Après l’Italie, c’est au tour de l’Espagne d’être concernée par des précipitations étendues. Des pluies bienvenues en cette période de sécheresse qui peuvent toutefois provoquer des inondations si elles sont trop intenses et tombent sur une courte période.
Après une année 2022 sèche en Espagne, le début de l’année 2023 a débuté sous les mêmes conditions anticycloniques avec des précipitations inférieures à la norme. Le mois d’avril a même été marqué par une canicule particulièrement précoce.
La sécheresse est donc particulièrement marquée, notamment en Andalousie dans le sud de l’Espagne. Cette sécheresse concerne aussi bien les sols en surface que les nappes phréatiques. La figure 2 ci-dessous montre l’indice standardisé de précipitations et d’évapotranspiration SPEI calculé en avril sur une période de 3 mois. On voit à quel point la sécheresse est (ou était) marquée de l’Espagne à l’Italie du Nord en passant par la Côte d’Azur.
Après une longue période marquée par des conditions anticycloniques sur la Méditerranée occidentale, les dépressions ont fait leur retour depuis le début du mois de mai. En effet, des conditions anticycloniques se sont établies sur le nord de l’Europe depuis plusieurs semaines forçant les gouttes froides à stagner sur la Méditerranée. Cette situation de blocage pourrait encore persister en juin comme expliqué plus loin dans cet article.
C’est d’abord l’Italie qui a été touchée par de fortes précipitations avant que les basses pressions se localisent davantage en direction de l’ouest. La figure 3 ci-dessous montre les anomalies de pression pour les 7 derniers jours.
Des conditions instables se sont donc installées sur l’Espagne avec localement de forts orages. Il est par exemple tombé 70 mm de pluie en une heure à Sant Hilari Sacalm en Catalogne mercredi 24 mai. De telles précipitations ne permettent pas de remédier à la sécheresse en profondeur, car ces importantes quantités d’eau déversées en peu de temps ruissellent sur les sols secs dont la capacité d’absorption est limitée.
Comme le montre l’animation ci-dessous, des précipitations sont attendues tous les jours en Espagne et au Portugal jusqu’à la fin du mois. Bien entendu, ces précipitations ne concerneront pas toutes les régions au même moment.
Les cumuls totaux jusqu’à la fin du mois pourront localement dépasser le 80 mm. La figure 5 ci-dessous montre une estimation de ces cumuls selon le modèle IFS haute résolution. On constate toutefois que certaines régions comme le sud de l’Andalousie resteraient en marge avec des cumuls ne dépassant pas les 10 à 20 mm.
Si l’on tient compte de ce qu’il est déjà tombé et des précipitations attendues ces prochains jours, les cumuls de précipitations de ce mois de mai devraient être largement supérieurs à la norme. Sur la moitié sud de l’Espagne, il tombe en moyenne 20 à 50 mm en mai.
Il est probable que ces conditions plus dépressionnaires qu’en moyenne à cette période de l’année se maintiennent encore une partie du mois de juin. Les tendances hebdomadaires du modèle IFS (ci-dessous pour les semaines du 29 mai au 4 juin et du 5 au 11 juin) ne montre que peu d’évolution dans la situation avec toujours des pressions relativement élevées au nord de l’Europe (en orange) et des pressions relativement basses sur la Méditerranée. Cela devrait se traduire par des précipitations excédentaires de la péninsule Ibérique à la Turquie en passant par l’Italie et la Grèce (en vert sur les cartes du bas). Ces conditions pourraient même se maintenir jusqu’à la fin du mois de juin. Les cartes peuvent être consultées sur le site internet du centre européen de prévisions ECMWF. À noter que ces prévisions seront mises à jour demain vendredi.