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Les services météorologiques européens mettent en commun leurs ressources pour intensifier l'utilisation de l'IA dans les prévisions météorologiques

MétéoSuisse-Blog | 11 janvier 2024
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Les États membres du Centre européen pour les prévisions météorologiques à moyenne échéance (CEPMMT) ont lancé deux initiatives importantes visant à intensifier le développement, les tests et l'utilisation de l’intelligence artificielle dans leurs systèmes de prévision météorologique. Cet article est issu du CEPMMT.

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Lors des deux dernières sessions du Conseil du CEPMMT, en juin et décembre 2023, les États membres ont approuvé deux initiatives majeures visant à intensifier le développement, les essais et la mise en œuvre de l’intelligence artificielle dans leurs chaînes de prévision météorologique.

Le projet approuvé en juin vise spécifiquement à augmenter les ressources au sein du Centre Européen afin d'élargir la portée de ses travaux sur le Machine Learning (ML). Cela va de l'intensification des travaux en cours sur un modèle hybride mélangeant méthodologies conventionnelles et ML au développement d'un système de prévision entièrement piloté par l’intelligence artificielle (data-driven system).

Le projet approuvé en décembre adopte quant à lui une approche qui verra les États membres unir leurs forces pour traiter les aspects du ML appliqués à la prévision météorologique pour laquelle ils ont le plus d'expertise.

Les deux projets complémentaires, menés côte à côte et en pleine collaboration, reconnaissent le potentiel de l’intelligence artificielle dans la prévision météorologique et s'appuient sur des activités substantielles dans ce domaine, tant au CEPMMT qu'au sein des services météorologiques nationaux européens.

Quelques mois seulement après l'approbation de sa proposition en juin, le CEPMMT a lancé son nouveau modèle basé sur l’IA, l'AIFS (Artificial Intelligence/Integrated Forecasting System). Bien que l'AIFS donne déjà des résultats prometteurs, il n'utilise les technologies de l'intelligence artificielle que dans une partie seulement du processus de prévision, et il reste encore beaucoup de travail à faire pour développer une chaîne de prévision complète utilisant uniquement l'intelligence artificielle. Ce travail, ainsi que l'exploitation des résultats déjà obtenus, feront partie du projet quadriennal du CEPMMT ainsi que d’un autre projet.

Les États membres du CEPMMT intensifient leur collaboration

La Suisse et la Norvège ont pris la direction conjointe de ce dernier projet et en coordonneront le développement. Christof Appenzeller, directeur de MétéoSuisse, et Roar Skålin, directeur général de Met Norway, ont fait une déclaration commune : "Alors que de nombreux États membres du CEPMMT sont déjà impliqués dans le Machine Learning au sein de leurs propres services météorologiques, il est important que nous poursuivions et même que nous intensifiions l'approche collaborative. C'est la clé du leadership de l'Europe en matière de prévisions météorologiques. L'apprentissage automatique a un énorme potentiel d'amélioration de nos prévisions et de nos services et nous permettra de mieux protéger tous les citoyens de l'impact des phénomènes météorologiques extrêmes. Les résultats récents et très prometteurs de nos propres expériences et de l'AIFS à l'échelle mondiale montrent clairement qu'il s'agit d'une orientation dans laquelle nous devons investir avec détermination."

L'implication de l'Europe dans l'application de l’intelligence artificielle aux prévisions météorologiques et climatiques ne s'arrête pas là. L'initiative « Destination Earth » de l'Union européenne vient de bénéficier d'un financement supplémentaire substantiel pour intensifier spécifiquement l'utilisation du ML en vue du développement d'un modèle de système terrestre basé sur l’intelligence artificielle, lequel permettra de quantifier les incertitudes des jumeaux numériques du système terrestre et d'améliorer leurs capacités d'interactivité.

Marc Pontaud, directeur de la recherche à Météo-France, s'est exprimé au nom du consortium qui dirige le développement du jumeau numérique des extrêmes météorologiques : "L'importance des jumeaux numériques et l'impact positif qu'ils peuvent avoir sur la société ne peuvent être surestimés. Le financement supplémentaire consacré à l'intelligence artificielle nous permet d'apporter des améliorations inédites à nos systèmes d'alerte et de conseil et renforcera la capacité des services météorologiques européens à prévoir les phénomènes météorologiques extrêmes d'une manière plus efficace et à en faire bénéficier les secteurs concernés".

Il reste encore beaucoup à faire

Bien que les résultats de l'AIFS et ceux d'autres modèles dans le monde soient impressionnants, il est important de souligner qu'il reste encore beaucoup à faire pour optimiser notre utilisation du ML. Les mois et les années à venir verront un effort pour cibler toutes les parties de la chaîne de prévision et pour inclure la dimension probabiliste dont les prévisionnistes ont besoin pour évaluer tous les scénarios météorologiques futurs possibles, ainsi que leur probabilité. Il reste encore beaucoup de travail à faire avant que les modèles issus du ML puissent compléter de manière sûre et précise les modèles conventionnels.

Mais c'est un défi que l'Europe a décidé de relever et de mener à bien.

Indications : Ce blog a été publié pour la première fois sur le site web du CEPMMT et a été traduit et légèrement modifié pour le blog de MétéoSuisse.

Autres informations :

- Centre européen pour la prévision à moyenne échéance (CEPMMT)