Alors que le dicton "en avril, ne te découvre pas d’un fil" s’est une fois de plus vérifié cette année, on entre aujourd’hui dans le mois de mai où – toujours selon un dicton – on peut faire ce qu’il nous plaît. Une bonne occasion de s’intéresser d’un peu plus près à ce dicton.
Les météorologues et les non-météorologues ont un point commun, ils parlent tout le temps de météo. En effet, les changements de temps abrupts des dernières semaines vous ont sûrement permis de faire la conversation avec vos voisins en les croisant dans l’ascenseur. De notre côté, cela nous a donné des sujets à traiter dans nos articles de blog. Et à la RTS, c’est même la chronique politique de la Matinale d’hier 30 avril qui s’est emparée du sujet.
Ce n’est donc pas pour rien qu’il existe une multitude de dictons météorologiques. Le plus connu est probablement "en avril, ne te découvre pas d’un fil". Il a d’ailleurs été utilisé comme titre pour notre article du 15 avril et le bilan de ce mois d’avril 2024 confirme ce dicton. Par contre, le dicton "en mai, fais ce qu’il te plaît" (et son lien avec la météorologie) est moins évident.
Selon un article du site unpointculture.com, cette expression trouverait son origine à l’époque médiévale et faisait référence aux coutumes de l’époque ainsi qu’aux festivités qui se déroulaient à cette période de l’année comme les fêtes de la nature. Cet article explique ensuite que cette expression "est aujourd’hui davantage associée à la saison du printemps et à ses caractéristiques météorologiques. Ainsi, "En mai, fais ce qu’il te plaît" est désormais perçu comme un encouragement à profiter des beaux jours et de la clémence du temps pour se livrer à toutes sortes d’activités, sans contrainte ni entrave."
D’autres interprétations de ce dicton sont possibles, on peut imaginer que c’est le temps qui fait ce qu’il lui plaît en mai avec des contrastes qui peuvent être presque aussi marqués qu’en avril.
Ces jours-ci, c’est la circulation atmosphérique qui fait ce qu’il lui plaît et qui a tendance à partir dans tous les sens, sans suivre un schéma classique de courant d’ouest. Ces mouvements aléatoires de la circulation atmosphérique en Europe se traduisent par une grande instabilité dans les modélisations et donc par une prévision très incertaine.
À court terme, pas trop de doutes concernant le fait qu’il va pleuvoir demain jeudi. En effet, une dépression d’altitude (illustrée par le géopotentiel à 500 hPa sur la figure 2 ci-dessous) s’étendant du large de l’Irlande à la Méditerranée va faire remonter de l’air humide et des précipitations sur nos régions. L’arrivée d’air plus frais permettra à la limite pluie-neige de s’abaisser vers 1300 à 1500 m jeudi soir. C’est ensuite une longue bande dépressionnaire qui va se former de l’Atlantique à la Turquie en fin de semaine.
La pluie concernera principalement la Suisse romande et le Tessin. Les cumuls restent toutefois encore incertains. Il y a plusieurs manières d’illustrer cette incertitude. Par exemple, la figure 3 ci-dessous montre les cumuls de précipitations pour toute la journée de jeudi selon un scénario (appelé contrôle) du modèle COSMO-1E à gauche et du modèle ICON-1E à droite. Sur le scénario de gauche, quasi toute la Suisse romande est concernée par des cumuls supérieurs à 20 mm, alors que selon le scénario de droite, ce seuil ne serait dépassé que sur une partie du Jura vaudois et du Bassin lémanique, avec même jusqu’à 30 mm dans la région de Genève.
Le temps devrait rester souvent nuageux vendredi avec encore quelques précipitations, surtout sur le versant nord des Alpes. Le soleil devrait être plus présent le week-end avec toutefois toujours un risque d’averses. Pour illustrer l’incertitude, la figure 4 ci-dessous montre l’ensoleillement (en heures) prévu pour samedi par les 21 scénarios du modèle ICON-1E. Certains scénarios (par exemple le n° 8) prévoient un ensoleillement généreux sur toute la Suisse, alors qu’il serait quasi nul selon d’autres scénarios (comme le n° 14).
Pour le début de la semaine prochaine, l’incertitude augmente d’un cran. La figure 5 ci-dessous montre la situation modélisée pour lundi midi selon le scénario haute résolution du modèle IFS calculé hier soir (en haut) et ce matin (en bas). Selon le scénario du haut, la Suisse serait sous l’effet d’une dorsale anticyclonique (H) qui nous apporterait un temps généralement sec et plutôt ensoleillé, alors que selon le scénario du bas, une nouvelle dépression (B) venue de l’Atlantique provoquerait un temps nuageux et pluvieux. Il faudra donc peut-être encore attendre un peu pour "profiter des beaux jours et de la clémence du temps pour se livrer à toutes sortes d’activité". Et il faut encore attendre quelques jours pour avoir une prévision plus précise pour la semaine prochaine.