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La saison des pluies
MétéoSuisse-Blog | 25 mars 2023
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Nous parlerons dimanche du changement de masse d’air et de la délicate prévision des chutes de neige attendues jusqu’à lundi. Pour l’heure, profitons de la proximité de l’équinoxe de printemps pour évoquer un phénomène fleurant bon les vacances et l’exotisme et parfaitement étranger à nos latitudes : la « saison des pluies ».

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L'image ci-dessus représente un paysage typique du Cameroun durant la saison des pluies. On perçoit une ambiance lourde et moite, et l'état de la route laisse deviner des pluies fréquentes et intenses. Par quoi sont-elles provoquées, et pourquoi seulement à certaines périodes de l'année, vous en saurez plus dans quelques instants !

Le mécanisme de la saison des pluies

Sous les tropiques, on parle de saison des pluies, parce que la grande majorité des précipitations est concentrée sur certaines périodes de l'année. Ces périodes de pluies sont séparées par des périodes de relative sécheresse. Le mécanisme à l'œuvre dans ce phénomène est d'origine astronomique.

Nous avons vu dans bon nombre de précédents articles que le réchauffement d'une masse d'air se fait pour une partie non négligeable « par le bas », soit au contact d'un sol chaud.

Nous avons vu également que l'ascendance d'une masse d'air - à l'origine des précipitations - peut être provoquée par deux mécanismes distincts : le soulèvement à la frontière entre deux masses d'air – les fronts (perturbations) – ou le soulèvement par instabilité – la convection – très dépendante du réchauffement de la surface terrestre.

Sous nos latitudes, nous avons les deux : des passages de perturbations, ainsi que de la convection (cette dernière principalement au printemps et en été). Sous les tropiques en revanche, seule la convection est présente, sous forme d'orages notamment.

Les quelques images ci-dessous montrent les régions de la Terre les plus exposées au réchauffement diurne en fonction de deux périodes clefs de la révolution de notre planète autour du Soleil : les équinoxes de printemps et automne et les solstices d’hiver et d’été.

Solstice d'été : le soleil est au zénith sous le tropique du Cancer, et c'est donc à cette latitude (23.4° N) que le réchauffement de la surface terrestre est à son maximum. A l'équateur (position du petit bonhomme), les rayons ne sont pas verticaux et le réchauffement est moindre. Source : www.astro.unl.edu
Solstice d'été : le soleil est au zénith sous le tropique du Cancer, et c'est donc à cette latitude (23.4° N) que le réchauffement de la surface terrestre est à son maximum. A l'équateur (position du petit bonhomme), les rayons ne sont pas verticaux et le réchauffement est moindre. Source : www.astro.unl.edu
Equinoxe (automne ou printemps) : le soleil est au zénith à l'équateur, et c'est donc à cette latitude (0°) que le réchauffement de la surface terrestre est à son maximum. Sous les tropiques du Cancer et du Capricorne, les rayons ne sont pas verticaux et le réchauffement est moindre. Source : www.astro.unl.edu
Equinoxe (automne ou printemps) : le soleil est au zénith à l'équateur, et c'est donc à cette latitude (0°) que le réchauffement de la surface terrestre est à son maximum. Sous les tropiques du Cancer et du Capricorne, les rayons ne sont pas verticaux et le réchauffement est moindre. Source : www.astro.unl.edu
Solstice d'hiver : le soleil est au zénith sous le tropique du Capricorne, et c'est donc à cette latitude (23.4° S) que le réchauffement de la surface terrestre est à son maximum. A l'équateur (position du petit bonhomme), les rayons ne sont pas verticaux et le réchauffement est moindre. Source : www.astro.unl.edu
Solstice d'hiver : le soleil est au zénith sous le tropique du Capricorne, et c'est donc à cette latitude (23.4° S) que le réchauffement de la surface terrestre est à son maximum. A l'équateur (position du petit bonhomme), les rayons ne sont pas verticaux et le réchauffement est moindre. Source : www.astro.unl.edu

Aux latitudes de plus fort réchauffement (où le soleil est au zénith), l'instabilité de la masse d'air est plus marquée qu'aux latitudes avoisinantes. C'est donc là que l'activité convective principale a lieu sous la forme d'une bande orageuse suivant peu ou prou le parallèle en question ; on l'appelle la "zone de convergence intertropicale".

