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Les vents du Léman

MétéoSuisse-Blog | 29 mai 2023
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Les vents du Léman peuvent être répartis en plusieurs catégories, vents de gradient, brises thermiques et vents d'orage. Ils ont chacun leur nom et sont dépendants de la position des zones de hautes et basses pressions, de la présence de fronts chauds ou froids ou d'une zone de marais barométrique sur la Suisse.

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Le lac Léman est caractérisé par deux grands régimes de vents canalisés entre le Jura et les Alpes : la bise qui souffle du nord-est, et le Vent qui est le plus souvent du sud-ouest. Le vent d’ouest ainsi que le vent de nord-ouest (joran) sont plus rares et moins durables. Quant au vent du sud (foehn), il prend le nom de vaudaire et souffle du sud-est sur le Haut-Lac.

En été, lorsque la Suisse est sous l'influence des hautes pressions, le vent de gradient cède la place à un régime de brise. L'air se réchauffe différemment sur la terre (sur les côtes) ou sur lac le jour et se refoidit aussi différement durant la nuit. Ces différences donnent naissance à des vents locaux, appelés brises ou vents thermiques. Le jour, ces brises soufflent du centre du lac vers les côtes plus chaudes, et inversement la nuit. Les brises lacustres sont faibles, elles soufflent généralement entre 5 et 10kt (2 à 3 Bf) l’été et sont quasi nulles en hiver.

Les vents d'orage se produisent lorsque les orages débordent des reliefs en direction du Léman. Ces coups de vent, parfois violents, sont de courte durée et se produisent plutôt durant la saison estivale.

La bise

La bise est le vent le plus caractéristique du Léman. Elle s’établit lorsqu'une haute pression recouvre les îles Britanniques et une basse pression, l'Italie.

La bise souffle du NE sur le Petit et le Grand-Lac. Sur le Haut-Lac, elle est ralentie par les Alpes vaudoises et déviée en direction de l'embouchure du Rhône, et souffle alors du NNW. Elle est nettement dominante dans la première moitié de l’année, notamment au printemps, minoritaire dans la seconde moitié. Souvent persistante, elle peut souffler plusieurs jours consécutifs ; cependant, il n'existe aucune statistique qui vérifierait une persistance de 3, 6 ou 9 jours. Les bises d’été sont plutôt courtes, celles d’hiver plus longues (surtout de décembre à mars). Le début et la fin d’une bise sont progressifs, contrairement au foehn qui survient de manière brusque. En règle générale, la bise apparaît après une période pluvieuse et ne la précède pour ainsi dire jamais.

La vitesse de la bise est comprise entre 3 et 9 Bf. Les bises violentes sont cependant rares. Dans le Petit-Lac, la canalisation entre le Jura et les Préalpes tend à la renforcer. Une forte bise, couplée à des températures négatives peut causer des dégâts dans les ports en raison du gel instantané des embruns.

La bise noire

La bise est qualifiée de noire lorsqu’elle s’accompagne d’un temps très nuageux et parfois pluvieux. Cette situation, fraîche et humide, est rare et survient surtout en automne et en hiver. La bise noire souffle par haute pression sur l’Atlantique et dépression active sur la Méditerranée. Dans ce cas, le courant entre le sol et environ 2000 m est de nord-est, mais il est surmonté d’un courant chaud de sud à sud-est. La bise noire est parfois aussi liée à la présence d’une goutte froide au voisinage des Alpes.

Le Vent

Le Vent, appelé parfois sudois, vent du sud-ouest ou encore vent de Genève, est un des principaux vents du Léman. Il correspond aux situations où règne un courant général d’ouest à sud-ouest sur le continent européen, soit une basse pression sur les îles Britanniques et une haute pression sur le sud de l'Europe. Canalisé par le relief, sa direction est SW sur le Petit-Lac et le Grand-Lac. Dévié par les hauts sommets, il pivote s'orienter W puis WNW sur le Haut-Lac en allant vers l'embouchure du Rhône où l’on peut rencontrer alors une sorte de tourbillon. Il est toutefois plus rare sur cette partie du lac. C’est un vent régulier, qui souffle en toute saison, avec une vitesse très variable, comprise entre 3 et 7 Bf. Il précède souvent le passage d'une perturbation. Le Vent peut donner d'importantes rafales au passage des fronts, notamment en été lorsque ceux-ci sont précédés ou accompagnés d'orages. En hiver, lorsque de profondes dépressions traversent le nord et le centre de l'Europe, le Vent peut être tempétueux et dépasser les 100 km/h. Le Vent se distingue parfois mal du rebat. Un vent d’ouest est rare sur le Léman.

