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Une tempête dans une tasse de thé
Les Anglais sont réputés pour apprécier une bonne tasse de thé. Durant la tempête Ciarán en novembre passé, les conditions n'étaient plus réunies pour élaborer un thé convenable.
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Les Anglais sont réputés pour apprécier une bonne tasse de thé. Durant la tempête Ciarán en novembre passé, les conditions n'étaient plus réunies pour élaborer un thé convenable.
La tempête Ciarán a causé de nombreux dégâts sur la France, les îles britanniques ainsi que sur l'Allemagne et le Benelux, avec des vents qui ont souvent dépassé les 100 km/h, des inondations et des phénomènes de submersion le long des côtes.
La dépression s'est creusée rapidement dès le premier novembre, vers minuit, elle atteignait les côtes de la Cornouaille. Le 2 novembre, la pression avait plongé à 956 hPa dans le sud-est de l'Angleterre. Cette valeurs était la deuxième valeur la plus basse sur 200 ans de relevés.
Il est bien connu que le point d'ébullition dépend de la pression atmosphérique. En montagne, il n'est pas possible de faire bouillir de l'eau à 100 °C. On peut estimer qu'au sommet de l'Everest l'eau ne bout qu'à 68 °C, alors que si l'on pouvait faire bouillir de l'eau au fond de la fosse des Mariannes (11'000 m de profondeur), le point d'ébullition serait de l'ordre de 145 °C.
Le passage de la tempête Ciarán a coïncidé avec l'heure du déjeuner, c'est à dire le moment où les Anglais prennent leurs tasse de thé avant de partir au travail. Il est estimé que le point d'ébullition s'est abaissé de 2 °C au passage de la dépression. Selon les puristes, cette différence est significative pour la réalisation d'une bonne tasse de thé noir ; d'après plusieurs études et les recommandations de la vénérable "UK Tea and Infusions Association", la température idéale pour extraire le tanin du thé est comprise entre 98 et 100 °C : pas plus, pas moins !
La pression atmosphérique est constituée des pressions partielles des éléments qui la composent. Dans le cas de la vapeur d'eau, sa pression partielle est négligeable par rapport à la pression de l'air.
Au-dessus d'une surface d'eau, l'air est saturé de vapeur d'eau dont la pression partielle dépend de la température, on appelle cela la pression de vapeur saturante, Par exemple, sur une surface d'eau à 10 °C, la pression de vapeur saturante est d'environ 12 hPa, comparé à une pression atmosphérique de 1000 hPa, c'est négligeable. Lorsque le liquide monte en température, la pression de vapeur saturante augmente sous l'effet de l'agitation des molécules d'eau et dès qu'elle atteint la pression atmosphérique, il y a ébullition et l'eau est transformée en vapeur d'eau, le liquide ne monte plus en température. Vous retrouverez plus de détails dans le blog "Relation entre le point d’ébullition de l’eau et la pression atmosphérique".
Dans le cas de la tempête Ciarán, la pression relevée de 956 hPa correspond à la pression en atmosphère standard à 500 m d'altitude, soit l'altitude d'Aubonne. Il semblerait donc qu'un puriste du thé anglais ne pourrait y vivre !