La situation de ce jour est une excellente occasion d’illustrer la versatilité, ou la variabilité potentielle du temps en un point donné.
Certaines situations sont relativement prévisibles, par exemple l’arrivée d’un front depuis l’ouest. Celui-ci va peu à peu toucher toutes les régions avec des quantités de pluie relativement homogènes, le défi principal étant son horaire d’arrivée à chaque point. Une ligne orageuse sera déjà plus délicate, même si, elle aussi, va toucher l’ensemble des régions. Son horaire d’arrivée à chaque point pourrait être relativement aisé à prévoir, du moins à court terme. Les quantités de pluie (sans compter les rafales de vent ou la présence de grêle) qu’elle va laisser derrière elle seront par contre nettement plus variable, du fait qu’elle sera composée d’un ensemble de cellules orageuses plus ou moins liées entre elles, certaines très intenses, d’autres plus faibles.
Il existe par contre des situations météorologiques, où les « objets » météorologiques » n’ont pratiquement pas de lien entre eux. Ils dépendront d’un contexte général favorable à leur formation, mais aussi de détails très régionaux. Cela pourra être la présence d’une éclaircie dans un ciel globalement nuageux, la chaleur dégagée au-dessus d’une forêt (la couleur sombre renvoyant de la chaleur), la présence d’une étendue d’eau qui pourra localement nourrir davantage les cumulus de l’humidité évaporée, etc..
Nous sommes aujourd’hui dans une situation de ce type. Le contexte général est un courant de sud-ouest légèrement instable, encore chaud et de plus en plus humide, qui favorise la formation d’averses à composante orageuse, avec un potentiel de forte intensité de pluie. Celles-ci se forment ici ou là, en partie sur la France voisine, puis sont dirigées vers nos régions par le courant de sud-ouest. Elles vont aussi se former en partie sur place, surtout en montagne, et en particulier dans les Préalpes. Chaque cellule est relativement individualisée, son intensité est variable, mais certaines pourront être nettement plus virulentes que d’autres. Reste à connaître l’endroit où elles vont se former, puis leur trajectoire et leur durée. Et c’est là que le bât blesse. L’échelle des ces averses rend leur prévision extrêmement difficile. Une fois passées, il y a fort à parier que la carte des cumuls de pluie qu’elles auront générés montrera une forte variabilité locale, certains points auront été peu touchés, d’autres pourront avoir vu 30, 50 litres au mètre carré, voire plus.
Il s’agit typiquement d’un cas où la carte d’animation radar à disposition sur notre application risque d’induire en erreur ses utilisateurs. Un même point pourra voir sa prévision de pluie changer toutes les 10 minutes, passant de sec à très pluvieux et vice versa, ceci toute l’après-midi, puis à nouveau la nuit prochaine.