Risque de canicule
D’un point de vue purement théorique, et d’après les éléments ci-dessus, le risque de canicule se réduit lorsque le taux d’humidité des sols est important, et inversement, il augmente lors de sécheresses. Un certain nombre d'études ont démontré cette relation. Avant de les aborder, il convient de rappeler qu’une canicule, en Suisse et selon la définition de MétéoSuisse, est une période durant laquelle la température moyenne dépasse les 25 °C au moins. Il est donc question d’une succession de jours durant lesquels les températures dépassent au moins 30 °C en maximales journalières et 20 °C en minimales nocturnes. Un jour isolé présentant une température maximale de 30 °C n’est donc pas considéré comme une canicule.
L’essentiel de la littérature existante tisse un lien entre les périodes sèches prolongées et des extrêmes de températures. Cependant, il existe des différences régionales. Ainsi, Rouges et al. (2023) relèvent que des sols anormalement secs représentent une condition préexistante à la formation de canicules pour les régions du sud de l’Europe. Plus au nord, la sécheresse des sols ne représente pas un précurseur déterminant en la matière. À plus large échelle, Zeppetello et al. (2022) relèvent que dans les régions extratropicales, les mois les plus chauds jamais mesurés sont tous liés a un déficit de précipitations. Ils notent encore que les jours durant lesquels des records de températures sont enregistrés sont généralement contenus au sein d’une séquence sèche.
Ces éléments ne sont guère surprenants et confirment le lien entre chaleur extrême et sécheresse, même si ce lien n'est pas automatique. À ce sujet, Quesada et al. (2012) relève que l’été 2011 en Suisse, bien que précédé par une intense sécheresse printanière, n’a pas connu d’épisode caniculaire. Ceci s’explique probablement par une vague de plusieurs épisodes orageux avec de forts cumuls de précipitations durant le mois de juin, ce qui aurait grandement abaissé le risque de canicule.
De la même manière, un printemps humide réduit le risque de canicule, en particulier en début d’été, mais ne nous met pas entièrement à l’abri d’une canicule pour le reste de la saison. Comme mentionné dans le chapitre sur le bilan hydrique ci-dessus, une période sèche de quelques semaines suffit déjà à réduire l’humidité des sols en-dessous du niveau nécessaire pour que l’effet tampon agisse sur les températures de surface.