Ainsi, tout au long de l'année, cette zone orageuse suivra le parcours du soleil dans le ciel, et oscillera entre 23 degrés de latitude nord (tropique du Cancer) et 23 degré de latitude sud (tropique du Capricorne) ; c'est la saison des pluies. Il s'ensuit que les régions comprises entre les tropiques auront deux saisons des pluies (en théorie du moins) et que les tropiques eux-mêmes n'en auront qu'une, mais un peu plus longue.

Cette image satellite infrarouge date du 3 juillet 2017. La zone de convergence intertropicale est clairement visible. On constate qu'elle n'a pas encore vraiment atteint le tropique du Cancer, un peu plus au nord. Cela est dû à une certaine inertie dans le réchauffement de la surface terrestre, un peu comme chez nous le gros de l'été (juillet- début août) ne correspond pas avec le moment où le soleil est au plus haut dans le ciel (fin juin). Source : NinJo@MétéoSuisse
Cette image satellite infrarouge date du 3 juillet 2017. La zone de convergence intertropicale est clairement visible. On constate qu'elle n'a pas encore vraiment atteint le tropique du Cancer, un peu plus au nord. Cela est dû à une certaine inertie dans le réchauffement de la surface terrestre, un peu comme chez nous le gros de l'été (juillet- début août) ne correspond pas avec le moment où le soleil est au plus haut dans le ciel (fin juin). Source : NinJo@MétéoSuisse
Image satellite du 20 décembre 2016. Cette fois, la zone de convergence intertropicale se situe sur la moitié sud de l'Afrique, correspondant à la latitude où le soleil se trouve au zénith. Au nord de l’équateur, c’est la saison sèche. Source : www. sat24.com
Image satellite du 20 décembre 2016. Cette fois, la zone de convergence intertropicale se situe sur la moitié sud de l'Afrique, correspondant à la latitude où le soleil se trouve au zénith. Au nord de l’équateur, c’est la saison sèche. Source : www. sat24.com

Si l’on considère les diagrammes climatiques de certaines villes situées respectivement proches des tropiques du Cancer (Bamako) et du Capricorne (Mbeya) ainsi que de l’équateur (Yaoundé), on constate que les périodes les plus arrosées correspondent bien – avec un peu d’inertie – au passage de la zone de convergence intertropicale aux équinoxes de printemps et automne (Yaoundé), au solstice d’hiver (Mbeya) et au solstice d’été (Bamako).

Climatogramme de Bamako, au Mali, proche du tropique du Cancer. Une longue saison des pluies est bien visible entre mai et septembre. Source : www.planificateur.a-contresens.net
Climatogramme de Bamako, au Mali, proche du tropique du Cancer. Une longue saison des pluies est bien visible entre mai et septembre. Source : www.planificateur.a-contresens.net
Climatogramme de Yaoundé, au Cameroun, sous l'équateur. Deux saisons des pluies sont distinctes (plus ou moins), même si aucune saison sèche vraiment très nette n'apparaît. Source : www.planificateur.a-contresens.net
Climatogramme de Yaoundé, au Cameroun, sous l'équateur. Deux saisons des pluies sont distinctes (plus ou moins), même si aucune saison sèche vraiment très nette n'apparaît. Source : www.planificateur.a-contresens.net
Climatogramme de Mbeya, en Tanzanie, proche du tropique du Capricorne. Une longue saison des pluies est présente entre novembre et mars, suivie d'une saison sèche moins longue mais marquée ; les mois de juin à septembre sont pratiquement dépourvus de pluie. Source : www.planificateur.a-contresens.net
Climatogramme de Mbeya, en Tanzanie, proche du tropique du Capricorne. Une longue saison des pluies est présente entre novembre et mars, suivie d'une saison sèche moins longue mais marquée ; les mois de juin à septembre sont pratiquement dépourvus de pluie. Source : www.planificateur.a-contresens.net

Cela ne vous aura sans doute pas échappé, les zones arrosées par la zone de convergence intertropicale lors de la saison des pluies correspondent aux régions boisées. Au nord et au sud de celles-ci s’étendent des déserts, hors d’atteinte à la fois de la zone de convergence et des ondulations du front polaire. Nous y reviendrons dans un article ultérieur.