La situation météorologique des 16 et 17 avril 2005 était similaire à celles du 16 et 17 avril 2025 et du 23 et 24 avril 1976. Une dépression d’altitude (goutte froide) s’était déplacée du golfe de Gênes en direction de la mer Adriatique, entraînant de l’air humide sur la Suisse. Au sol, la dépression était centrée sur le sud de l’Allemagne. Dans la soirée du 16 avril, de l’air relativement froid (avec une température légèrement négative vers 1500 m) avait afflué depuis l’ouest sur la Suisse romande. Cette configuration avait provoqué des précipitations continues engendrant une isothermie qui avait permis à la neige de tomber jusqu’en plaine dès la soirée du 16 avril.
Malgré un vent de sud-ouest faible à modéré, l’intensité des précipitations avait permis de refroidir toute la colonne d’air et les chutes de neige avaient été abondantes jusqu’en plaine. La figure 2 ci-dessous montre l’évolution de la température (moyenne horaire) et de l’intensité des précipitations (somme horaire) du 16 au 17 avril 2005 à Pully, Neuchâtel et Aigle. Avec les fortes précipitations (par moments plus de 5 mm par heure), la température s’était stabilisée entre 1 et 2 °C à Pully et Neuchâtel. À Aigle, les précipitations avaient été un peu moins abondantes, mais l’absence de vent avait permis à la température de se stabiliser vers 0 °C.
Les précipitations avaient été abondantes sur une large partie ouest du pays, en particulier sur le Jura et le Plateau romand. Les cumuls avaient par exemple atteint 68,6 mm à Payerne, 73,9 mm à Payerne et 80,3 mm à Fahy.
C’est entre la région de Neuchâtel et l’est du Bassin lémanique que les chutes de neige avaient été les plus importantes, c’est-à-dire là où les précipitations les plus abondantes s'étaient combinées avec de l’air suffisamment froid en altitude. Il était tombé une dizaine de cm sur les rives du Léman alors que la couche atteignait une quarantaine de cm sur les hauts de Lausanne.
À l’image de la situation en Valais de cette semaine, les importantes quantités de neige mouillée sur des arbres déjà garnis de leurs feuilles avaient provoqué des dégâts sur la végétation et affecté la circulation routière. Un reportage du "12:45" de la télévision suisse romande permet de se rendre compte de la situation il y a 20 ans.
Ces épisodes neigeux en avril de 1976, 2005 et 2025 (plus d’autres moins importants) montrent que la combinaison entre de fortes précipitations et de l’air relativement froid en altitude permet à la neige de tomber jusqu’en plaine en raison du phénomène d’isothermie. Le printemps est propice à ce genre de situation, car de petites dépressions d’altitude circulent sur nos régions sans toutefois engendrer trop de vent (qui brasserait et réchaufferait l’air à basse altitude, ce qui limiterait l’isothermie). En hiver, les situations sont plus dynamiques et le courant d’ouest est le plus souvent accompagné de vent jusqu’en plaine. Dans ce cas, il faut de l’air nettement plus froid en altitude pour que la neige tombe jusqu’en plaine.