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Rapport de l’OMM sur l’état global du climat en 2023 – Partie 1 : observations

MétéoSuisse-Blog | 25 mars 2024

L'année 2023 a été la plus chaude jamais mesurée à l’échelle mondiale et a connu de nombreux événements météorologiques extrêmes. Petit tour d’horizon de l’état du climat et de ses impacts sur les populations avec le dernier rapport de l’Organisation Météorologique Mondiale. Première partie : les observations.

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Nous présentons dans ce blog un résumé du rapport “State of the Global Climat 2023” (l’état global du climat 2023) publié la semaine passée par l’Organisation Météorologique Mondiale (OMM). Nous commençons aujourd’hui par les observations du climat de 2023, et aborderons demain les impacts sur les sociétés humaines de cette année exceptionnelle.

Une concentration record de gaz à effet de serre

Les concentrations des 3 principaux de gaz à effet de serre - dioxyde de carbone (CO2), méthane (CH4) et protoxyde d’azote (N2O) - ont atteint des niveaux record en 2022. Les données globales de 2023 ne sont pas encore disponibles, mais les données partielles montrent une poursuite de l’augmentation. Alors que le taux d’augmentation de la concentration de CO2 est légèrement en dessous de la moyenne des 10 dernières années, un record a été atteint pour le N2O. Pour le CH4, 2022 a été la deuxième pire année. Actuellement, la concentration de dioxyde de carbone est 50 % plus élevée que durant l’ère préindustrielle.

L’année la plus chaude en 174 ans d’observations

En 2023, la température moyenne mondiale a été supérieure de 1,45 ± 0,12 °C à la moyenne de 1850-1900, faisant de 2023 l'année la plus chaude des 174 années d'observation, dépassant nettement les précédents records de 2016 et 2022. En Suisse, il s’agit de la deuxième année la plus chaude après 2022. Les neuf dernières années (2015-2023) ont été les plus chaudes jamais enregistrées et la moyenne décennale 2014-2023 de la température mondiale est supérieure de 1,20±0,12°C à la moyenne 1850-1900.

L'augmentation à long terme de la température mondiale est due à l'augmentation des concentrations de gaz à effet de serre dans l'atmosphère. Le passage de conditions La Niña, qui a duré de la mi-2020 au début 2023, à El Niño pleinement développées en septembre 2023 explique probablement une partie de l'augmentation de la température entre 2022 et 2023. Cependant, certaines zones qui ont montré un réchauffement inhabituel, comme l'Atlantique Nord-Est, ne correspondent pas aux schémas typiques de réchauffement ou de refroidissement associés à El Niño.

Des océans plus chauds, plus hauts, et plus acides

La majorité (90%) de l’énergie capturée à cause du renforcement de l’effet de serre est stockée dans les océans. Entre la fin du printemps de l'hémisphère Nord et la fin de l'année, les températures moyennes à la surface des océans ont atteint un niveau record, avec de nombreuses vagues de chaleur marines. En effet, lors d’une journée moyenne en 2023, près d’un tiers de l’ensemble des océans dans le monde étaient sous l’emprise d’une vague de chaleur marine et à la fin de 2023, plus de 90 % des océans de la planète avaient connu des vagues de chaleur à un moment ou à un autre de l’année. L’énergie accumulée sous forme de chaleur dans les océans n’a jamais été aussi grande et on observe depuis 2005 une accélération de cette augmentation de l’énergie stockée.

Le niveau des océans a lui aussi atteint un record en 2023 (depuis le début des mesures satellites en 1993) causé par la dilatation thermique des océans qui se réchauffent et par la fonte des glaciers et des calottes polaires. La vitesse d’augmentation de niveau des océans des 10 dernières années est plus du double de celle de la période 1993-2002.

