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Etendue minimale de la banquise arctique

Cette année, l’étendue minimale de la banquise a été atteinte le 9 septembre 2025, avec une superficie de 4,74 millions de kilomètres carrés. Il s'agit de la 14e valeur la plus basse depuis que des mesures satellitaires systématiques de la banquise sont effectuées, c'est-à-dire depuis la fin des années 70. Le minimum annuel le plus bas jamais enregistré est de 3,3 millions de kilomètres carrés et remonte au mois de septembre 2012.

Carte de l'étendue de la banquise
Fig. 1 : étendue et pourcentage de constitution de la banquise arctique le 9 septembre 2025. La ligne verte représente l'étendue minimale moyenne pour la période 1981-2010, la ligne jaune représente le record de l'étendue minimale de la banquise, enregistrée en 2012. (Alfred-Wegener Institut, meereisportal.de)

Une rétraction annuelle moins marquée que prévue

Sur la base des prévisions établies au printemps 2025, le minimum annuel de l'étendue de la banquise arctique aurait dû être nettement inférieur et proche du minimum absolu de la série observé en 2012. Il n'est en effet pas si simple de prévoir plusieurs mois à l'avance l'étendue de la banquise arctique, car celle-ci est régie par des processus et des cycles complexes et étroitement liés entre eux.

Fluctuations naturelles

Le système climatique terrestre est par nature chaotique et régi par de nombreux processus qui interagissent entre eux et dont les effets peuvent se cumuler ou s'annuler en fonction des influences ou des forces qui prévalent à un moment donné et dans une région donnée. Ceci occasionne des fluctuations naturelles qui agissent sur l'ensemble du système.

Ces fluctuations naturelles du système climatique arctique observées ces dernières années ont contribué de manière significative à une rétraction moins importante de la banquise en fin d'été de cette année par rapport à ce que prévoyaient les experts au début du printemps.

Fig. 2 : banquise fortement fractionnée, photographiée lors d'une expédition scientifique dans l'Arctique.
Fig. 2 : banquise fortement fractionnée, photographiée lors d'une expédition scientifique dans l'Arctique. (Photo: Marcel Nicolaus, Alfred-Wegener-Institut)

Les trois facteurs principaux qui ont réduit la fonte

Afin de comprendre les raisons pour lesquelles la fonte estivale de la banquise arctique a été plus modeste que prévu cette année, il est nécessaire d'analyser les mouvements de la banquise dans l'océan Arctique depuis 2022.

Au cours des trois dernières années, deux phases distinctes ont caractérisé la dérive de la banquise dans l'Arctique central. La première s'est produite entre 2022 et l'été 2023 et la seconde à partir de 2024.

Carte de la vitesse de dérive de la banquise.
Fig. 3 : anomalie par rapport à la moyenne de la période 2010-2025 de la vitesse de dérive des glaces polaires constituant la banquise, entre août 2022 et juillet 2023. On observe un tourbillon de Beaufort très prononcé (flèches de gauche). Dans la mer de Laptev, en revanche, la banquise est restée pratiquement immobile (flèches de droite). (Thomas Krumpen, Alfred-Wegener-Institut)

Les données sur la dérive de la banquise montrent qu'entre 2022 et 2024, le vortex de Beaufort a été exceptionnellement puissant, favorisant la dérive des glaces pluriannuelles dans le sens des aiguilles d'une montre, c'est-à-dire depuis l'Arctique canadien en direction du détroit de Fram, en passant par le pôle Nord (voir fig. 3). La dérive de la banquise provenant des mers russes vers le détroit de Fram, connue sous le nom de la dérive transpolaire, ne s'est en revanche pas produite. Le vent et les courants ont en effet retenu la glace formée dans la mer de Laptev (voir fig. 3) pendant plus de deux ans, lui permettant ainsi de survivre à l'été et de gagner globalement en épaisseur.

Inversion de la circulation

Au cours des douze mois suivants, la circulation a considérablement évolué. Après une période de transition au cours du premier semestre de 2024, la dynamique du vent et de la dérive de la banquise s'est en effet complètement inversée. Le vortex de Beaufort s'est considérablement affaibli, tandis que des vents forts provenant des plaines russes en direction de la mer de Laptev ont réactivé la dérive transpolaire, la permettant de se rétablir selon son mode habituel. La glace de mer pluriannuelle qui s'était accumulée devant la mer de Laptev a ainsi été poussée vers le centre de l'Arctique. De là, une partie de la banquise s'est déplacée vers les côtes nord du Groenland et du Canada, où elle continuera probablement de s'étendre. Les restes des glaces se sont déplacés vers le détroit de Fram, ce qu'il les dirigera vers l'Atlantique Nord pour ensuite fondre dans des eaux plus chaudes.

Carte de la dérive de la banquise
Fig. 4 : anomalie par rapport à la moyenne de la période 2010-2025 de la vitesse de dérive de la banquise entre août 2024 et juillet 2025. Explications supplémentaires dans le texte. (Thomas Krumpen, Alfred-Wegener-Institut)

Pour résumé, depuis fin 2024, on assiste à une redistribution notable des glaces pluriannuelles liées à la banquise dans l'océan Arctique, rendue possible par un renforcement temporaire et naturel du vortex de Beaufort qui a duré environ deux ans. Un phénomène similaire avait déjà été observé au début des années 90, dont les mécanismes atmosphériques causales font encore l'objet d'études aujourd'hui.

Blog tiré de cet article publié en allemand sur le site Meereisportal.de.