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Rapport de l’OMM sur l’état global du climat en 2023 – Partie 2 : impacts

MétéoSuisse-Blog | 26 mars 2024

L'année 2023 a été la plus chaude jamais mesurée et a connu de nombreux événements météorologiques extrêmes. Petit tour d’horizon de l’état du climat et de ses impacts sur les populations avec le dernier rapport de l’Organisation Météorologique Mondiale. Seconde partie : les impacts.

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Nous présentons dans ce blog un résumé du rapport “State of the Global Climat 2023” (l’état global du climat 2023) publié la semaine passée par l’Organisation météorologique mondiale (OMM). Après avoir présenté hier les observations du climat de 2023, nous abordons aujourd’hui les impacts sur les sociétés humaines de cette année exceptionnelle.

Des problèmes de sécurité alimentaire

La sécurité alimentaire, les déplacements de populations et les impacts sur les populations vulnérables continuent d'être une préoccupation croissante en 2023, les risques météorologiques et climatiques exacerbant la situation dans de nombreuses régions du monde.

Par exemple, le Soudan du Sud a continué à connaître des inondations exceptionnelles au début de 2023. Malgré des conditions relativement sèches au niveau local, les inondations ont persisté en raison des débits élevés provenant de l'amont du bassin du Nil et du drainage très lent des inondations antérieures. Ceci a rendu difficile l'accès aux besoins de base tels que la nourriture, l'eau potable et les soins de santé, et a contribué au quasi-effondrement des moyens de subsistance locaux. Entre avril et juillet 2023, l'Organisation des Nations unies pour l’alimentation et l’agriculture estime que 7,8 millions de personnes, soit près des deux tiers de la population totale du Soudan du Sud, ont connu une situation d’insécurité alimentaire aiguë.

Le nombre de personnes en situation d’insécurité alimentaire aiguë dans le monde a plus que doublé ; il est passé de 149 millions de personnes avant la pandémie de COVID-19 à 333 millions en 2023 (dans 78 pays suivis par le Programme Alimentaire Mondial). Les conditions météorologiques et climatiques extrêmes n’en sont peut-être pas la cause première, mais elles constituent des facteurs aggravants selon le rapport.

Des déplacements importants de population

Les conditions météorologiques et climatiques extrêmes ont continué à provoquer de nouveaux déplacements de populations en 2023 et ont accru la vulnérabilité de nombreuses personnes déjà déracinées par des situations complexes. Dans le monde entier, des millions de personnes, y compris des personnes déplacées à l'intérieur de leur propre pays, des réfugiés et des migrants, se sont déplacées ou ont été forcées de fuir leur foyer et leur communauté en raison de catastrophes exacerbées par le changement climatique. Ces tendances montrent clairement que la vulnérabilité aux chocs et stress climatiques affaiblit la résilience et crée de nouveaux risques.

Outre les nouveaux déplacements causés par des catastrophes à fort impact en 2023, de nombreuses personnes subissent encore les effets prolongés des déplacements liés au climat qui ont eu lieu les années précédentes. Par exemple au Pakistan, les inondations de la mousson de 2022, qui ont déclenché le plus grand nombre de déplacements dus à des catastrophes depuis une décennie, ont continué à avoir des effets à long terme en 2023. Les communautés déplacées étaient encore en train de se rétablir lorsque de fortes pluies ont frappé certains districts en juin 2023, provoquant des maladies transmises par l’eau et les insectes.

Il est important de noter que dans le contexte du changement climatique et de la dégradation de l'environnement, les déplacements ont souvent plusieurs causes. La plupart des gens se déplacent en raison d'une combinaison de facteurs sociaux, politiques, économiques, environnementaux et démographiques. Ces facteurs sont et seront tous affectés par le changement climatique et environnemental.

Un besoin de stratégies pour faire face

Pour mieux se préparer à ces problèmes, les gouvernements, les communautés locales, la société civile et les Nations Unies s'engagent à tous les niveaux pour renforcer la résilience climatique et la réduction efficace des risques de catastrophe. L'une des principales priorités se situe au niveau des communautés locales, où les efforts de préparation, y compris les systèmes d'alerte précoce et la préparation aux situations d'urgence, s'accélèrent. En 2023, 102 pays ont déclaré avoir mis en place des systèmes d'alerte précoce, soit plus de la moitié des pays du monde. L'initiative "Des alertes précoces pour tout le monde" a été lancée par le Secrétaire Général des Nations Unies en mars 2022 dans le but de garantir que tous les habitants de la planète soient protégés contre les phénomènes météorologiques, hydrologiques ou climatiques dangereux grâce à des systèmes d'alerte précoce capables de sauver des vies d'ici à la fin de 2027.

Le financement de la lutte contre le changement climatique

Le rapport de l’OMM se termine par un point de la situation concernant le financement de la lutte contre le changement climatique. Les financements ont significativement augmenté en 2021/2022 pour atteindre environ 1 % du PIB mondial. Cependant, les investissements nécessaires pour espérer maintenir le réchauffement sous la barre des 1,5 °C devraient être 6 fois supérieurs.

D’ici la fin du siècle, le coût de l’inaction climatique serait au moins 3 fois supérieur à ces investissements. Ce chiffre est toutefois susceptible de sous-estimer considérablement le coût réel de l'inaction, puisqu'il ne tient pas compte des pertes subies par la nature et la biodiversité, ni de celles induites par les conflits et les migrations, entre autres. En effet, le coût de l'inaction ne peut qu'augmenter si les mesures d'atténuation et d'adaptation sont insuffisantes.

Le rapport note également que les investissements actuels sont très ciblés dans certains pays et certains secteurs, par exemple l’énergie, et que des régions entières et des secteurs importants, comme l’agriculture et l’industrie, ne profitent que marginalement de ces investissements. Le financement de stratégies d’adaptation aux changements climatiques est lui aussi manquant, avec des investissements couvrants seulement un peu plus du quart de la somme nécessaire estimée. Là aussi, l’agriculture reçoit seulement un financement minimal.

Pour en savoir plus

Blog MétéoSuisse : Rapport de l’OMM sur l’état global du climat en 2023 – Partie 1 : observations

Raport complet de l'OMM (en anglais) et communiqué de presse de l'OMM (en français).