Mais qu’est-ce donc la différence entre une giboulée et un orage ?
La différence, c’est que le niveau d’équilibre est en général plus bas au début du printemps et donc le développement vertical est moins élevé. Cela se voit d’ailleurs bien sur la Figure 1, où le sommet du nuage qui donne lieu à la giboulée est relativement bas. Il y a également moins d’humidité à disposition, car la masse d’air est en moyenne plus froide. Cela fait qu’il n’y a pas assez d’énergie pour le développement d’un orage. Il n’est toutefois pas exclu d’avoir un ou deux coups de tonnerre associés à une giboulée. Vous l’aurez deviné, il existe une zone grise entre les deux. Finalement, durant un orage d’été, l’isotherme du 0 °C est trop élevé pour avoir de la neige en plaine. A l’inverse durant une giboulée, on retrouve souvent un mélange de pluie et de neige roulée.
Quels sont les processus microphysiques impliqués ?
Les processus microphysiques les plus importants dans une giboulée ont lieu à des températures en dessous de 0 °C. Il s’agit donc de processus liés à la formation de la neige, qui sont détaillés dans le deuxième article de notre série sur la microphysique de la neige. Le processus principal qui entre en jeu est le givrage. Pour rappel, lorsque des flocons de neige entrent en contact avec des gouttelettes d’eau surfondue (c.-à-d. de l’eau liquide en dessous de 0 °C), celles-ci vont instantanément se solidifier à la surface des flocons. S’il y en a suffisamment, ce givre va s’accumuler sur le flocon, ce qui va le rendre plus dense et plus sphérique jusqu’à ce qu’éventuellement on ne reconnaisse plus ces branches originales (voir Figure 2 et 3a). Ce stade final du givrage donne lieu à des particules sphériques, blanches et relativement denses qu’on appelle neige roulée ou graupel. Les mouvements ascendants qui résultent de l’instabilité de la masse d’air dont nous avons parlé précédemment conduisent à la condensation de la vapeur d’eau en gouttelette. Si ces mouvements verticaux sont suffisamment forts, ces gouttelettes d’eau sont produites en quantité importante et transportées en dessus de l’isotherme 0 °C. Les flocons qui entrent en contact avec ces gouttelettes surfondues vont les accumuler sous forme de givre formant ainsi du graupel. Comme les particules de graupel sont très denses, elles tombent vite et n’ont souvent pas le temps de fondre avant d’atteindre le sol. C’est pourquoi on peut les retrouver au sol alors que la température de l’air est relativement élevée.