Les ingrédients orageux
Un orage, c’est un peu comme un baril de poudre. Il peut être petit ou grand, rempli à moitié, aux trois quarts ou entièrement ; c’est ce qu’on appelle le potentiel orageux, que l’on mesure en météorologie par une valeur appelée le CAPE (Convective Available Potential Energy) ou énergie potentielle de convection.
La mise à feu du baril de poudre dépend quant à elle du nombre d’étincelles qui se produiront, éléments extérieurs appelés « déclencheurs » (trigger en anglais). Concernant les orages, on répertorie trois éléments déclencheurs principaux : la température de déclenchement (corrélée à l’ensoleillement), les zones de convergence et la dynamique d’altitude.
La virulence et la durée de vie des orages sont quant à elles fortement liées à une caractéristique de l’atmosphère appelée le cisaillement, soit la variation de vitesse et/ou de direction du vent avec l’altitude. Plus le cisaillement est important, plus les orages ont la capacité de s’organiser en ligne de grain ou en supercellule potentiellement dévastatrice.
Tous les ingrédients orageux listés ci-dessus peuvent être présents dans des valeurs plus ou moins grandes. Il est très rare qu’ils se présentent tous en même temps au guichet avec des valeurs élevées. C’est pourtant ce qui se produira demain jeudi.
La situation du jeudi 22 juin
L’énergie potentielle de convection attendue jeudi fait partie de celle qu’on ne voit pas tous les jours en service de prévision. Elle se calcule en Joules par kilo d’air et le graphique ci-dessous montre les valeurs prévues par les différents quantiles de la prévision d’ensemble. La grande case de gauche correspond à la médiane, ce qui signifie que la moitié des membres de l’ensemble prévoit un CAPE plus élevé, et la moitié des membres un CAPE plus faible que celui représenté. Un coup d’œil à l'échelle située sur la gauche montre bien que l’on se trouve dans le haut du panier, en particulier en Ajoie, dans les Préalpes et en Suisse alémanique.