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Feux de forêts au Québec, quelle influence en Europe ?

MétéoSuisse-Blog | 26 juin 2023
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Les feux de forêt au Canada ont fait la une des journaux depuis plus d’un mois et nous y avons déjà consacré quelques articles de notre blog. Dans un premier temps, ce furent les feux à l’ouest du Canada qui étaient le centre de l’attention. Depuis le début du mois, ce sont ceux au Québec qui font la une, notamment car ils ont fortement impacté une bonne partie de la côte est nord-américaine, y compris la ville de New York. Les nuages de particules des feux au Québec sont arrivés ce matin sur la côte ouest de l’Europe. Comme nous recevons déjà de nombreuses questions à ce propos, nous vous proposons de répondre à certaines d’entre elles dans ce blog.

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Où se situent les nuages de particules des feux ?

Le meilleur moyen d’observer les aérosols émis par les feux est de regarder une image satellite. La Figure 1 montre l’image ce matin vers 10 h locale. Les particules des feux sont bien visibles au large du Portugal avec les couleurs brunâtres.

Comment les particules vont se déplacer ces prochains jours ?

La Figure 2 montre l’épaisseur optique associée aux particules émises par les feux aujourd’hui à 14 h locale. On remarque bien le panache sur l’Atlantique qui correspond à la zone entourée sur la Figure 1. Ce panache a déjà touché les côtes du Portugal et de l’Espagne et va toucher la Bretagne demain. Il va continuer à se déplacer vers l’est ces prochains jours tout en se dispersant. La Figure 2 montre la prévision pour jeudi 29 juin à 20 h locale. Ces particules vont donc probablement passer par-dessus la Suisse entre jeudi soir et vendredi, mais sous une forme plus atténuée (l’épaisseur optique sera plus faible qu’actuellement sur la côte ouest du continent européen).

Quel pourrait être l’impact en Suisse ?

Un rapide tour des webcams sur la côte portugaise nous montre que ces particules ont l’air d’impacter un peu la visibilité et de donner au ciel un aspect opaque, mais rien à voir avec les images de New York qui circulaient il y a quelques semaines. Les mesures de qualité de l’air n’ont pas l’air d’être impactées par la présence de ces aérosols, ce qui suggère qu’ils se trouvent principalement en altitude. A priori, on ne s’attend donc pas à plus de conséquences que cela en Europe. Concernant le passage de ce panache au-dessus de la Suisse dès jeudi soir, la formation d’averses et d’orages va favoriser un lessivage de ces aérosols et va donc probablement diminuer leur concentration dans l’atmosphère. On peut s’attendre à un ciel un peu opaque jeudi soir et peut-être à un soleil un peu rouge au coucher, mais nous n’attendons pas d’impact significatif sur la qualité de l’air. Il sera intéressant de voir si les mesures de particules fines au Jungfraujoch à presque 3000 m d’altitude seront capables de détecter ces aérosols. A noter que déjà dans notre blog du 28 mai nous avons montré que les particules des feux sur l’ouest du Canada étaient visibles sur les images satellites, mais ils n’ont pas eu d’impact sur la qualité de l’air en Suisse

Comment les feux au Canada cette année se comparent-ils par rapport aux années précédentes ?

La Figure 4 montre la localisation et l’intensité des feux de forêts au Canada depuis le début du mois. Contrairement au mois de mai où ils étaient localisés à l’ouest du pays en Colombie-Britannique, en Alberta et dans le Saskatchewan, ils sont actuellement présents dans presque toutes les provinces, en particulier au Québec. Dans notre blog du 28 mai, nous indiquions que plus de 2 millions d’hectares avaient brûlé. Ce sont maintenant pratiquement 6 millions d’hectares qui sont estimés par Ressources naturelles Canada, ce qui correspond à près d'une fois et demie la superficie de la Suisse !

La Figure 5 montre le cumul des émissions de carbone des feux de forêts au Canada depuis le début de l’année. On voit qu’à la moitié du mois, les feux ont déjà brûlé plus de biomasses (et donc émis plus de carbone) cette saison que toutes les 20 dernières années. Cela montre l’ampleur des feux de forêts cette année au Canada.

Quelle est l’influence du changement climatique ?

Bien que le feux des forêts soit un processus naturel, le changement climatique en augmente le risque et l’intensité (voir le dernier rapport du GIEC). En effet, les températures plus élevées et la diminution des précipitations dans de nombreuses régions impliquent une végétation beaucoup plus sèche et donc un risque plus élevé d’incendies. La fréquence des feux est prévue d’augmenter d’environ 27 % au niveau global d’ici 2050 et beaucoup plus dans certaines régions, notamment en Amérique du Nord et au sud de l’Europe. De plus, les feux de forêts émettent beaucoup de gaz à effet de serre (gaz carbonique, méthane, dioxyde d’azote), ce qui crée donc un cercle vicieux climatique.