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L'importance du point de rosée

MétéoSuisse-Blog | 29 août 2024
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La température du point de rosée joue un rôle clé dans plusieurs domaines de la prévision météorologique et dans le confort ou l’inconfort que ressent le corps humain.

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Qu’est-ce le « point de rosée » ?

Le point de rosée est une température. Il s’agit de la température à laquelle la masse d’air doit se refroidir afin d’atteindre la saturation. Lorsque la température du point de rosée et celle de l’air sont identiques, la masse d’air aura donc atteint une humidité relative de 100%. Il s’agit en quelque sorte du « point de condensation ». C'est à cette température que les nuages se formeront si cela se produit en altitude ou des bancs de brouillard ou de dépôts de « rosée » à proximité du sol. La température de l’air est toujours supérieure ou égale à la température du point de rosée et ne peut pas y être inférieure. En effet, une fois que la température de l’air s’abaisse jusqu’à celle du point de rosée, cette première s’abaissera nettement plus lentement et en concert avec celle du point de rosée au fur et à mesure que la masse d’air perd en contenu de vapeur d’eau par condensation.

D’autres raisons de s’y intéresser

Au-delà de l’importance évidente de la température du point de rosée en ce qui concerne la condensation de la vapeur d’eau en gouttelettes d’eau et son effet sur la formation de nuages ainsi que sur la formation de dépôts de rosée ou de givre, il y a également d’autres raisons de s’y intéresser.

  • Ressenti par le corps humain

    • Pour une température de l’air donnée, plus la température du point de rosée est élevée, plus l’humidité relative sera également élevée. Qui dit humidité relative élevée, dit une capacité réduite de la masse d’air à contenir de la vapeur d’eau. Cela aura donc une incidence directe sur le confort ou l’inconfort du corps humain en été, puisque cela réduira sa capacité à évaporer la transpiration de la surface de la peau et donc à se refroidir. C’est exactement pour cela que certaines masses d’air en été sont plus « lourdes » que d’autres et qu’une journée avec une température de l’air de 28 °C et un point de rosée de 20 °C sera nettement plus inconfortable qu’une journée avec 32 °C et un point de rosée de 10 °C. Cela est l’idée derrière les notions de « températures ressenties » souvent exprimées par des indices de chaleur qui prennent en compte l'humidité dans le calcul de l’inconfort. Nos avis de canicule le font également indirectement en se concentrant sur les températures moyennes journalières qui dépendent en partie des températures minimales, elles-mêmes influencées par le contenu en humidité de la masse d’air.
  • Incidence sur l’instabilité de la masse d’air en été

    • En cas d’un taux de décroissance rapide de la température avec l’altitude, pour une valeur de température donnée proche du sol, plus la température du point de rosée sera élevée, plus la masse d’air sera instable. Cela provient du fait qu’avec une température du point de rosée élevée dans une masse d’air instable, la base nuageuse (saturation) se rencontrera à plus basse altitude que si le point de rosée était plus bas. Comme une masse d’air saturée se refroidit plus lentement en s’élevant qu’une masse d’air non-saturée (en raison de la libération de la chaleur latente par condensation dans la masse d’air saturée), la parcelle d’air en ascension restera plus longtemps plus chaude que l’air ambiant et donc poursuivra son ascension (restera instable). Cela explique pourquoi parfois il peut faire très chaud sans que des orages se déclenchent. La masse d’air dans ces cas-là est trop stable soit parce que l’affaissement de l’air (subsidence) par haute pression réchauffe trop l’air en altitude, soit parce que les températures du point de rosée sont trop basses à proximité du sol.
  • Vapeur d’eau comme gaz à effet de serre et incidence sur les températures minimales et maximales

    • La vapeur d’eau étant un gaz à effet de serre très efficace, cela a une incidence particulière sur les températures minimales. Pour s’en rendre compte, il suffit de constater pour des conditions de vent égales, qu’une nuit nuageuse sera toujours moins froide qu’une nuit dégagée. Cela provient du fait que la vapeur d’eau et les gouttelettes d’eau présentes dans l’atmosphère absorbent l’énergie infrarouge sortante émise par la Terre et la réémettent en partie en direction du sol, limitant ainsi le refroidissement nocturne. Donc plus le contenu en humidité est important dans la masse d’air (points de rosée élevés), plus la température de l’air aura de la peine à baisser. Cela explique probablement pourquoi cet été nous avons eu des nuits particulièrement chaudes (avec certains records battus notamment en montagne) alors que nous n’avons nullement atteint la barre des 35°C de température maximale journalière (en Suisse, en région de plaine). Suite aux importantes pluies enregistrées sur l’ensemble du printemps et jusqu’au début du mois de juillet, l’évapotranspiration de la végétation et l’évaporation des sols a favorisé des points de rosée particulièrement élevés dans les masses d’air et a contribué à limiter le refroidissement nocturne. Pour les températures maximales : avec un sol plus humide, une partie de l’énergie du réchauffement diurne solaire est consacrée à évaporer cette eau ; donc l’évapotranspiration de la végétation et l’évaporation des sols, processus qui utilisent de l'énergie, tempèrent au final les températures maximales.
  • Influence sur l’agriculture

    • Des températures du point de rosée plus élevées impliquent souvent qu’en fin de nuit par nuit dégagée et sans vent, il existe une plus grande probabilité de produire du brouillard ou de la rosée. En effet, avec des nuits progressivement plus longues, la masse d’air dispose de plus de temps pour se refroidir et s’abaissre jusqu’à la température du point de rosée. Cette saturation de l’air apporte de l’humidité bienvenue à la végétation et cela est souvent important en fin d’été et en début d’automne. Des points de rosées élevés en été impliquent aussi qu’à conditions égales, la probabilité d’orages diurnes en fin de journée tend à augmenter, ce qui est susceptible d’apporter des pluies bénéfiques à la végétation et pour l'agriculture, pour autant que l’orage ne soit pas trop violent ni les pluies orageuses trop diluviennes.