Un autre impact de l’augmentation du CO2 est l’acidification des océans. En effet, environ un quart des émissions humaines de CO2 se dissout dans les océans ce qui conduit à une augmentation de l’acidité. Cette dernière a également atteint un niveau record en 2023. D’après le dernier rapport du GIEC, il est très probable que les océans n’aient jamais été aussi acides depuis 26’000 ans. L'acidification des océans affecte les organismes et les écosystèmes avec des impacts sur la sécurité alimentaire. On note toutefois que l’acidification à l’échelle locale n’est encore pas suffisamment étudiée, principalement à cause du manque de mesures.

Moins de glace

L’étendue de la banquise arctique en 2023 a été largement en dessous de la moyenne des 45 dernières années (période de mesure par satellite). Les maximums et miniums saisonniers sont respectivement les 5e et 6e plus bas de la période de mesure. En Antarctique, on a atteint en février le minimum absolu sur la période de mesure. Le maximum saisonnier de septembre 2023 (fin de l’hiver en Antarctique) comptait 1 million de kilomètre carré de banquise en moins que le précédent record d’étendue minimum pour un mois de septembre. Ceci correspond à la surface d’un pays comme l’Egypte.

La calotte glaciaire du Groenland a continué de fondre. La station météorologique située au sommet du Groenland a battu le précédent record de l’été le plus chaud de 1,0 °C. La calotte glacière antarctique a elle gagné de la masse en 2023 grâce à des précipitations de neige plus intenses que la moyenne, mais cela ne compense pas la fonte observée dans l’hémisphère Nord.

En ce qui concerne les glaciers, les données préliminaires montrent une fonte qui atteint un niveau record depuis le début des mesures en 1950. En Suisse, les glaciers ont perdu 10 % de leur volume sur les 2 dernières années à cause d’hivers pauvres en neige et d’étés très chauds. En Amérique du Nord, le taux de fonte en 2023 a été 5 fois plus grand que la moyenne 2000-2019.

Une couche d’ozone toujours fragile

Bien que l’interdiction des CFCs (gaz nocifs pour la couche d’ozone) entrée en vigueur en 1989 ait permis de cesser leur émission, ces gaz, qui présentent une durée de vie très longue, sont toujours présents dans l’atmosphère. Chaque année durant le printemps australe, ils causent un “trou” dans la couche d’ozone. En 2023, le trou s’est formé exceptionnellement tôt et, tout comme les deux années précédentes, il a duré plus longtemps que la norme. Cette persistance inhabituelle pourrait être indirectement induite par l'éruption du volcan Hunga Tonga-Hunga Ha'apai, la configuration des vents dans l'hémisphère Sud, le changement climatique, ou une combinaison de ces facteurs. La question n’est pas tranchée.

Influences à court terme et précipitations

En plus du changement climatique induit par l’activité humaine, il existe de nombreux phénomènes naturels différents qui influencent le temps et le climat à des échelles de temps allant de quelques jours à plusieurs mois, voire plusieurs années. En 2023, l'oscillation australe El Niño, le dipôle de l'océan Indien et l'oscillation nord-atlantique ont contribué à des événements météorologiques et climatiques majeurs dans de vastes régions du monde.

Les cumuls de précipitations ont été très contrastés selon les régions du monde en 2023, avec de régions subissant des sécheresses exceptionnelles, comme le pourtour méditerranéen ou le bassin Amazonien et d’autres connaissant des pluies exceptionnelles.

De nombreux événements extrêmes

Comme nous en parlions déjà en fin d’année passée, 2023 a connu de nombreux événements extrêmes. Ces événements ont touché tous les continents habités avec de graves répercussions socio-économiques. Il s'agit notamment d'inondations majeures (certaines associées à des cyclones tropicaux), de chaleurs et de sécheresses extrêmes, ainsi que de feux de forêt associés, qui posent des problèmes de sécurité hydrique et alimentaire et de bien-être humain. Une liste des divers événements extrêmes de 2023 a été établie par l’OMM et est disponible ici (en anglais).

Pour en savoir plus

Rapport complet de l'OMM (en anglais) et communiqué de presse de l’OMM (en français)