Le Vent blanc

Le Vent blanc est le nom donné au vent chaud de SW qui souffle en été par temps bien ensoleillé. Il se manifeste lorsqu'une basse pression recouvre les îles Britanniques et une haute pression le sud de l'Europe. Son rayon d'action se limite pour l'essentiel au Petit-Lac et parfois au Grand-Lac. Le Vent blanc s'étend rarement jusqu'au Haut-Lac, sauf s'il est fort et précède un front froid (à ce moment, le ciel est déjà nuageux). Le Vent blanc atteint généralement 3 à 4 Bf et se manifeste le plus souvent entre 12 et 20 h. Son effet sur la température est remarquable, principalement à Genève, où le maximum peut gagner 2 à 3 °C par rapport aux autres localités du Léman. Lorsque le Vent blanc est faible (1-3 Bf), il ne souffle que sur le Petit-Lac. On a alors souvent du Vaudron (SE) sur le Grand-Lac.

On parle parfois de Maurabia lorsqu’en été le Vent blanc donne l’impression de souffler au ras de l’eau, sans faire bouger les feuilles des arbres, en provoquant de belles vagues déferlantes.

Le joran

Le joran est un vent de NW, relativement froid, qui descend du Jura vers le Léman. Il existe deux types de Joran, un joran assez régulier qui se lève après le passage d’un front froid, et le joran d'orage. Le joran est un vent qui peut s’abattre avec fougue sur le lac.

Le joran d'orage, de courte durée, donne en été de gros coups de tabac sur le Petit et le Grand-Lac, lorsque des orages bien développés sur le Jura débordent et déversent leur air froid sur le plan d'eau. Le joran d'orage est souvent dangereux pour les navigateurs car brutal et parfois violent.

Le joran qui se lève lors d'un afflux d'air polaire, après le passage d'un front froid, peut donner des rafales lors de sa mise en place, pendant une heure ou deux. Mais ces rafales sont nettement moins fortes que celles du Joran d'orage. Ensuite, il mollit et donne un vent plutôt régulier apprécié des navigateurs. Il est souvent accompagné d'un mur nuageux qui borde le Jura ("rouleau de joran") et parfois de lignes de cumulus parallèles au Jura. Ce type de joran peut s'étendre surtout le Léman et a de bonnes chances d'être remplacé par un épisode de bise.

Au printemps, il est des situations où, par noroît général sur le flanc oriental de l’anticyclone, le joran peut persister, irrégulier, pendant plusieurs jours avec accalmies nocturnes. Il est alors accompagné d’un temps nuageux avec des averses.

La vaudaire

La vaudaire est un vent de secteur SE sur le Haut-Lac, ESE sur le Grand-Lac, canalisé par la vallée du Rhône, qui s'écoule pratiquement toujours en rafales du bas Valais vers le Haut-Lac. Il existe deux types de vaudaire : la vaudaire d'orage et la vaudaire de foehn. La vaudaire est redoutée pour sa soudaineté et sa force, favorisée par l’accélération que provoque l’étroit couloir de la plaine du Rhône.

La vaudaire d'orage apparaît d’avril à septembre, lorsqu’une forte averse ou un orage se déplace de la Savoie aux Préalpes vaudoises dans un courant de sud-ouest en altitude. L'air froid de ces orages se déverse dans la basse vallée du Rhône, puis déboule sur le Haut-Lac en rafales de courte durée. Ce coup de vent, modéré à fort, débute brusquement vingt à trente minutes après le passage du centre orageux sur la vallée du Rhône. Il dure de vingt minutes à trois heures environ. Cette vaudaire est froide, dès son apparition la température baisse et l’humidité augmente. Un grain au centre du Valais peut également provoquer de la vaudaire (écoulement de la masse d’air froid dense).

La vaudaire de foehn est liée à un fort courant du sud précédant l'arrivée d'une perturbation océanique. Ce vent, après avoir abandonné son humidité au sud des Alpes sous forme de précipitations, redescend au nord asséché et réchauffé sous forme de rafales de foehn qui s'engouffrent dans les vallées alpines, puis dans la vallée du Rhône. La surpression qui règne alors dans la vallée du Rhône, associée à la baisse de pression sur le Léman provoquée par l'arrivée de la perturbation atlantique, peut donner des rafales régulières mais violentes, matérialisées par d'impressionnantes risées qui s'éloignent de l'embouchure du Rhône vers le Haut-Lac.

La vaudaire de foehn apparaît principalement en mars et en avril, ainsi qu’en octobre et novembre.

