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Prévision mensuelle : guide d’interprétation

MétéoSuisse-Blog | 27 janvier 2025

Il est souvent tentant de se donner une idée sur l’évolution météo prévue des prochaines semaines. Bien que certains sites proposent des prévisions au jour près au-delà de 7 jours, il est utile de rappeler que la nature chaotique de l’atmosphère rend ce genre de prévisions peu fiable, voire carrément impossible au-delà de 10 jours. Mais quelle information peut-on tirer des prévisions mensuelles ? Cet article propose un bref guide d’interprétation avec l’exemple concret des semaines à venir

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Prévision au jour près versus tendance hebdomadaire

Il est important de distinguer une prévision météorologique au jour près d’une tendance hebdomadaire. Dans le premier cas, l’objectif est de prévoir l’évolution du temps de jour en jour. Avec les modèles de prévision actuels, on arrive à donner une évolution quotidienne jusqu’à 7 jours (avec plus ou moins de fiabilité selon la situation). Au-delà, la fiabilité diminue fortement et après 10 jours, on perd pratiquement toute prédictibilité (c’est-à-dire qu’une prévision aléatoire serait tout aussi fiable). Inutile donc de regarder des prévisions pour votre mariage dans 1 mois, il serait tout aussi utile de regarder quel temps il a fait l’année passée à la même date.

Dans le cas des prévisions mensuelles, l’objectif est de donner des tendances hebdomadaires, c’est-à-dire de dire si les semaines à venir seront plus chaudes ou plus froides, plus humides ou plus sèches que la norme de saison. Il ne s’agit donc pas de prédire quel temps il fera à une date précise. Par exemple, si une semaine est prévue d’être plus chaude et plus sèche que la norme, cela n’exclut pas qu’il puisse y avoir le passage d’un front froid avec des précipitations et une baisse temporaire de la température. A partir de là, on peut faire une interprétation utile des prévisions hebdomadaires.

Prévision des semaines à venir et outils à disposition

MétéoSuisse propose des prévisions mensuelles sous la forme de probabilité par rapport à la norme de saison. Les Figures 1 et 2 montrent les tendances de précipitations et de température pour les 3 prochaines semaines pour la Suisse romande. Ces prévisions mensuelles sont basées sur celles du Centre européen pour les prévisions météorologiques à moyen terme (ECMWF).

Semaine prochaine (3 au 9 février)

La semaine prochaine sera plus douce que la norme avec une probabilité de 50 % (Figure 1) ou dans la norme avec une probabilité de 30 %. Il est cependant peu probable qu’elle soit plus froide que la norme (<20 %).  Elle sera très probablement (>70 %) plus sèche que la norme. Cela n’exclu pas qu’il puisse y avoir quelques précipitations, mais la prévision donne une probabilité de plus de 70 % qu’il y ait moins de 3.6 mm.

Cela est cohérent avec la prévision mensuelle de pression du ECMWF (Figure 3) qui montre clairement une tendance anticyclonique en Europe (anomalie positive de pression), synonyme en hiver de grisailles fréquentes en plaine et d’un temps doux et ensoleillé en montagne.

Semaine du 10 au 17 février

La semaine du 10 février sera très probablement (>70%) plus douce que la norme. La prévision hebdomadaire de précipitations ne montre cependant pas un signal aussi clair avec une probabilité de 40 % d’être dans la norme. Il n’y a donc pas de tendance claire pour les précipitations. La tendance de pression du ECMWF montre une légère anomalie positive, mais pas un signal anticyclonique fort, comme pour la semaine du 3 février. On peut donc en conclure que la semaine du 10 sera plus douce que la norme avec probablement quelques perturbations amenant des précipitations.

Il n’est pas évident d’en tirer une conclusion par rapport à la neige. Vraisemblablement qu’avec une anomalie positive de température, la limite pluie-neige sera relativement élevée. Cependant, comme il s’agit d’une moyenne, il pourrait tout à fait il y avoir un front froid actif amenant de la neige jusqu’en basse montagne, suivi d’un redoux anticyclonique derrière. Une telle situation serait bénéfique à l’enneigement, car la neige résiste assez bien à une situation anticyclonique, malgré un redoux (ciel dégagé et donc refroidissement important la nuit), comme expliqué dans le blog du 19 janvier. On voit donc avec cet exemple qu’on ne peut pas, basé sur des moyennes hebdomadaires, tirer une conclusion sur des paramètres météo très variables, comme la neige. Cependant, il est clair qu’avec une forte anomalie de température, il est peu probable que les conditions soient réunies pour enneiger de manière significative les régions de basse et moyenne montagne.

Semaine du 17 au 23 février

La semaine du 17 février sera probablement douce. La tendance pour les précipitations montre plutôt une anomalie négative, avec 40 % de probabilité d’avoir une semaine plus sèche que la norme, mais cette tendance est moins claire que pour la température. Encore une fois, la tendance de pression montre plutôt une anomalie positive sur l’Europe.

Prévision mensuelle « dos and don’ts »

Une prévision de moyennes hebdomadaires pour les semaines à venir doit être prise comme une tendance générale autour de laquelle le temps peut changer de jour en jour. Par exemple en cas de changement de régime, on peut très bien avoir une première moitié de semaine très froide avec beaucoup de précipitations et une deuxième moitié avec un net redoux et un temps sec.

Exemples d’utilisation ou d’interprétation

  • Prévoir une sécheresse persistante
  • Estimer si un changement significatif de régime météo est attendu. Par exemple dans les semaines à venir, on ne s’attend pas à avoir un retour drastique de l’hiver ou un enneigement en basse et moyenne montagne suffisant pour inverser la tendance (l’enneigement actuel se situe entre 30 et 60% de la norme pour une bonne partie des Alpes romandes, hormis au sud des Alpes valaisannes).
  • Prévoir la demande énergétique pour le chauffage.

Exemples de mauvaises interprétations ou utilisations

  • Conclure qu’une anomalie sèche signifie qu’il ne pleuvra pas de la semaine.
  • Conclure qu’une anomalie sèche et chaude signifie que le temps sera ensoleillé. Cette prévision ne donne aucune information sur la nébulosité. En particulier en hiver sur le Plateau, une anomalie sèche serait favorable à la formation de stratus.
  • Confondre probabilité et quantité : même si la probabilité qu’une semaine soit plus humide que la norme est très importante, cela ne veut pas dire que les quantités de pluie seront forcément très importantes.
  • En tirer une conclusion pour la prévision d’un jour précis, par exemple pour un événement.