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Les déserts

MétéoSuisse-Blog | 28 juin 2023
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Après notre article du 25 mars sur la saison des pluies et celui du 27 avril sur la Mousson en Inde, intéressons-nous aujourd’hui aux zones désertiques de notre planète et tentons d’expliquer leur distribution autour du globe.

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Ouvrons les feux par une lapalissade : les déserts sont caractérisés par une « certaine aridité ». Cette lapalissade n’est toutefois qu’apparente, car l’aridité n’est pas facile à définir, les climats étant classés en semi-arides, arides ou encore hyper-arides. De ce point de vue, l’Algérie est très intéressante car elle regroupe toute la palette allant du plutôt sec au très sec. Ainsi Alger, qui bénéficie d’un climat Méditerranéen, reçoit 687 mm de pluie par an. Oran, sous un climat semi-aride en reçoit 327 mm, Biskra au climat aride reçoit 129 mm et Béni-Abbès seulement 37 mm par an sous un climat hyper-aride. Pour mieux se représenter la chose, la station la plus sèche de Suisse, Ackersand en Valais près de Viège, reçoit 545 mm de pluie par année ; on y est donc proche d’un climat méditerranéen. Quant à Neuchâtel, au climat océanique, elle bénéficie d’un arrosage de 956 mm par an.

Pourquoi donc certaines zones du globe sont-elles désertiques et pas d’autres ?

Les types de déserts

L’absence de pluie peut être liée à plusieurs causes. L’une des principales est due à la circulation générale de l’atmosphère, laquelle assigne à résidence sur certaines régions du globe des anticyclones dynamiques quasi-permanents. Pourquoi ? Nous avons vu, lorsque nous avons abordé la saison des pluies ainsi que la mousson en Inde, qu’une zone d’ascendance thermique, appelée « zone de convergence intertropicale », oscille durant l’année entre le tropique du Cancer et celui du Capricorne. Par définition, dans une zone d'ascendance l’air monte, et ce faisant condense et perd son humidité sous forme de pluie. La structure de l’atmosphère étant ainsi faite, cet air ascendant se heurte, vers 20 km d’altitude environ, à une méga-inversion appelée la « tropopause ». Impossible pour lui d’aller plus haut, ni de redescendre ! Il doit donc s’évacuer latéralement, vers le sud et vers le nord ; or sur sa route, un nouvel obstacle se présente : la rencontre lors de sa migration vers les pôles d’une masse d’air plus froide ayant une densité différente. Ne pouvant toujours pas monter, ni reculer, il lui faudra cette fois s’évacuer vers le bas. Or l’air qui s’évacue vers le bas (on parle de « subsidence » en météorologie) se réchauffe, s’assèche et « pèse » sur le sol, augmentant la pression (d’où le terme de « haute pression »). Cet air reviendra ensuite vers l’équateur, sous formes de vents de nord-est dans l'hémisphère nord et de sud-est dans l’hémisphère sud, appelés « alizés », bouclant ainsi la boucle de ce que l’on nomme la « cellule de Hadley » en mémoire de son génial concepteur.

Les régions de subsidence permanentes sont par définition extrêmement sèches et ont de ce fait une forte amplitude thermique (des nuits relativement froides et des journées très chaudes). Le sondage de Tindouf en Algérie est tout à fait typique des régions désertiques avec de l’air très sec aussi bien à haute altitude que proche du sol.

Ces conditions étant plus ou moins les mêmes tout autour du globe, il s’ensuit la présence sous les latitudes subtropicales de deux ceintures désertiques, correspondant aux régions soumises à la subsidence anticyclonique quasi-perpétuelle.

Comme on le constate sur la carte ci-dessus, des déserts existent aussi en dehors de ces deux ceintures désertiques, en particulier dans l’hémisphère nord ou la proportion de continents est beaucoup plus importante que dans l’hémisphère sud. C’est le cas par exemple du désert nord-américain qui se prolonge loin vers le nord en direction du Canada, ou encore du désert occupant tout le sud de l’Argentine, à des latitudes pourtant soumises au régime des vents d’ouest et des perturbations océaniques. La cause de la présence de zones désertiques à ces latitudes est double :

  • d’une part les côtes pacifiques de l’Amérique du nord et de l’Amérique du sud aux latitudes tempérées sont baignées par des courants froids (courant de Californie pour la première, courant de Humboldt pour la seconde) lesquels fournissent relativement peu d’humidité à l’atmosphère, comparé par exemple au Gulf Stream Atlantique (courant chaud).
  • mais la raison principale de la présence de ces zones désertiques à ces latitudes tient aux chaînes de montagnes particulièrement élevées (les Rocheuses et les Andes) qui les bordent sur leur flanc occidental. Faisant barrage aux courants dominants et aux perturbations, elles soumettent les régions « sous le vent » à un effet de foehn presque permanent, lequel est par essence lié à des températures élevées, un taux d’humidité très bas et un ensoleillement important.

Certains déserts cumulent les deux effets (l’effet anticyclonique et l’effet de foehn), ce qui en font parmi les déserts les plus arides du monde. C’est le cas notamment des déserts de Gobi et de Taklamakan, au nord de l’Himalaya. L’effet de foehn y est prédominant pendant la mousson estivale, et la subsidence permanente en hiver sous l’influence de l’anticyclone thermique du bouclier sibérien. Bref, il n’y pleut pour ainsi dire jamais !

Des déserts insoupçonnés

Un coup d’œil au schéma de la circulation générale de l’atmosphère vous montrera (si vous ne l’avez pas déjà remarqué) qu’il existe une autre zone de subsidence dynamique sur Terre : aux pôles. Non contents d’être également sous l’influence constante de hautes pressions (à la fois dynamiques et thermiques), les pôles sont en permanence baignés dans des masses d’air tellement froides qu’elles ne peuvent presque pas contenir d’eau sous sa forme gazeuse : la vapeur d’eau.

En effet, à une pression de 1013 hPa (atmosphère standard au niveau de la mer), une masse d’air de -20 °C (la température estivale moyenne du pôle sud est de -25 °C) peut contenir au maximum 0.2 grammes d’eau sous forme de vapeur par kilo d’air ; à une température de +20 °C, elle peut en contenir 10 grammes, soit près de 50 fois plus.

Deux bonnes raisons donc de faire des pôles (en particulier le pôle sud) des déserts plus secs encore que ceux des climats les plus arides.

Evidemment, cela ne se voit pas au premier coup d’œil car le sol est en permanence recouvert de neige ou de glace. Mais il s’agit là de la somme des précipitations tombées dans ces régions, flocons après flocons, depuis des siècles, des millénaires, voire des millions d’années, et qui n’a jamais fondu… jusqu’à aujourd’hui !