Les brises

On observe en maints endroits des brises de beau temps : dans les vallons, sur les versants des reliefs, elles remontent de jour et descendent de nuit. De même, lors de situations de beau temps estival, des brises alternées soufflent à proximité des lacs. Ces brises ont pour origine la différence de température entre l’eau, plus chaude de nuit, et la terre, plus chaude de jour. Les brises diurnes soufflent du lac vers la côte. Inversement, par nuit claire, la terre devient plus froide que la surface du lac. L'air froid s'écoule alors lentement des terres vers le lac. Les brises nocturnes sont des vents faibles canalisés par les vallées. Plus le relief est abrupt, plus les vents auront tendance à s’accélérer avant de se disperser en éventail sur l’eau.

Lorsque le relief se resserre, sur le Haut-Lac et sur le Petit-Lac, les thermiques de jour ont tendance à se canaliser et à souffler parallèlement aux côtes.

Les heures d’occurrence ainsi que les forces des brises sont approximatives. Les brises nocturnes se lèvent généralement entre 17 et 19 h et persistent jusque vers 7 à 9 h.

Brises diurnes

Le séchard

Le séchard est le nom donné à la brise diurne de NE qui, canalisée entre le Jura et les Préalpes savoyardes, souffle dans l'axe du Petit-Lac. Comme toutes les brises diurnes du Léman, le séchard est associé aux situations de beau temps estival, quand la Suisse est sous l'influence d'une haute pression. Le réchauffement des reliefs environnants crée des ascendances thermiques qui aspirent littéralement l'air du Petit-Lac vers les côtes. Le séchard ne se limite donc pas au Petit-Lac mais se prolonge jusque sur les pentes ensoleillées du Salève, du Vuache et du Jura. Il souffle généralement entre 1 et 2 Bf et peut parfois atteindre 3 Bf (7-10 km/h). L'arrivée de nuages réduisant l'ensoleillement peut atténuer le séchard, alors qu'au contraire un faible courant de NE en altitude peut l'accentuer. Une journée de séchard se termine parfois par des orages isolés pouvant donner quelques rafales. Le séchard se lève vers 10 h et s’estompe dès 16 h.

Le rebat

Le rebat est le nom donné à la brise diurne qui souffle du centre du lac vers la côte Suisse. De SE sur le Grand-Lac, le rebat tourne au SW-W sur le Haut-Lac. Comme toutes les brises diurnes du Léman, le rebat est associé aux situations de beau temps estival. Les différences d'échauffement la journée, particulièrement marquées entre l'importante masse d'eau du Grand-Lac et la côte suisse, donnent naissance à cette brise du lac, qui s'étend entre Morges et Montreux. À la hauteur de Villeneuve, le rebat se confond avec la brise de vallée qui remonte le Rhône la journée. Le rebat souffle généralement entre 1 et 2 Bf. Comme toutes les brises diurnes, le rebat s'estompe en fin de journée et laisse place aux brises nocturnes comme le morget.

Les brises diurnes de la rive françaises existent aussi, elles soufflent du centre du lac vers les rives. Elles sont faibles et ne portent pas de nom particulier.

Les brises nocturnes

Le morget

Le morget est le nom donné à la brise nocturne du Grand-Lac qui souffle de la côte, vers le centre du lac, entre Rolle et St-Sulpice. Au-delà, le long du Dézaley et jusqu’à Vevey, il prend généralement le nom de bisoton puis dézaley. Le morget a donc une direction NNE à NW. Cette brise de terre est probablement la plus forte brise du Léman, elle peut facilement atteindre 3 Bf, parfois 4 Bf. Un faible courant du nord en altitude peut renforcer le morget et le faire traverser le lac jusqu'aux abords des côtes françaises. Comme toutes les brises nocturnes du Léman, le morget est associé aux situations de beau temps estival. Les différences de refroidissement la nuit, particulièrement marquées entre l'importante masse d'eau du Grand-Lac et ce tronçon du littoral suisse, donnent naissance à cette remarquable brise de terre. En été le morget se lève avant le coucher du soleil soit vers 17 h, il est très net pendant une à deux heures puis mollit. La renverse matinale a lieu vers 8 h. Le morget reste perceptible en automne et en hiver (morget de neige).

Le bisoton

Le bisoton, parfois orthographié bisotton est une brise de terre, de NE, qui souffle entre Lausanne et Cully. Sa direction est la même que la bise, mais sa vitesse et son mode de formation diffèrent. Le bisoton est une faible brise nocturne qui reste inférieure à 3 Bf.

