Une notification est arrivée en fin de matinée sur l’App de MétéoSuisse pour de nombreux habitants de la plaine. Elle signale la possibilité de gelées au sol dimanche matin. Est-ce exceptionnel d’avoir déjà du gel au sol en plaine à la fin du mois de septembre ?
Ce samedi matin, à la suite d’une nuit dégagée, des températures particulièrement basses ont été relevées sur le nord-ouest de la France avec par exemple 3,3 °C à Beauvais, 3,5 °C à Brest, 4,3 °C à Angers. Il s’agit de valeurs à 2 mètres et des petites gelées au sol ont été constatées dans les campagnes.
Cette masse d’air frais qui a été présente ce matin au-dessus du nord-ouest de la France sera au-dessus de nos régions dimanche matin. On peut donc s’attendre à des températures similaires et à de petites gelés au sol dans les campagnes.
Pour cette raison, un avis de gel au sol a été émis par MétéoSuisse pour toutes les régions de plaine de la Suisse romande et du Valais, à l’exception de celles situées entre Lausanne et Montreux, ainsi qu’autour du lac de Neuchâtel et de Bienne (Figure 1). Comme la température des lacs se situe encore autour de 15-16 °C, cela limitera fortement le risque de gel au sol pour les régions situées à proximité de ceux-ci qui vont bénéficier de ce réservoir thermique encore doux.
La condition d’avoir une masse d’air froid est bien réunie. Cependant, pour avoir un bon rayonnement nocturne et donc un risque de gel au sol, il faut un ciel dégagé avec des vents faibles.
Le ciel devrait bien se dégager en cours de nuit. Cependant, des bancs de stratus pourraient localement se former en fin de nuit. Les nuages agissant comme une couverture en limitant le rayonnement nocturne, s’ils se montrent plus nombreux que prévus, le risque de gel au sol sera plus limité.
Le vent pourrait se montrer un peu plus marqué que prévu. Le brassage de l’air est un autre facteur limitant le rayonnement nocturne et donc le risque de gel au sol. En cours de nuit, de la bise pourrait un peu souffler entre le lac de Neuchâtel et le Léman, mais pas en région genevoise où elle se lèvera dimanche matin.
Malgré ces incertitudes, nous avons opté pour la prudence pour ce premier gel au sol possible de la saison. N’hésitez donc pas à placer les plantes en pot particulièrement sensibles au gel contre le mur d’une maison.
Les avis de gel ne sont émis que pour les régions situées au-dessous de 600 m d’altitude. Cela explique pourquoi certaines régions du Jura, des Préalpes et des Alpes sont restées en vert. Certes, du gel au sol est également présent pour ces régions, mais n’est pas considéré comme une intempérie, car le phénomène peut se produire à tout moment de l’année. A La Brévine, des températures minimales négatives peuvent être mesurées tous les mois de l’année. Par exemple, en 2024, il a gelé au sol à La Brévine le 14 juillet, du 12 au 16 septembre et le 21 septembre.
Du gel au sol en plaine s’est déjà produit en septembre, mais pas chaque année.
Si on prend les données depuis 1981, on constate que le phénomène a été mesuré 20 années sur les 43 à Sion, 14 années à Payerne et à Fahy. Pour toutes ces stations, la dernière gelée au sol en septembre remonte à 2022.
A Genève-Cointrin, il n’a plus gelé au sol depuis septembre 2008. Et depuis 1981, le phénomène n’a été mesuré que 4 fois.
Le 18 septembre 2022, du gel au sol s’est produit en Valais central, dans la plaine du Chablais, à Fribourg et dans le canton du Jura. La température de la masse d’air a été similaire à celle qui est attendue la nuit prochaine, mais le phénomène a été observé plus tôt dans le mois avec une nuit un peu moins longue (entre le 18 et le 29 septembre, la durée de la nuit est rallongée de 36 minutes).
La température de l’air est mesurée 2 mètres de hauteur. On parle de jour de gel, lorsque cette température à 2 m du sol est inférieure à 0 °C.
Du gel au sol peut également se produire lorsque la température de l'air est supérieure à 0 °C à 2 m de hauteur. C’est pour cela qu’on a également placé un capteur de température à 5 cm du sol. Pendant les nuits dites de rayonnement, c'est-à-dire lorsque le ciel est dégagé et que le sol peut se refroidir librement, la température à 5 cm est nettement plus basse qu'à 2 m de hauteur, où la température normale de l'air est déterminée. La différence de température est d'autant plus grande qu'il y a moins de nuages dans le ciel. En règle générale, il fait jusqu'à 5 °C de moins près du sol qu'à 2 m de hauteur.