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La Suisse sous un autre angle !
MétéoSuisse-Blog | 04 avril 2025

La Suisse présente une grande diversité climatique en raison de sa topographie complexe et de l'influence de plusieurs masses d'air. Les contrastes peuvent être saisissants. Alors que les hivers sur le Plateau sont généralement affectés par des situations de brouillard ou de stratus, le climat sur le versant sud des Alpes tend plutôt vers celui des régions méditerranéennes. Aujourd'hui, à l’aide de divers indicateurs climatiques, nous verrons donc la Suisse prendre des formes bien surprenantes.

Figure 1 : Vue du Nord des Alpes au premier plan vers le sud en arrière-plan : ici, la hauteur des colonnes représente le nombre moyen annuel de journées ensoleillées (période 1991-2020)  à un endroit donné. On parle de "journée ensoleillée » lorsque le soleil brille plus de 80 % du temps. (MétéoSuisse)
Figure 1 : Vue du Nord des Alpes au premier plan vers le sud en arrière-plan : ici, la hauteur des colonnes représente le nombre moyen annuel de journées ensoleillées (période 1991-2020) à un endroit donné. On parle de "journée ensoleillée » lorsque le soleil brille plus de 80 % du temps. (MétéoSuisse)
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Le coin très ensoleillé se trouve …dans la région de Poschiavo

Un coup d'œil sur la figure 1 confirmera le sentiment de beaucoup de personnes, à savoir que le Plateau suisse ne fait certainement pas partie des régions les plus ensoleillées de Suisse. En effet, de vastes zones, en particulier le centre et l'est du Plateau, enregistrent en moyenne nettement moins de 70 « journées ensoleillées » et entre 90 à 100 jours sur le Plateau occidental. En déplaçant son regard vers le sud, ce nombre augmente fortement. Ce contraste est d’une part lié aux journées hivernales de haute-pression, qui donnent dans le même temps, coincés entre le Jura et les Préalpes, des stratus souvent persistants sur le Plateau, mais aussi beaucoup de soleil dans les Alpes. Mais ce contraste nord-sud est d’autre part accentué par la ligne de partage des eaux que constitue la crête principale des Alpes : en effet par vent de nord à nord-ouest, un effet de foehn du nord protège régulièrement le Valais et le versant sud des Alpes des nuages et des précipitations orographiques. Dans ces conditions, le Val Poschiavo compte en moyenne le plus grand nombre de jours ensoleillés, lequel est bien visibles sur la photo en haut à gauche sous forme de hautes colonnes.

Journées tropicales, mais où sont passées les Alpes ?

Sur la deuxième carte, nous voyons le nombre annuel moyen de journées tropicales en Suisse (avec une température maximale d'au moins 30 °C). Sous cet angle de vue, les Alpes disparaissent, alors qu’au contraire le Plateau et en particulier la région de Locarno au Tessin se transforment en d’impressionnants pics et sommets. Il n'est évidemment pas surprenant que les régions les plus basses de Suisse (sud du Tessin, Genève et Bâle) ou les régions à fort ensoleillement et orientées est-ouest (Valais) connaissent le plus de journées tropicales (Tessin entre 20 et 30 jours formant les plus grands pics de couleur rouge; Valais, Genève et Bâle entre 15 et 20 journées tropicales par an). Le Plateau Suisse, dans cette analyse du « nombre moyen annuel de journées tropicales » forme une longue crête (10 à 15 jours par an). Idem pour la vallée du Rhin , où l'influence des vents chauds du sud (foehn), forme également une crête de « journées tropicales » (10 à 15 jours par an entre Coire et Vaduz).

