Hier, mercredi 24 septembre à partir du milieu d’après-midi jusqu’en soirée, une formation nuageuse en forme de coiffe était visible le long de la crête jurassienne. Cette coiffe nuageuse d’apparence immobile au premier regard, devient rapidement dynamique lorsqu’on la visionne en « time lapse », avec un flux d’air soutenu et discernable qui la traverse.
L’existence de cette coiffe reflète la présence d’un vent de nord-ouest qui s’écoule depuis le côté nord vers le côté sud du Jura. En se déversant le long du versant sud, l’air frais et humide à la hauteur des crêtes subi un réchauffement et assèchement par compression. Ce processus d’affaissement a comme conséquence d’évaporer la masse nuageuse composant la coiffe et dévoile ainsi la présence de ce vent de nord-ouest catabatique le long du pied sud du relief, également connu sous le nom de joran. Les navigateurs connaissent bien cette coiffe qu’ils surnomment « rouleau de joran », pouvant être précurseur de rafales sur le Léman et les Trois-Lacs. Le processus de formation de cette coiffe est similaire à celui qui engendre le « mur de foehn » dans les Alpes lorsque l’air humide au vent se déverse du côté opposé et en se faisant s’évapore par compression au passage des cols. En revanche, le processus thermodynamique de libération de chaleur latente étant nettement moins marqué au vent du Jura par courant de nord-ouest et la chaîne du Jura étant nettement moins élevée que celle des Alpes, le réchauffement subi par compression est dès lors nettement moins marqué sous le vent du Jura, ce qui procure au joran une sensation de fraîcheur que l’on retrouve pas avec le foehn, bien au contraire. C’est ce qui tend à différencier un vent foehnique d’un vent purement catabatique. De surcroît, le joran étant souvent tributaire d’un afflux d’air froid, il est davantage comparable à la Bora soufflant sur les côtes croates sous le vent des Alpes dinariques en situation de nord-est où cet air froid et dense se déverse depuis les crêtes montagneuses en direction de l’Adriatique.
Pas toutes les situations de vent de nord-ouest ou de joran le long du Jura provoquent une coiffe nuageuse le long de sa crête. Pour ce faire, l’humidité relative présente le long de la crête nord du Jura doit être proche de 100% et baigner dans une couche stable de nuages bas quasi-compacte. Une surpression doit également être présente du côté nord afin de favoriser/engendrer un flux de nord-ouest dans les basses couches en-dessous de 3000 m. Une advection d’air froid est également souvent requise. Les conditions atmosphériques qui régnaient mercredi après-midi le long du Jura tendaient à favoriser le rouleau de joran. Notamment un afflux d’air froid de nord-ouest dans les basses couches favorisé par la présence d’une dépression d’altitude située à proximité des Alpes couplé à une humidité relative élevée dans de l’air maritime polaire faisant agglutiner une couche de nuages bas contre le versant nord du Jura.