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Le vent souffle.. mais quel vent ? - Partie 3

MétéoSuisse-Blog | 29 janvier 2024
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Nous terminons notre long voyage porté tantôt par de douces brises, tantôt par des turbulences impétueuses. Savez-vous quel phénomène se cache derrière les termes "rafale descendante" et "cisaillement du vent" ? Quelle est l'interaction du vent avec les êtres humains ? Le changement climatique peut-il influencer le régime des vents ? Nous vous invitons à lire cette nouvelle contribution sur le sujet !

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Cisaillement du vent et rafales descendantes

Les termes rafales descendantes (ou downburst) et cisaillement du vent (ou wind shear), ont été entendus à plusieurs reprises même sous nos latitudes, par exemple lors du naufrage d'un bateau sur le lac Majeur en mai dernier, mais aussi lors des violentes rafales qui ont frappé La Chaux-de-Fonds en juillet. Il s'agit de termes désignant deux processus atmosphériques différents.

Les rafales descendantes sont liées aux cellules orageuses. Luca Nisi : "Les rafales descendantes sont des rafales causées par l'air froid qui descend vers le sol à l'intérieur de l'orage. Si l'air froid descend brusquement, à des vitesses verticales d'environ 70 km/h (plus de 10 fois la vitesse d'un ascenseur !), on parle de rafale descendante. Lorsque l'air est suffisamment humide, ces rafales descendantes peuvent être caractérisées par de fortes précipitations et ont tendance à entraîner la pluie vers le sol. Si, au contraire, l'air des basses couches est sec, les rafales descendantes sont dites sèches et ne s'accompagnent pas nécessairement de précipitations. Elles peuvent toutefois être détectées par les poussières et les débris qu'elles soulèvent du sol. Ces événements sont difficilement détectables lors de fortes précipitations et avec un nuage très proche du sol, ils sont généralement révélés par les dégâts qu'ils causent, par exemple par des traces d'écrasement au sol ou des vents divergents".

"Le cisaillement du vent est un phénomène atmosphérique qui consiste en une variation de la vitesse du vent dans l'espace, généralement avec l'augmentation de l'altitude. Pour la formation d'orages forts, ceux qui apportent de la grêle ou même des supercellules, la présence d'un cisaillement du vent important est indispensable. En règle générale, plus ce cisaillement est important, plus les cellules orageuses durent longtemps. En météorologie aéronautique, le cisaillement du vent est également utilisé pour décrire un changement soudain de la direction et de la vitesse du vent à une échelle spatiale plus petite que celle décrite ci-dessus. Il s'agit d'un phénomène très dangereux, à l'origine de nombreux accidents d'avion."

Données et records

"En montagne, c'est au Grand-Saint-Bernard que la rafale de vent la plus forte a été mesurée, une vitesse de 268,2 km/h a été atteinte lors de la tempête hivernale Vivian le 27 février 1990. À plus basse altitude, c'est à Glaris que, le 15 juillet 1985, 190,4 km/h ont été enregistrés lors d'un orage, bien que ce record puisse être remis en question : lors de l'événement précité à La Chaux-de-Fonds (orage), le 24 juillet, une rafale a atteint 217,4 km/h, mais cela n'a pas encore été officiellement validé."

Reportage de la RTS sur l'orage de a Chaux-de-Fonds

"Si on élargit l'horizon à l'ensemble du globe, même les vitesses importantes signalées jusqu'à présent font pâle figure en comparaison des 408 km/h enregistrés le 10 avril 1996 à Barrow Island, dans le nord-ouest de l'Australie".

Les vents et le changement climatique, une question ouverte

Comme pour les records, il y a aussi la question des questions : quelle est la relation entre l'évolution des vents et le réchauffement climatique ? "Et comme c'est souvent le cas dans ce domaine, il est très difficile de répondre à cette question", explique Luca Nisi. "Il existe très peu de littérature scientifique sur le sujet. Pour les vents locaux, on peut dire que la question reste ouverte et que c'est l'analyse de la fréquence des événements individuels (phases de foehn, sirocco, bise, etc.) dans les décennies à venir qui nous donnera éventuellement une indication. À ce jour, il n'y a pas de tendances statistiquement significatives, donc pour l'instant les données suggèrent qu'il n'y a pas de relation, du moins de manière directe et immédiate".

La situation à l'échelle mondiale, même si le regard reste tourné vers l'avenir, pourrait être différente : "Pour les vents liés à la circulation globale, en revanche, en raison de l'évolution des différences de température entre l'équateur et le pôle (les zones polaires se réchauffent beaucoup plus vite), la possibilité de changements statistiquement significatifs à l'avenir est réelle. Quoi qu'il en soit, même dans ce domaine, il y a encore beaucoup d'incertitudes, bien que les études scientifiques, grâce à l'amélioration constante des modèles climatologiques, procèdent à des analyses de plus en plus détaillées et complètes, mais pour l'instant il est encore trop tôt pour se prononcer".

L'être humain et le vent, une relation en constante évolution

Enfin, il y a nous, en tant qu'êtres humains, qui avons toujours eu une relation d'amour-haine avec le vent, comme l'illustrent bien les poèmes d'Eugenio Montale au début : "Depuis l'époque où les Grecs de l'Antiquité vénéraient Éole jusqu'à la construction très controversée des éoliennes du col du Saint-Gothard, l'homme a toujours eu avant tout une relation amicale avec le vent, en essayant d'exploiter ce qu'il pouvait et peut offrir de bon... à cet égard, nous pensons au transport avec les voiliers, mais il a également été exploité comme ressource énergétique en commençant par les moulins et en finissant par les éoliennes susmentionnées, sans oublier les activités de loisir, de la planche à voile au parapente."

"Mais le vent est aussi, et encore aujourd'hui, redouté : s'il est trop fort, il est destructeur et même dangereux pour la vie humaine. On pense aux tornades et aux ouragans, mais aussi aux accidents parfois mortels qui se sont produits en Suisse ou dans les régions limitrophes à cause de très fortes rafales de vent. Durant les saisons froides, le vent représente également un écueil supplémentaire, notamment pour l'alpiniste : avec le vent, la température ressentie peut en effet être bien plus basse que celle mesurée. Par exemple, si la température est de -5 °C, avec une rafale de 50 km/h, la température perçue par une peau non protégée est de -25 °C", conclut Luca Nisi.

Traduit et légèrement adapté d'un blog de nos collègues tessinois :

#lameteospiegata est une série de RSINews, en collaboration avec MeteoSvizzera, qui a été créée avec l'intention de plonger une fois par mois dans un sujet météorologique qui n'est pas nécessairement lié à l'actualité. La mission : la rendre accessible et compréhensible.

Le blog original (en italien)

Les 18 contributions de #lameteospiegata (en italien)