Figure 2 : La hauteur des colonnes indique la fréquence annuelle moyenne (1991-2020) de journées tropicales (température maximale d'au moins 30 °C). La Suisse romande avec Genève est visible au premier plan en bas à gauche de l'image, le Tessin en bas à droite avec les plus grands pics de couleur rouge, et la Suisse du nord-est en haut à droite. (MeteoSuisse)

Une carte des amplitudes thermiques

Quiconque s'est déjà rendu en Engadine ou dans les Grisons par un temps clément en plein hiver l'aura certainement constaté : tôt le matin, les températures en hiver sont souvent négatives (inférieures à -10°C), alors que l'après-midi, il est tout à fait possible que le thermomètre dépasse à nouveau le point de congélation (supérieur à 0°C). La différence entre le minimum et le maximum de la journée peut parfois atteindre 30 °C. Par exemple le 15 avril 2020 à la station d'Andeer (GR, alt. 987m), l'amplitude thermique était de 23°C avec un minimum de -3,6°C et un maximum de 19,7°C). De telles amplitudes de température sont rares sur le Plateau. Les différences de température habituelles sont de 5°C (en hiver) à 15°C (en été), sauf lors du passage de fronts.

Cela est clairement visible sur la figure 3, qui représente l'amplitude moyenne des températures (1991-2020) en moyenne annuelle (a) et en moyenne mensuelle (b : janvier, c : juillet). Les amplitudes thermiques annuelles moyennes sont particulièrement influencées par les fortes différences de température pendant la saison froide dans les régions d'inversion typiques de l'Engadine, de la vallée de Conches et du Jura neuchâtelois. La situation est très différente au mois de juillet, le plus chaud de l'été : les amplitudes thermiques sont alors beaucoup plus similaires et se situent entre 12 et 15 degrés, tant sur le Plateau que dans les régions d'inversion mentionnées ci-dessus. Les hautes Alpes restent discrètes tout au long de l'année, car l'influence de la température du sol diminue à mesure que l'on s'élève en altitude et que la température relativement uniforme de la troposphère moyenne ne varie que de quelques degrés au cours de la journée.

Le château d'eau des Alpes ...tessinoises

Pour finir, osons jeter un regard différent sur l'hydrologie de la Suisse : dans l'illustration 4a, nous reconnaissons en bonne partie la topographie de la Suisse. En effet, la correspondance entre l'altitude du terrain et le nombre moyen de jours de précipitations par an est assez claire. C'est sur le centre et l'est de la crête principale des Alpes ainsi que dans l'Alpstein (Appenzell) que l'on doit le plus souvent ouvrir son parapluie, jusqu'à 180 jours par an ! Il pleut un peu moins souvent en moyenne sur le Jura, sur la crête principale des Alpes occidentales et dans les régions préalpines (140-160 jours par an). Il fait étonnamment sec dans l'ouest du Plateau, au Tessin et en Engadine (90 à 110 jours de précipitations par an). La région qui compte le moins de jours de pluie est le Valais. Il est rare d'avoir besoin d'un parapluie dans la région de Viège (environ 80 jours de précipitations par an).

La situation en Suisse est quelque peu différente si l'on considère la quantité de précipitations journalières la plus élevée sur une longue période (1991-2020) (figure 4b). Si dans la représentation précédente la région du Tessin était celle qui montrait relativement peu de jours de précipitations par an, cette même région en revanche s'impose avec cette représentation du pic journalier le plus élevé. Comme un château d'eau, les colonnes s'élèvent en particulier dans l'ouest du Tessin, autour du val Onsernone. Dans cette région, il tombe en moyenne 180 mm de précipitations par jour les jours les plus pluvieux. Mais même en dehors de cette zone très arrosée, les précipitations journalières les plus élevées au Tessin et dans la région voisine du Simplon atteignent facilement 110 à 130 mm par jour. Nulle part ailleurs en Suisse on ne trouve des valeurs aussi élevées. Sur le Plateau, les précipitations quotidiennes les plus élevées varient entre 40 et 50 mm.

Informations complémentaires

  • Dans ce blog, Voyage climatique à travers la Suisse nous avions également présenté la Suisse sous un autre angle.
  • Tous les graphiques ont été réalisés à l'aide de « Blender » ; Blender Online Community (2018). Blender - a 3D modelling and rendering package. Stichting Blender Foundation, Amsterdam. Récupéré sur http://www.blender.org