Alors que les précipitations tombent régulièrement ces dernières semaines sur une grande partie du pays, quelques régions font exception avec des pluies plutôt rares. Ce manque de pluie commence à se faire sentir, même si on reste encore loin d’une situation de sécheresse comme en 2022 et 2023.
Après une première partie d’été sans excès de température, mais très humide, la situation a passablement évolué depuis la mi-juillet. En effet, la température moyenne a l’échelle du pays a été tous les jours au-dessus de la norme depuis le 15 juillet. Du côté des précipitations, la situation varie considérablement d’une région à l’autre. Pour une grande partie du pays, la pluie est tombée régulièrement au cours des dernières semaines à la faveur de plusieurs journées orageuses. Certaines régions ont toutefois été épargnées par ces précipitations. C’est le cas en particulier de l’ouest lémanique où aucune pluie significative n’est tombée depuis le 13 juillet à Genève-Cointrin avec un total de seulement 2,6 mm mesurés. À Nyon le cumul n’est que légèrement supérieur avec 10,3 mm. La plaine de l’Orbe est restée également le plus souvent au sec avec 4,8 mm. Au Tessin, les cumuls depuis le 13 juillet sont également faibles par endroits avec par exemple 2,8 mm à Biasca. Le graphique ci-dessous montre les cumuls de précipitations depuis le 13 juillet jusqu’à 8 heures ce mercredi matin.
Avec les fréquentes précipitations du printemps et du début d’été, la situation n’est bien entendu pas comparable aux étés 2022 et 2023 avec une sécheresse marquée et étendue. Comme le montre les données de l’Office fédéral de l’environnement, le niveau des eaux souterraines est normal à élevé sur tout le territoire suisse. On constate toutefois qu’en surface, le manque d’eau commence à se faire sentir dans les régions citées précédemment. Parmi plusieurs indices de sécheresse disponibles, l’indice d’humidité du sol montre la quantité d’eau contenue dans le sol. C’est logiquement en été que les sols sont en moyenne les plus secs, mais les valeurs actuelles sont très basses (parmi les 5 % les plus basses de la période 1991-2023). La situation de ces régions est pour l’instant une exception et ne représente pas la situation moyenne en Suisse.
Le niveau des petits cours d’eau est également bas, c’est le cas par exemple de l'Orbe (VD) et de l'Allondon (GE). Au premier abord, rien de surprenant, car c’est au mois d’août que le débit est en moyenne le plus faible avec 0,97 m3/s pour l’Allondon. Le débit actuel est cependant de seulement 0,55 m3/s. En août 2022 et 2023, le débit était descendu respectivement à 0,24 et 0,34 m3/s. Le débit moyen de l’Orbe est de 5,4 m3/s en août et est actuellement de 2,4 m3/s. En août 2022 et 2023, le débit était descendu respectivement à 1,85 et 2,35 m3/s. À noter toutefois que la mesure du débit de l'Orbe se fait après le barrage du Chalet.
Concernant le danger d’incendie de forêt, il est actuellement de niveau 2 sur une grande partie du pays. Dans les vallées du Rhône et du Rhin, il est de niveau 3. Les précipitations du début d’été accentuent indirectement le danger d’incendie, comme expliqué dans un reportage de la RTS.
La sécheresse de surface devrait encore s’accentuer et le niveau des cours d’eau baisser au cours des prochains jours avec des journées sèches, ensoleillées et de plus en plus chaudes. Une masse d’air très chaud va remonter depuis l’Afrique du Nord dans un courant de sud-ouest à partir de ce week-end. Les seuils de canicule seront probablement atteints à partir de dimanche. Une baisse de température est pour l’instant entrevue entre mercredi et jeudi prochain. Une situation qui reste à préciser ces prochains jours. Le niveau d’humidité des sols et de la végétation pourra jouer un rôle sur les températures, comme expliqué dans le blog du 1er juillet dernier.
Au Tessin, le seuil de canicule a déjà dépassé tous les jours depuis le 22 juillet. À Lugano, cela fait donc 16 jours que la température moyenne journalière n’est pas descendue en dessous de 25 °C. Les températures nocturnes sont particulièrement élevées en raison notamment d’une masse d’air encore humide à la suite des précipitations du début d’été. Une telle série n’avait jamais été observée à Lugano depuis le début des mesures en 1864, le précédent record était de 14 jours consécutifs mesurés en 2022.
La canicule qui s’éternise au Sud des Alpes et celle qui pourrait concerner le Nord des Alpes à partir de dimanche confirme qu’avec le réchauffement climatique, la question en été n’est plus de savoir s’il va y avoir une canicule en Suisse, mais combien il y en aura.