Notre petite molécule d'eau a tout d'une grande
La raison pour laquelle l'alcool (éthanol) a été choisi comme substitut de l'eau dans cet article est que le point d'ébullition de l'alcool, qui est de 78 degrés, est relativement proche de celui de l'eau. Dans un monde aux températures ambiantes habituelles, des océans et des pluies d'alcool pourraient donc exister. D'autres substances telles que le méthane (présent par exemple sur Titan, une des lunes de Saturne) ou le dioxyde de soufre (présent sur Vénus) seraient de fait beaucoup plus réalistes que l'alcool, mais ces substances bouillonnent déjà à des températures beaucoup plus basses que l'eau. Un monde dans lequel ces substances seraient à l'état liquide serait donc pour nous un enfer glacé.
A vrai dire, le point d'ébullition de l'eau est étonnamment élevé. En effet, la règle générale est la suivante : plus une molécule est petite et légère, plus son point d'ébullition est bas. Or l'eau (H2O) est une molécule petite et légère ; une molécule d'eau est même moins lourde que les molécules les plus courantes de notre atmosphère composées d'oxygène et d'azote. On pourrait donc logiquement s'attendre à ce que l'eau ait un point d'ébullition bas ; or il est au contraire très élevé, soit 100 °C. Cette propriété si particulière saute aux yeux si l'on compare la molécule d'eau à son alter ego, la molécule de sulfure d'hydrogène, composée d'un atome de soufre (au lieu de l'atome d'oxygène de l'eau) et de deux atomes d'hydrogène (H2S). Cette molécule, pourtant deux fois plus lourde que l'eau, bout déjà à -61 °C.
Les molécules d'eau se serrent les coudes
Le point d'ébullition élevé de l'eau s'explique par une très grande "solidarité" des molécules d'eau. Fortement polarisées, ces molécules se tiennent par la main comme autant d'aimants, plusieurs d'entre elles formant ainsi comme une "super molécule".