Le brouillard, c’est un peu comme ces visiteurs que l’on aime bien recevoir, pour autant qu’ils ne viennent pas tous les jours, et surtout ne s’incrustent pas trop.
En Suisse romande, le brouillard n’a pas trop mauvaise presse car il a généralement cette délicatesse. Pour les endroits où il n’est pas très courant, il crée la surprise en donnant au paysage un air mystérieux, transformant un quartier de Lausanne en une sorte de Whitechapel londonien, Jack l’éventreur en moins. Dans les régions plus traditionnellement brouillardeuses, il rappelle le « bon vieux temps », comme à Neuchâtel par exemple, où le nombre d’heures d’ensoleillement hivernal a passé en moyenne de 130 à 200 heures environ depuis les années soixante. Bref, on l’aime plutôt bien, pour autant qu’il ne soit pas givrant et ait le bon goût de se dissiper avant la mi-journée, ce qu’il fait habituellement.
Mode de formation
Basiquement parlant, le brouillard n’est rien d’autre qu’un nuage qui touche le sol, même si le brouillard en montagne procède plutôt du fait que ce soit le sol qui touche le nuage. Nous allons donc nous concentrer sur le brouillard en plaine, plus complexe et à ce titre plus difficile à prévoir.
Comme pour tous les nuages, la formation du brouillard nécessite au préalable que la masse d’air atteigne son point de saturation, soit le 100 % d’humidité (pour être au clair avec cette notion, nous vous renvoyons à cet article du 8 juillet dernier). Le seul moyen connu à ce jour pour qu’une masse d’air atteigne cet objectif est de se refroidir. Durant les nuits claires et sans vent, c’est par le bas et au contact du sol que la masse d’air se refroidit. Le sol perd en effet de l’énergie par rayonnement et refroidit ainsi l’air avec lequel il est en contact ; l’air froid étant plus lourd que l’air chaud, il reste proche du sol, stratifiant ainsi la masse d’air et donnant naissance au brouillard pour autant que le point de saturation soit atteint et que d’autres subtiles conditions soient remplies.
Quelques images valant davantage qu’un long discours, illustrons le propos avec les graphiques ci-dessous :
Le premier nous montre l’évolution de la température à 2 m (en rouge) et à 5 cm (en bleu). Tant que le ciel est couvert par des nuages relativement bas, le rayonnement du sol est fortement limité et les deux températures sont très proches. Avec l’élévation de la couverture nuageuse et sa dissipation progressive, le rayonnement du sol s’accentue et la température à 5 cm s’abaisse dès lors plus vite que la température à 2 m (zone mauve). Lorsque le brouillard se forme, il se met lui-même à rayonner vers le sol ce qui provoque une élévation de la température à 5 cm, laquelle devient dès lors égale à la température à 2 m, les deux capteurs ayant dès lors des conditions identiques à l’intérieur du brouillard.