La monotonie de ces jours ensoleillés estivaux n’inspire guère la rédactrice de ce blog. Nous allons donc plutôt nous pencher sur un subtil phénomène météorologique qui se produit sur et aux abords de nos lacs et que nous avons récemment pu observer sur le Haut-Lac Léman.
Mardi 8 juillet 2025, de l’air polaire affluait sur la Suisse dans un courant de nord à nord-ouest. La présence de cette masse d’air fraîche pour la saison, au-dessus de lacs à la température élevée, a favorisé le soulèvement d’air au-dessus de l’eau, conduisant à la formation de cumulus. L’orientation des vents au nord-ouest a permis de faire circuler ces cumulus sur les eaux toujours chaudes du Grand-Lac puis du Haut-Lac, alimentant leur développement. Finalement, à un stade très développé, ces cumulus ont lâché des averses qui se sont déversées continuellement sur les rives du Haut-Lac. Au contraire, dans les régions environnantes, il n’y avait peu ou pas de précipitations, comme l’atteste l’animation radar ci-dessous. Très contrastant sur les cumuls de précipitations, ce phénomène est l’effet de lac ou lake-effect en anglais.
Sur l’ensemble de la journée, des cumuls de pluie nettement plus importants ont été relevés aux abords du Haut-Lac avec 61.8 mm à Rennaz ou encore 46.1 mm à Villeneuve, tandis que sur l’ouest lémanique ou la région des Trois-Lacs il n’y a quasiment pas eu de précipitations.
Il s’agit du même phénomène qui, à une échelle évidemment bien plus large, provoque régulièrement des tempêtes de neige dans l’Etat de New York aux Etats-Unis, ou encore des chutes de neige record au Japon. En février 2025, cet effet de lac a sévit sur la Mer Noire, plongeant Istanbul sous la neige. Dans ces régions, les grandes étendues d’eau permettent non seulement de générer du soulèvement (par la différence de température entre la surface de l’eau et l’air), mais elles sont aussi une source considérable d’humidité, augmentant d’autant plus les quantités de précipitations.
La nature de la masse d’air affluant sur une étendue d’eau détermine le type de précipitations : si elle est froide, il faut s’attendre à des averses de neige, si la masse d’air est fraîche, des averses, et si la masse d’air est très instable, des orages sont possibles.
En se trouvant en bord de mer ou de lac, il est possible d’observer cet effet de lac, avec toutefois un certain nombre de conditions requises :
Dans nos régions, ces conditions sont le plus souvent réunies à l’automne et en début d’hiver, lorsque l’eau des lacs est encore relativement chaude et que les premières incursions froides peuvent créer un différentiel de température suffisant. Les régions concernées dépendent de l’orientation des vents.
Voilà, bien que ce sujet ne soit plus d’actualité, vous savez tout sur l’effet de lac. Bonne fin de semaine !