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Variabilité naturelle du climat et changement climatique
MétéoSuisse-Blog | 18 novembre 2022
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L’évolution récente du climat, rapide et d’une ampleur significative à l’échelle des temps géologiques, soulève la question de la part de variabilité naturelle par rapport à celle des activités humaines, dite anthropique. Source de confusions et parfois utilisée à tort comme argument de minimisation de l’impact des activités humaines sur le climat, la notion de variabilité climatique est essentielle pour comprendre les évolutions actuelles. Quelques explications dans ce blog pour démêler le naturel de l’anthropique dans le changement climatique en cours.

Climate Stripes : chaque bande représente l’anomalie de température annuelle en Suisse par rapport à la moyenne sur la période 1961-1991 (anomalies positives en rouge, négatives en bleu), de 1864 à 2021. Source : MétéoSuisse
Climate Stripes : chaque bande représente l’anomalie de température annuelle en Suisse par rapport à la moyenne sur la période 1961-1991 (anomalies positives en rouge, négatives en bleu), de 1864 à 2021. Source : MétéoSuisse
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Changement rapide et global

Le climat a naturellement varié au cours des temps géologiques. Cette variabilité est déterminée par des facteurs externes comme par exemple les variations d’activité solaire ainsi que par des facteurs internes comme le volcanisme. En revanche, la hausse de température moyenne observée en Suisse et au niveau global ces dernières décennies ne peut pas être expliquée par les seuls facteurs naturels. Le réchauffement actuel se distingue par sa rapidité (cf graphique ci-dessous) et surtout par le fait que la hausse ne se limite pas à une région, mais est globale. Le dernier résumé technique du GIEC sur les bases physiques du changement climatique publié en 2021 précise que “L'ampleur des changements récents dans l'ensemble du système climatique - et l'état actuel de nombreuses composantes du système climatique - est inédit sur plusieurs siècles ou milliers d'années. » (traduit de l’anglais).

Evolution de l’écart de température mondiale à la surface de la Terre au cours des 2000 dernières années par rapport à la moyenne de 1850 à 1900, reconstituée à partir des archives paléoclimatiques jusqu’en 2000 (courbe grisée), et observée sur la période 1850-2020 (courbe noire). La bande grise montre les incertitudes des simulations.
Evolution de l’écart de température mondiale à la surface de la Terre au cours des 2000 dernières années par rapport à la moyenne de 1850 à 1900, reconstituée à partir des archives paléoclimatiques jusqu’en 2000 (courbe grisée), et observée sur la période 1850-2020 (courbe noire). La bande grise montre les incertitudes des simulations. (Source : Rapport du groupe de travail I du GIEC (IPCC) sur les bases physiques, résumé à l’attention des décideurs, Figure SPM.1(a) en page 6, adaptée et traduite (https://report.ipcc.ch/ar6/wg1/IPCC_AR6_WGI_FullReport.pdf))

Contribution des activités humaines

Grâce à des simulations numériques dont les résultats sont présentés sur le graphique ci-dessous, il est possible de décomposer l’évolution de la température annuelle moyenne sur les 170 dernières années en deux catégories prenant en compte :

  • Tous les facteurs de variabilité naturelle et les activités humaines (courbe marron, les bandes semi-transparentes montrent la dispersion entre les modèles utilisés pour ces simulations) ;
  • Seulement les facteurs de variabilité naturelle (courbe verte).

Et on les compare à la température annuelle moyenne observée sur la même période (courbe noire). Pour pouvoir quantifier les changements depuis le début de l’ère industrielle, les évolutions sont présentées en terme d’écart de température à la moyenne sur la période 1850-1900 considérée comme la référence (période pré-industrielle).

Ecarts de température annuelle à la moyenne sur la période 1850-1900 de 1850 à 2020. Observations issues des données de la NASA (courbe noire) et simulations prenant en compte : tous les facteurs (courbe brune) et seulement les facteurs naturels (courbe verte).
Ecarts de température annuelle à la moyenne sur la période 1850-1900 de 1850 à 2020. Observations issues des données de la NASA (courbe noire) et simulations prenant en compte : tous les facteurs (courbe brune) et seulement les facteurs naturels (courbe verte). (Source : Rapport du groupe de travail I du GIEC (IPCC) sur les bases physiques, résumé à l’attention des décideurs, Figure SPM.1(b) en page 6, traduite (https://report.ipcc.ch/ar6/wg1/IPCC_AR6_WGI_FullReport.pdf))

Que constatez-vous? Les courbes noires et marron suivent, à quelques fluctuations interannuelles près, la même tendance d’augmentation de l’écart de température depuis 100 ans. En revanche, la courbe verte, isolée des 2 autres, reste proche d’un écart de température nul. Et les plages d’incertitude ne se recoupent plus à partir du 21ème siècle. Cela signifie que si l’on retire l’influence humaine, il n’y aurait pas eu d’augmentation de température de près de +1 °C en moyenne globale depuis la fin du 19ème siècle. Ces simulations montrent ainsi la contribution des activités humaines dans le changement climatique très rapide observé depuis près d’un siècle.

En résumé

La variabilité climatique naturelle est déterminée par la superposition de nombreux facteurs internes et externes, aujourd’hui connus et compris. Ces 100 dernières années en revanche, l’ampleur et la rapidité des changements ne peuvent pas être expliquées par cette seule variabilité naturelle du climat à laquelle se sont surimposées les activités humaines. La part de l’homme dans les changements observés n’est plus contestable et les impacts sont déjà sensibles depuis plusieurs années, en particulier en Suisse et en montagne.

Ecart de température moyenne annuelle en Suisse par rapport à la moyenne sur la période 1871-1900, en bleu les années plus froides et en rouge les années plus chaudes, de 1864 à 2021 (valeur provisoire pour 2022 car données seulement jusqu’au mois d’octobre).
Ecart de température moyenne annuelle en Suisse par rapport à la moyenne sur la période 1871-1900, en bleu les années plus froides et en rouge les années plus chaudes, de 1864 à 2021 (valeur provisoire pour 2022 car données seulement jusqu’au mois d’octobre). (Source : MétéoSuisse)

A l’échelle de la Suisse, la variabilité naturelle donnera toujours des alternances d’hiver plus enneigés que d’autres en montagne, d’été plus ou moins pluvieux etc… En revanche, la tendance de fond sur plusieurs décennies est claire et se poursuivra, voire s’amplifiera, si les émissions de gaz à effets de serre anthropiques ne sont pas rapidement réduites au niveau global.

Pour aller plus loin