"L'effet de lac" accentue les cumuls de pluies autour des Trois-Lacs et du Léman
Plusieurs ingrédients atmosphériques sont en place ce week-end pour favoriser des cumuls de pluies régionalement importants.
- Une masse d'air maritime tropicale humide
- Une rivière atmosphérique en provenance de l'Atltantique (blog d'hier)
- Un couloir dépressionnaire se déplaçant lentement
- Une composante localement orageuse
La masse d'air maritime tropicale favorise une efficience des précipitations plus grande par le processus de collision et de coalescence des gouttes de pluies et par un isotherme du zéro degré élevé (warm rain process). De plus, plus la masse d'air est chaude et humide, plus elle favorise des cumuls de précipitations importants lorsqu'un soulèvement de l'air opère en conjonction avec une perturbation. La présence d'une rivière atmosphérique à proximité des Alpes augmente également la capacité de la masse d'air à produire d'importants cumuls, avec des valeurs d'eau précipitable particulièrement élevées. La perturbation se déplaçant lentement, les pluies tendent également à tomber sur les mêmes régions plus longtemps. Et enfin, une composante orageuse exacerbe localement les cumuls de pluie à certains endroits.
Avec l'enroulement de la perturbation autour des Alpes ce dimanche, c'est le versant nord des Alpes qui est théoriquement le plus exposé aux fortes précipitations, mais les ingrédients ci-dessus peuvent favoriser la production de forts cumuls ailleurs autour de l'arc alpin.
Un ingrédient supplémentaire non-négligéable qui a opéré durant la nuit de samedi à dimanche et semble avoir contribué aux importants cumuls le long des rives nord du Léman et du lac de Neuchâtel est l'effet de lac. Surtout connu en hiver pour produire d'importantes chutes de neige autour de certains grands lacs, il peut également se manifester en fin d'été pour produire des averses localisées. Lorsque des lacs particulièrement chauds en fin d'été sont couplés à des températures en baisse en altitude, l'instabilité de basses couches ainsi générée tend à entretenir des averses convectives au-dessus des plans d'eau lors de passages de couloirs dépressionnaires. En fonction des vents dominants en altitude, ces averses peuvent déverser d'importants cumuls de pluie le long des rives sous le vent en relativement peu de temps, d'autant plus si ces dernières se reforment de manière continue sur le plan d'eau durant plusieurs heures. C'est ainsi que cet "effet de lac" la nuit dernière et ce matin a partiellement contribué aux 76 mm tombés en 7 heures en région de Neuchâtel ou encore aux plus de 60 mm tombés en région lausannoise en environ 6 heures.