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Inondations au Brésil

MétéoSuisse-Blog | 19 juin 2023
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Une dépression des moyennes latitudes a touché le sud du Brésil entre le 14 et le 16 juin amenant jusqu’à un peu plus de 200 mm de précipitations. Cela a conduit à des inondations dévastatrices causant plus de 11 victimes, 20 personnes disparues et 2300 déplacés, selon les autorités locales. Nous proposons dans ce blog un bref aperçu des conditions météorologiques qui ont causé ces fortes précipitations.

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Un cas d’école de cyclone extratropical

L’image satellite sur la Figure 1 montre bien la dépression située au large de la côte au sud du Brésil. On distingue également bien les nuages qui s’enroulent autour du centre de la dépression et forment les fronts qui lui sont associés. Rappelons que dans l’hémisphère sud, les dépressions tournent dans le sens des aiguilles d’une montre, l’inverse étant vrai dans l’hémisphère nord. Cela est dû au fait que la force de Coriolis agit en sens opposé selon l’hémisphère. Nous en profitons pour démystifier une croyance populaire qui dit que le sens de l’écoulement de l’eau d’un évier varie aussi selon l’hémisphère pour la même raison. Cela est faux, la dimension d’un évier est bien trop faible pour être influencée par la force de Coriolis, comme expliqué dans ce blog.

La Figure 2 montre la distribution de la pression et de la température associées à cette dépression. Le « B » indique le centre de la dépression qui atteint environ 1010 hPa, ce qui n’est pas particulièrement bas. La distribution de la température montre bien comment la rotation de la dépression engendre un brassage des masses d’air avec un transport d’air froid polaire vers des latitudes subtropicales (la flèche bleue) et un transport d’air doux subtropical vers des latitudes plus élevées (la flèche rouge). Ce brassage des masses d’air est un des « rôles » principaux des cyclones extratropicaux (aussi appelés dépressions des moyennes latitudes). En effet, sans ce brassage, la différence de rayonnement solaire entre les pôles et l’équateur ferait que ces derniers se réchaufferaient constamment, alors que les pôles se refroidiraient. Les dépressions des moyennes latitudes, qui tirent d’ailleurs leur énergie de la différence de température entre les pôles et l’équateur, permettent un échange d’énergie qui établit un équilibre thermique entre les régions polaires et tropicales. Vous trouverez plus d’informations sur cet aspect énergétique dans ce blog qui présente le cycle de vie des dépressions des moyennes latitudes.

Des précipitations abondantes

Comme le montre la Figure 3, il y a eu plus de 200 mm de précipitations dans l’état de Rio Grande do Sul (l’état le plus au sud). Sachant que la norme est d’environ 150 mm pour le mois de juin, il a donc déjà plu en 3 jours plus que la norme pour ce mois. À titre de comparaison en Suisse, 200 mm de précipitations en 3 jours représenteraient un record pour beaucoup de stations sur le Plateau. La comparaison a ses limites, car le Plateau reçoit en moyenne environ 900 mm par l’année, alors que l’état de Rio Grande do Sul reçoit entre 1600 et 2200 mm de précipitations. Après le passage du front froid vendredi, il a même neigé dans les montagnes au nord de la capitale de l’état Porto Alegre, qui ne sont pourtant qu’à environ 600 m d’altitude. Il faut aussi savoir que cet état se trouve à une latitude d’environ 30 ° S (c’est donc le début de l’hiver) et a un climat subtropical humide.

Lien possible avec le changement climatique

Bien qu’il existe des méthodes pour quantifier l’impact du réchauffement climatique sur un évènement particulier, cela requiert des études assez complexes. Un panel de scientifique (le Word Weather Attribution) publie régulièrement ce genre d’étude sur des évènements marquants. Nous ne pouvons donc pas nous prononcer actuellement sur le rôle que le changement climatique aurait pu avoir sur cet évènement. Par contre, des recherches ont montré qu’on s’attend à une diminution du nombre de cyclones extratropicaux, mais que certains d’entre eux seront plus violents. De plus, on s’attend à une augmentation des précipitations associées à ces dépressions (de l’air plus chaud peut contenir plus de vapeur d’eau).

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