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Étendue minimum de la banquise antarctique en fin d’hiver austral

MétéoSuisse-Blog | 20 septembre 2024
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La fin de l’été dans l’hémisphère nord correspond à la période où la banquise antarctique atteint son maximum et la banquise arctique son minimum. Cette année, la situation des calottes glaciaires est assez inquiétante, surtout au sud du globe.

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La banquise polaire est un élément important du climat et joue un rôle clé dans le changement climatique. En effet, l’albedo de la glace polaire (importante réflexion du rayonnement solaire) et très différent de l’albedo des océans et l’étendue de banquise a donc un effet direct sur les températures. On parle ici de boucle de rétroaction positive : plus il fait chaud, plus la glace fond, et donc plus il fait chaud. Cette boucle de rétroaction a d’ailleurs joué un grand rôle dans la transition entre les périodes glaciaires et les périodes dites chaudes, où un faible changement dans le rayonnement solaire reçu est amplifié et aboutit à des bouleversements climatiques majeurs.

Les calottes polaires sont surveillées par images satellite depuis 1978, ce qui permet de mesurer leur étendue. Depuis 2002, des mesures satellite précises du champ de gravité de la Terre permettent d’avoir de très bonnes estimations des changements de la masse des calottes polaires.

Une étendue maximale de la banquise Antarctique très basse en 2024

Pendant plusieurs décennies, l’étendue de la banquise Antarctique n’a pas diminué, elle a même légèrement augmenté (voire explication dans l’encadré ci-dessous). Depuis environ dix ans, la tendance tend à s’inverser. L’année passée ainsi que cette année, des records sans précédent ont été atteints au mois de septembre, où l’extension de la banquise atteint son maximum : jamais des valeurs si basses n'avaient été mesurées. Ces mesures sont montrées dans l’image ci-dessous.

Ces deux années record correspondent aux deux années les plus chaudes mesurées. En particulier, les océans atteignent des températures record et, comme le montrent les deux images ci-dessous, les océans qui entourent l’Antarctique ne sont pas épargnés. Ceci limite la croissance de la banquise et accélère sa fonte. Il est donc possible que l’Antarctique entre dans un nouvel « état » où la légère croissance de la banquise de ces dernières décennies laisse sa place à une phase de récession importante.

L’accroissement de la banquise antarctique dans le passé

Un phénomène pas totalement compris

Un léger accroissement de la surface de la banquise antarctique a été observé entre 1978 et 2015. Ce phénomène a longtemps été un casse-tête pour la communauté scientifique. Les hypothèses récentes suggèrent un effet couplé de l’accroissement du vent, causé par des changements de circulation atmosphérique, et un refroidissement de la surface des océans sur cette période, en partie naturelle et en partie dû à la remontée d’eaux profondes pas encore affectées par le changement climatique. Plus de détails se trouvent dans cet article (en anglais).

Ne pas confondre banquise et calotte polaire

Lorsque l’on parle de croissance de la banquise, on parle de la glace de mer. Cette glace se forme et fond chaque année et n’a donc pas d’impact sur le niveau de mers. Bien que l’étendue de la banquise antarctique ait eu tendance à croître durant une période, la masse totale de l’Antarctique, principalement composée de glace continentale a, elle, largement décrue ces dernières décennies, comme le montre la seconde image ci-dessous.

La diminution de la banquise n’a pas seulement un effet de rétroaction sur les températures comme expliqué en introduction. La banquise est le lieu de reproduction des manchots empereurs et la diminution de la banquise nuit à leur reproduction. De plus, la banquise agit comme un « bouchon » qui retient l’énorme masse de glace recouvrant l’Antarctique. La fonte de la banquise accélère l’écoulement de la glace continentale vers les océans et donc sa fonte. La banquise protège également les glaciers côtiers de l’intrusion d’eau entre les glaciers et le sol, ce qui accélère également leur écoulement.

Cette accélération du déplacement de la calotte glaciaire antarctique a été clairement mesurée et se traduit par une diminution du volume de glace. L’image ci-dessus montre le taux de changement annuel de la hauteur de la calotte glaciaire. La situation dans l’est de l’Antarctique, proche du glacier Thwaites, est particulièrement surveillée par les scientifiques. Ce glacier, qui se trouve dans un état instable, a été surnommé le « glacier de l’apocalypse ».

La situation au nord

En Arctique, septembre correspond au minimum de l’étendue de la banquise. La valeur de 2024 se situe dans la norme 2010-2020, comme on peut le voir sur l’image ci-dessous. Pas de changement drastique cette année donc, mais il est important de noter que la norme 2011-2020 est presque un tiers en dessous de la norme 1981-2010. Le changement est bien en cours.

Du côté de la glace continentale, qui se trouve surtout au Groenland dans la partie polaire de l’hémisphère nord, la fonte de 2024 se situe également dans la moyenne des dernières années. L’effet des hautes températures globales de 2024 a été ici limité par un temps souvent perturbé pendant l’été. Le fait que la fonte soit dans la moyenne reste problématique : comme le montre la vidéo de la NASA ci-dessous, certaines régions du Groenland ont déjà perdu l’équivalent de 5 mètres d'eau depuis 2002.