Cette semaine, il fait encore froid comme en hiver le matin, tandis que l'après-midi, il fait doux comme au printemps. La différence de température est beaucoup plus marquée sur le Plateau et dans les vallées qu'en altitude.
Les personnes qui se rendent au travail à pied ou à vélo le matin n'ont pas vraiment l'impression d'être au printemps. Il y a du givre dans les champs et l'air est froid. L'après-midi, en revanche, on peut facilement se promener sans veste au soleil.
De telles variations de température ne sont pas rares au printemps lorsque le temps est anticyclonique. L'air encore sec de l'hiver permet un fort rayonnement thermique pendant la nuit. En même temps, le soleil brille à nouveau plus longtemps et plus haut dans le ciel, ce qui entraîne un réchauffement marqué pendant la journée.
Cet article, rédigé par nos collègues de Zurich, prend pour exemple des stations de mesures situées en Suisse alémanique, mais la situation est identique en Suisse romande.
L'amplitude des variations de température entre le matin et l'après-midi dépend de la topographie. Les variations sont plus importantes dans le fond des vallées, tandis que la température reste pratiquement constante sur les hauteurs. Les deux graphiques suivants illustrent ces différences. Kloten est une station située en plaine, la station du Lägern se trouve sur la crête de la chaîne de collines du même nom à côté de Kloten, le Napf et le Säntis sont des stations situées sur des sommets plus hauts en altitude.
La raison des variations de température particulièrement importantes sur le Plateau et dans les vallées est due à la formation d’un lac d'air froid pendant la nuit. Cela s'explique d'une part par le fait que l'air se refroidit au niveau du sol sur les pentes et s'écoule ensuite sur le Plateau et dans les vallées comme de l'eau, formant ainsi un lac d'air froid. Mais l'air continue aussi à se refroidir à partir du sol dans le lac d'air froid, de sorte qu'une couche d'air particulièrement froid se forme à proximité du sol dans les zones plates. Il en résulte une sorte de « lac d'air froid dans le lac d'air froid. (En réalité, il y a souvent plusieurs couches d'air froid les unes au-dessus des autres). Celles-ci sont en partie visibles à l'œil nu :
Le soleil ne réchauffe pas directement l'air avec ses rayons (ou du moins très peu), mais indirectement, en réchauffant le sol qui réchauffe ensuite l'air. C'est pourquoi c'est d'abord le « lac d'air froid dans le lac d'air froid » qui se réchauffe. Cela se produit assez rapidement, car il est souvent très peu épais et n'a donc qu'un faible volume. Lorsque la couche d’air froid la plus basse a disparu, le réchauffement de l'air froid restant commence.
Cet effet est clairement visible sur les figures 1 et 2. La température de la station de Kloten augmente immédiatement après le lever du soleil, car la fine couche d’air froid se réchauffe rapidement. Le lac d'air froid plus étendu verticalement, dans lequel se trouve également le Lägern voisin, ne se réchauffe que lentement, c'est pourquoi la température sur le Lägern augmente également plus lentement. Le Napf et le Säntis se trouvent au-dessus du lac d'air froid et la température y reste constante pratiquement toute la journée, car ils sont moins influencés par le réchauffement de la surface terrestre.
À noter pour finir, qu’à proximité directe des lacs (qui sont encore froids), la température de l’air reste plus basse même la journée. Le 6 mars, la température maximale n’était ainsi « que » de 11 °C au Bouveret alors qu’elle a par exemple atteint 15 °C à Payerne.