Qu'est-ce que le Joran
Le Joran est un vent étroitement associé aux passages de fronts froids sur la Suisse, et résulte du brusque déversement de l'air polaire post-frontal sur le Plateau. En effet, l'air froid originaire de l'Atlantique et plus dense que l'air méditerranéen présent à l'avant de la perturbation, tend à s'accumuler sur la France voisine, créant une surpression à l'ouest du Jura. Lorsque cette différence de pression dépasse un certain seuil, l'air froid franchit le Jura et « tombe » sur le Plateau. En montant côté français le long des pentes du Jura, la masse d'air se sature et forme ce nuage applati caractéristique, lequel se dissipe immédiatement par compression au moment de la chute de la masse d'air sur le Plateau ; ceci explique les typiques éclaircies sur le Plateau occidental. Ces caractéristiques rendent le Joran brusque et turbulent, parfois violent et très froid en hiver. Si son occurrence se laisse assez bien prévoir dans ses grandes lignes, l’heure exacte de sa survenue ainsi que sa force dépendent beaucoup de facteurs locaux liés à la topographie.
Différence entre le Joran et le foehn
Il existe une différence notable entre le Joran et le foehn. Si – comme le Joran – le foehn est un vent dynamique réagissant à un gradient de pression et à un soutien des vents d'altitude, c'est en revanche un vent « léger », de température potentielle élevée et qui, de ce fait, peine à atteindre les basses couches de l'atmosphère où l'air est plus dense. Il ne peut le faire que sous certaines conditions : soit une vigueur exceptionnelle, soit un lac d'air froid peu important dans les fonds de vallées, soit une instabilité marquée.
Le Joran ajoute à la composante dynamique bien présente une composante gravitaire. C'est en effet un vent « lourd » composé d'air froid et dense qui s'écoule naturellement vers le bas. En météorologie, on appelle cela un vent catabatique, dont le modèle par excellence est la brise nocturne de vallée.
On peut donc dire que le Joran est en quelques sorte une « avalanche d'air froid ». Il s'apparente donc bien plus à la Bora des côtes dalmates qu'au foehn dont il est pourtant voisin.