Agrégation
Lorsque des cristaux de glace entrent en collision, ils peuvent s’agglomérer pour former un agrégat de plusieurs cristaux : c’est le processus d’agrégation (➂, Figure 1). La plupart des flocons de neige que vous observez tomber sont des agrégats, il est plus rare d’observer des cristaux isolés. Si vous avez cette chance, essayez d’identifier sa forme et d’en déduire sa température de formation à l’aide de la Figure 1. Deux étapes sont nécessaires à l’agrégation : la collision et le « collage » des cristaux. La collision se produit naturellement lors de la chute des cristaux, car leur forme, taille et densité déterminent leur vitesse de chute : les cristaux qui tombent plus vite peuvent ainsi rattraper les plus lents et s’agréger entre eux. Un autre phénomène peut augmenter la probabilité de collision entre cristaux : la turbulence. Les conditions météorologiques lors de chutes de neige sont souvent propices à des vents turbulents qui peuvent intensifier le phénomène d’agrégation. Comme l’agrégation permet de collecter des petits cristaux en un plus gros flocon de neige qui tombe plus vite, cela a tendance à intensifier les précipitations (la même quantité de neige va tomber plus vite). La turbulence peut donc conduire à une intensification des chutes de neige.
Parmi les facteurs qui influencent le « collage » des cristaux entre eux, on peut nommer principalement leur forme et la température. Certaines formes de cristaux favorisent ce collage, c’est le cas des dendrites (en forme d’étoile) dont les branches ont tendance à s’encastrer l’une dans l’autre. A l’inverse, les cristaux en forme de colonnes ou de plaquettes ont plutôt tendance à rebondir après collision ou même à se briser en plusieurs éclats de cristaux. L’effet de la température sur l’efficacité de collage de la neige est connu de tout le monde : il est plus facile de former des boules de neige avec une neige mouillée, ce qui est le cas pour des températures proches de 0 °C. En résumé, les cristaux en forme de dendrites et/ou des températures proches de 0 °C favorisent le collage après collision. Comme les dendrites grandissent à des températures entre –10 et –22 °C (Figure 2), on peut dire que l’agrégation est la plus efficace pour cet intervalle de température et autour de 0 °C. C’est d’ailleurs à des températures de –10 à –22 °C que se forment les agrégats qui composent la neige poudreuse et légère tant appréciée des skieurs de hors-piste, alors que quand on se rapproche de 0 °C, la neige devient plus lourde et mouillée.
Givrage
Nous avons mentionné au début qu’à des températures supérieures à –38 °C, les gouttelettes d’eau peuvent rester liquides tant qu’elles n’entrent pas en contact avec une surface solide. Si elles entrent en contact avec un aérosol, elles congèlent pour former un petit cristal de glace par nucléation hétérogène. Mais que se passe-t-il si elles entrent en collision avec un flocon de neige ? Elles vont également congeler à la surface du flocon : c’est le processus de givrage (➃, Figure 1). Vous avez probablement déjà observé du givre accumulé à la surface d’un sapin ou d’un poteau comme dans la Figure 4 ? Cette masse de givre est la matérialisation de l’eau liquide surfondue qu’on retrouve dans un nuage en phase mixte. Ce qu’on observe pour le sapin de la Figure 4 est également vrai pour un flocon de neige : à mesure que le givre s’accumule à la surface, on ne parvient presque plus à identifier les branches du sapin. La Figure 5c illustre cela pour un flocon de neige : plus le degré de givrage est élevé (de gauche à droite), plus il est difficile d’identifier la forme qu’avait le flocon de neige. A l’extrême, on obtient un graupel, aussi appelé neige roulée, qui est un flocon complètement givré.