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Alors que les températures sont à la baisse depuis le début de la semaine, plusieurs cellules orageuses vigoureuses ont traversé nos régions aujourd'hui. Retour sur les causes de l’instabilité dans ce contexte spécifique.

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Alors que les températures sont à la baisse depuis le début de la semaine, plusieurs cellules orageuses vigoureuses ont traversé nos régions aujourd'hui. Retour sur les causes de l’instabilité dans ce contexte spécifique.
L’activité orageuse d’aujourd’hui n’a pas été précédée d’une chaleur étouffante, et pour cause, c’est bien plus haut qu’il fallait chercher pour en trouver les ingrédients. Depuis quelques jours, une dépression très creusée s’est établie sur le nord des Îles Britanniques. Elle dirige un courant de sud-ouest sur la Suisse. On retrouve également une limite de masse d’air au voisinage des Alpes. Cette limite a progressé vers l’est au fil des jours, ce qui s’est traduit par un léger refroidissement dans nos régions.
C’est justement l’approche de cette zone plus froide qui a servi de déclencheur aux orages d’aujourd’hui. Concrètement, cet air plus froid est associé à une branche de jet (zone de vent fort en altitude) qui, dans certaines zones en son sein, favorise le soulèvement et donc le déclenchement d’averses ou d’orages. De surcroît, la différence de vitesse du vent entre le sol et les plus hautes altitudes – ou le « cisaillement » – favorise le déclenchement de phénomènes potentiellement violents tels que de fortes rafales de vent ou encore des chutes de grêle.
En plus de ces ingrédients, les régions situées à l’est de la Romandie doivent compter avec un facteur aggravant : le foehn. C’est encore une fois la présence d’une profonde dépression sur le nord de l’Europe, en contraste avec un champ de pression plus élevées au sud des Alpes, qui induit un courant de foehn. Or, le courant dominant sur le Plateau suisse aujourd’hui provient du sud-ouest. La convergence de ces deux courants conduit à un plus fort soulèvement sur le Plateau central et oriental. Cette énergie supplémentaire vient renforcer l’instabilité et pourrait induire des phénomènes plus violents qu’à l’Ouest.
Considérant l’étendue de la ligne orageuse d’aujourd’hui, et sa vitesse de déplacement, l’une des conséquences principales attendue aujourd'hui était le vent, plus précisément les rafales. Ainsi, la probabilité de mesurer des rafales de plus de 70 km/h dépassait les 50% sur le bassin lémanique et dans la Broye alors que les valeurs attendues atteignaient les 100 km/h le long du Jura et dans les Préalpes avec un risque modéré de micro-rafales dépassant les 100 km/h.
À l’heure ou ces lignes sont écrites, les valeurs atteintes en Suisse romande sont plutôt modestes et restent inférieurs aux seuils attendus. La question des micro-rafales reste plus délicate puisque ce phénomène est hautement localisé et donc difficilement mesurable.
Malgré le caractère non-stationnaire des orages d’aujourd’hui, des cumuls localement importants étaient prévus. C’est en particulier le long des reliefs du Jura et des Préalpes que la ligne orageuse pourrait s’accompagner de cumuls atteignant les 30 à 50 mm en quelques heures seulement.
Il est encore trop tôt pour tirer des conclusions sur les cumuls sachant que l’épisode pluvieux se prolongera encore pendant une partie de la soirée, mais les cumuls au voisinage des Préalpes semblent déjà nettement supérieurs à ceux enregistrés dans le reste de la Romandie, comme prévu par le modèle ICON-CH1-EPS.
Il faudra encore compter sur des averses durant une bonne partie de la soirée même si celles-ci se montreront plus éparses et bien moins pluvieuses que celles de l’après-midi.
À moyen terme, la persistance d'un courant de sud-ouest à ouest en altitude devrait encore favoriser des développements orageux à plus ou moins large échelle. Pour l’heure, il faut s'attendre, au minimum, à une activité d’averses jusqu’à dimanche. Plus de détails dans les jours à venir.