Avril et mai sont généralement les mois durant lesquels les cas de bise sont les plus fréquents. En avril et mai 2023, la bise a été particulièrement récurrente.
Une situation de bise est typiquement générée par une zone de haute pression située au nord ou au nord-ouest de la Suisse. Dans l'hémisphère nord, le vent souffle dans le sens des aiguilles d'une montre autour de l'anticyclone, et se fait donc sentir chez nous comme un vent de nord-est (voir l'image de gauche, tirée de notre brochure "Situations météorologiques typiques dans la région des Alpes"). De plus, le courant est canalisé entre le Jura et l'arc alpin et s'accélère en direction du bassin lémanique (image de droite).
Dans la plupart des cas, la masse d'air est d'origine continentale. Elle apporte donc généralement de l'air sec et souvent stable, froid en hiver et chaud en été.
Toutefois, plusieurs autre cas de figure peuvent se présenter, comme par exemple le cas de la bise noire ou "retour d'est". Dans cette situation, la masse d'air vient de Méditerranée, et c'est alors de l'air humide et plus doux qui, revenu par le sud, est ensuite ramené sur la Suisse par l'est ou le nord-est grâce au courant de bise. Il peut, dans de tels cas, pleuvoir beaucoup en Suisse alémanique et de moins en moins en direction du bassin lémanique. Le nom de bise noire provient du fait que la bise est associée à un temps gris. Dans ce scénario, la dépression en Méditerranée qui figure sur le diagramme ci-dessus est centrée sur le golfe de Gênes.
Ces derniers jours, la situation était encore un peu plus particulière : au nord des Alpes on trouvait l'influence de l'anticyclone centré sur les îles Britanniques et générant un courant de bise, alors qu'au sud les effets d'un marais barométrique en Méditerranée se faisaient sentir, avec un air plus doux, humide et instable. Cet air instable a permis à des orages de se former non seulement dans les Alpes mais aussi sur le Jura en se déplacant dans ce courant de bise.
On appelle bise les vents qui soufflent de secteur nord-est au nord des Alpes, entre 10° et 70°. Lorsque les vents sont orientés de nord à nord-est, la bise la plus soutenue se trouve vers le Léman, alors que lorsque les vents sont orientés de nord-est à est, c'est la région des trois lacs qui est la plus touchée. À noter encore que lorsqu'il n'y a pas de vent dominants en été, un léger vent de nord-est souffle durant la journée sur la région genevoise : il s'agit d'un vent thermique appelé "séchard" généré par des différences de températures, et qui n'est donc pas de la bise à proprement parler (cf blog vents du Léman).
Les diagrammes ci-dessus montrent le nombre d'heures de bise d'avril à mai pour la période 1981-2023, à gauche pour la station de Genève-Cointrin et à droite pour celle de Neuchâtel. Pour les graphiques du haut, le seuil a été fixé à 15 km/h de vent moyen horaire, ce qui permet d'éliminer les vents thermiques, et 30 km/h pour les graphiques du bas. Ce dernier seuil représente des vents modérés, dont les rafales peuvent atteindre environ 50 à 60 km/h.
On remarque que le nombre de cas de bise semble augmenter ces dernières années et que l'année 2023 se trouve parmi les années avec le plus de bise. D'un autre côté, lorsqu'un se concentre sur les vents plus forts, l'année 2023 ne figure pas parmi les années où les cas de forte bise ont été les plus nombreux.
La rose des vents à Genève de ces deux derniers mois illustre bien les statistiques présentées ci-dessus. On remarque la forte prédominance des vents de nord-est de direction 40° : les situations de sud-ouest on été quasi inexistantes. Si on compare la même rose des vents pour l'an passé (non présentée ici), même si les situations de bise prédominaient, il y avait tout de même une proportion nettement plus importante de situation de sud-ouest et de nord-ouest.