour les autres régions de plaine du nord des Alpes. On y voit que des orages sont toujours possibles même au coeur de l'hiver, mais ils sont statistiquement moins fréquents qu'en saison estivale.

Quelles perspectives pour les années à venir?

S'il est délicat et même impossible de relier un épisode orageux si précoce au changement climatique, on peut en tout cas formuler des hypothèses sur la base de l'évolution observée et des projections climatiques. Avec une saison estivale qui tend à s'allonger et l'hiver à se raccourcir, le contexte favorable aux orages s'étend sur des durées plus longues.

Par ailleurs, dans une atmosphère globalement plus chaude, l'air peut contenir plus d'humidité. L'humidité étant le carburant principal des orages, le cadre météorologique devient progressivement plus propice pour les développements orageux. Mais encore faut-il que la configuration météorologique avec le juste dosage de tous les ingrédients intervienne. En tout cas, si la configuration du front froid de lundi 13 mars émergeait en pleine saison estivale, la situation pourrait être très violente...