Cette relation correspond vraisemblablement à une différence dans les processus microphysiques. Les poussières jouent le rôle de noyau de condensation, ce qui favorise la formation de nuages et donc de pluies ; mais pour des concentrations trop élevées, les poussières bloquent en partie le rayonnement solaire et limitent le réchauffement dans les basses couches, ce qui contrarie les mouvements ascendants et donc les précipitations.
Mêmes si les phénomènes météorologiques sont différents et que nous n’avons pas de cyclones tropicaux en Suisse, les résultats de cette étude évoquent, pour nous autres prévisionnistes en Europe, les difficultés que nous pouvons connaître dans les situations orageuses où l’atmosphère est chargée de sable saharien. Ce paramètre paraît alors à double tranchant : d’un côté ces poussières semblent favoriser la formation de nuages et donc les précipitations, mais de l’autre s’il y en a beaucoup elles limitent le réchauffement diurne et donc l’instabilité… et il est souvent délicat, voire impossible, d’évaluer quel effet l’emportera sur l’autre. Les poussières constituent alors une incertitude supplémentaire dans les prévisions d'orages, qui s'accompagnent déjà intrinsèquement d'un bon nombre de points d'interrogations.
Mais fermons la parenthèse et revenons à nos cyclones…
Évolution avec le changement climatique
De précédentes études tendent à indiquer que le transport de sable du Sahara pourrait fortement décroître au cours des prochaines décennies. Parallèlement, en lien avec le réchauffement climatique, les précipitations des cyclones tropicaux devraient augmenter.
Comprendre les interactions complexes entre ces différents facteurs, aux tendances parfois contraires, constituera un défi important pour les études météo-climatiques à venir. Les méthodes de machine learning, comme celle utilisée dans l'étude citée plus haut, pourront aider à mettre en lumière la nature des différentes contributions à l'évolution des phénomènes atmosphériques.