Le jaman

Le jaman est le nom donné à la brise nocturne du Haut-Lac qui souffle du NE entre Montreux et Vevey. Cette brise nocturne s'écoule depuis les reliefs qui entourent cette partie du littoral (Pléiades, Rochers-de-Naye) et se canalise dans la vallée de la Veveyse. Le jaman est moins fort et moins régulier que le morget. Comme toutes les brises nocturnes du Léman, le jaman est associé aux situations de beau temps estival. Les différences de refroidissement la nuit, entre le lac et le littoral, mais aussi la proximité des reliefs, donnent naissance à cette brise nocturne. En allant vers Lausanne, le jaman cède sa place au bisoton, alors qu'en allant vers Villeneuve il laisse la place au vauderon, typique de l'embouchure du Rhône.

Le vauderon

Le vauderon est le nom donné à la brise nocturne de SE qui souffle sur le Haut-Lac à l'embouchure du Rhône dans la région de Villeneuve. Cette brise est dans le prolongement de la brise qui descend la vallée du Rhône la nuit.

La chamoisine

La chamoisine est le nom donné à la brise nocturne de direction SSW qui descend de la Région Dent d'Oche-Memises sur la côte sud du Haut-Lac.

Les albrans

Les albrans est le nom donné aux brises nocturnes de direction SSW qui descendent des Préalpes savoyardes en direction des côtes françaises sur la région Grand-Lac et Haut-Lac. La zone des albrans et celle de la chamoisine se confondent considérablement. Le terme albrans pourrait toutefois être privilégié entre Tourronde et Amphion, lorsque les rives deviennent plus éloignées des sommets abrupts des Préalpes.

Le birran

Le birran est le nom donné aux brises nocturnes qui soufflent des rives en direction du lac, le long de la côte française entre Thonon et Séchex. De direction S à SE, la force de cette brise de terre est, comme la plupart des brises nocturnes du Léman, nettement inférieure à 3 Bf.

La molaine

La molaine est le nom donné à la brise nocturne de SE qui souffle sur le Petit-Lac entre Genève et Nernier, des côtes vers le plan d'eau. Sa force reste nettement inférieure à 3 Bf. Lorsque sa direction est plutôt S, on parle de la fraidieu.

La fraidieu

La fraidieu est le nom donné à la brise fraîche, de direction S, qui souffle sur le Petit-Lac entre Genève et Nernier. On parle plutôt de molaine si la direction de ce thermique est de SE. La fraidieu (et c'est une règle pour toutes les brises nocturnes du Petit-Lac) est plus faible que les brises du Grand et du Haut-Lac.

Le jorasson

Le jorasson est le nom donné à la brise nocturne de direction NW qui souffle entre Céligny et Rolle.

Les vents d'orage

Le Bornan

Le bornan est le nom donné au gros coup de tabac qui peut s'abattre sur une partie du Grand-Lac à la hauteur de Thonon et jusque sur le Haut-Lac. Le bornan est probablement un des plus violents vents d'orage sur le Léman. Il peut atteindre 30 à 40 kt. Terreur des navigateurs, les effets du bornan se font sentir surtout entre Rolle et Lutry. Le bornan se produit en été lorsque les orages qui se sont formés sur la région allant de la Dent d'Oche à la pointe d'Ireuse débordent et déversent leur air froid en direction du Léman. Ce vent d'orage est en bonne partie canalisé par la vallée de la Dranse et déboule alors violemment sur le plan d'eau. Les orages qui conduisent au bornan peuvent se former à l'issue d'une journée ensoleillée et chaude, alors que l’anticyclonequi recouvre l'Europe s'affaiblit. Le bornan, comme tous les vents d'orages violents, se produit surtout dans l'air chaud instable à l'avant des fronts froids . Le bourgeonnement de gros cumulus et de cumulonimbus sur les reliefs, en particuliers sur les Préalpes savoyardes, sont les signes précurseurs d'une telle évolution. Ces signes doivent obliger les navigateurs à une grande vigilance.

Le môlan

Le môlan est le nom donné au coup de tabac qui peut s'abattre sur le Petit-Lac depuis la Haute-Savoie. Il se produit en été lorsque les orages qui se sont formés sur la région allant du Môle jusqu'au fond de la vallée de l'Arve avancent et déversent leur air froid en direction du Léman. Le môlan peut atteindre 8 à 15 kt. Les orages qui conduisent au môlan peuvent se former à l'issue d'une journée ensoleillée et chaude, alors que l’anticyclone qui recouvre l'Europe s'affaiblit. Le bourgeonnement de gros cumulus et de cumulonimbus sur les reliefs, en particuliers sur les Préalpes savoyardes, sont les signes précurseurs d'une telle évolution. Ces orages peuvent aussi se former en été à l'avant d'un front froid.

Autres vents d'orages

Le joran et la vaudaire peuvent aussi être des vents d'orage.