Tout d’abord, une petite anecdote sur la genèse de ces lignes : l’idée de ce blog est née ce matin vers 7h dans le train pour Genève, les yeux tournés vers ce ciel en feu au-dessus des Alpes qui toutefois aura laissé indifférents bon nombre de voyageurs rivés sur leurs écrans. Pourtant, la coloration du ciel était d’une intensité exceptionnelle, comme en témoignent les nombreuses photos partagées dans notre Application ainsi que les webcams qui permettent d’admirer les phénomènes les plus furtifs.
Les images qui suivent proviennent toutes de la webcam de l’Aiguille du Midi (réseau Skaping), sélectionnées pour le plaisir de vos yeux et – peut-être - la satisfaction de votre curiosité.
Ce jeudi en fin de nuit, à l’approche d’une perturbation, les vents de secteur nord-ouest en altitude se sont rapidement renforcés. Au passage des hauts reliefs des Alpes et notamment du massif du Mont-Blanc bien perpendiculaire au vent dans cette configuration, l’air est dévié vers le haut. Ajoutez à cela une dose suffisante d’humidité relative de l’air au niveau des crêtes, et vous pouvez voir apparaître ces jolies coiffes nuageuses sur les plus hauts sommets. Ces coiffes, appelées à juste titre « nuages de chapeau », matérialisent l’ondulation de l’air et, bien que leur position soit fixe par rapport au relief, elles attestent de vent fort en altitude.
Si l’on avance un peu dans le temps, à peine 30 min plus tard, le renforcement des vents d’altitude fait apparaître un autre phénomène remarquable : des nuages lenticulaires très hauts en aval du relief. Ces lentilles suspendues et qui semblent immobiles par rapport au sol naissent d’un ressaut (un « rebond ») de l’air sous le vent du relief, de la même façon que la surface de l’eau ondule après avoir franchi un obstacle. C'est ce même phénomène qui forme les fameux "poissons de foehn" dans le cas où les vents d'altitude soufflent depuis le sud sur les Alpes. Vous avez sous les yeux la manifestation des propriétés d’un fluide !
Pour couronner cette aube splendide, le ciel s’est paré de colorations orangées à rose, sublimant les lenticulaires par en dessous. Des rayons crépusculaires ont même percé entre les Jorasses et le Mont-Blanc, offrant un éventail temporaire – et peu fréquent - de merveilles météorologiques que nous venons de distiller à travers ce blog contemplatif, mais qui, nous l’espérons, vous aura donné l’envie de lever les yeux pour admirer le ciel.