Disons-le d’emblée, nos lacs et cours d’eau affichent – dans leur très grande majorité – un large sourire. Comme le montre la carte ci-dessous, les 30 derniers jours ont été plutôt généreux du point de vue des précipitations, même localement un peu trop généreux, comme par exemple au Tessin où les précipitations – encore largement convectives – ont localement provoqué quelques désagréments mineurs ; seules la Basse-Engadine et la région de Coire ont fait l’objet d’un léger déficit.
A cette période de l’année, les plantes ont déjà considérablement baissé leur garde et n’ont plus à lutter contre une chaleur excessive au moyen de l’évapotranspiration. De ce fait, une partie significative des précipitations peut directement aller alimenter les lacs, cours d’eau et nappes phréatiques.
La carte des débits et niveaux des lacs et cours d’eau ci-dessous nous montre que globalement, la plupart des rivières et des lacs affichent des valeurs moyennes ou élevées pour la saison, et cela pour la plupart des régions de Suisse. Il faut toutefois garder à l’esprit que ces débits et niveaux d’eau n’obéissent pas uniquement aux précipitations. Par exemple, certains cours d’eau sont régulés par des barrages, d’autres – notamment dans les Alpes – sont alimentés par la fonte des neiges ou des glaciers et obéissent presque autant aux variations de températures qu’aux précipitations. Il n’empêche, une grande partie des cours d’eau affichés ci-dessous n’entrent pas dans ces deux catégories.
Les stations de mesure affichant des niveaux « très bas » ont souvent comme point commun le fait de se trouver sur de petits cours d’eau, dans la partie supérieure de bassins versants offrant peu de possibilités de rétention. Ils réagissent donc rapidement aux précipitations, avec des pics intenses et un rapide retour à des valeurs très basses. Un bel exemple de ce type de cours d’eau est l’Allenbach dans l’Oberland bernois :
A l’inverse, des rivières de moyenne importance comme la Venoge, mesurée en fin de parcours à Ecublens, avec un bassin versant riche en possibilités de rétention d’eau (molasse), offrent un profil plus « lisse » avec des pics marqués mais une baisse des niveaux nettement plus lente que les rivières plus petites situées dans un environnement très rocheux.
Tous les lacs suisses affichent en ce moment des niveaux normaux ou supérieurs aux valeurs de référence. Le Léman est actuellement à un niveau plus élevé que la norme, comme le montre la station de St-Prex, avec des valeurs assez proches du premier degré de danger de niveau 2. Sur les 7 derniers jours, son niveau a d’ailleurs augmenté ; à noter cependant que le Léman est régulé par le barrage du Seujet.
Pour les deux graphiques ci-dessous, nous rendons le lecteur attentif à l’échelle des valeurs, les variations de niveau se chiffrant en centimètres…
Quant aux lacs de Neuchâtel, Bienne et Morat, ils affichent tous trois des valeurs normales pour la saison. L’évolution du niveau du lac de Neuchâtel à la station de Neuchâtel montre une nette tendance à la baisse entre fin août et mi-septembre – probablement consécutive à la brève sécheresse de fin d’été – suivie d’une stabilisation sur les 20 derniers jours.
Enfin et pour conclure, penchons-nous quelques instants sur les débits et niveau des eaux souterraines. Ici encore, l’optimisme est de rigueur puisque – à deux exceptions près – toutes les stations de mesure affichent des valeurs normales ou supérieures à la période de référence. Ajoutons même que la plupart des stations indiquent des niveaux à la hausse ou stables, quelques-unes il est vrai à la baisse, notamment dans le nord du Jura. Il faut toutefois garder à l’esprit que les valeurs des eaux souterraines – débit ou niveau – sont nettement moins réactives que les eaux de surface aux précipitations.
A titre d’exemple, les eaux souterraines mesurées à Savigny (VD) affichent en ce moment des valeurs élevées, après avoir atteint des niveaux relativement bas à fin août, au sortir d’une période plutôt sèche.
Idem à Montmagny (entre les lacs de Morat et Neuchâtel), avec des débits d’eau réjouissants, parfaitement stables et dans la norme.
En résumé, tout va bien ! En tous les cas si l’on parle du niveau des eaux en Suisse… Les réservoirs sont pleins, un nouvel arrosage est attendu pour samedi et aucune période sèche significative ne se profile. Pour ceux qui souhaitent butiner un peu au gré des différentes stations, nous les renvoyons au très intéressant site de l’OFEV.