Avant d’aborder la situation orageuse de samedi dernier, revenons brièvement sur le climat du Pakistan qui ne ressemble pas à celui de nos contrées. Le Pakistan est un pays situé à une latitude tropicale entre la mer d’Arabie au sud (vers 25 °N) et l’extrémité occidentale de l’Himalaya au nord (vers 37 °N) avec le 2ème sommet le plus haut du monde (K2). Le climat du Pakistan est principalement rythmé par le phénomène de mousson avec une saisonnalité des précipitations très marquée comme le montre le diagramme climatique pour la ville d’Islamabad ci-dessous.
Ce diagramme met en évidence une saison plutôt sèche en avril, mai et entre octobre et janvier, avec des cumuls mensuels ne dépassant généralement pas les 75 mm. En été, de grandes quantités de précipitations tombent, avec jusqu’à 175 mm au mois de juillet au cœur de la mousson. Les plus fortes chaleurs sont aux mois de mai et juin avec des moyennes mensuelles de 27 et 30 °C respectivement, ce qui laisse imaginer des températures maximales journalières étouffantes. C’est d’ailleurs à cette période qu’ont été recensées des vagues de chaleur extrêmes en 2022 et 2024 avec des températures de plus de 50 °C. Sans compter que dans ce climat tropical à subtropical, les masses d’air peuvent être très humides avec des points de rosée élevés, causant un ressenti « lourd » même la nuit.
En cette fin du mois de mai, nous sommes en plein dans cette période chaude, juste avant le début de la mousson. Du 19 au 24 mai, les températures en plaine ont largement passé la barre des 40 °C, et même localement celle des 45 °C dans le centre du Pakistan. Les températures relevées au fil des jours à l’aéroport de Multan dans le centre du Pakistan présentées ci-dessous sont simplement ahurissantes. Les minimales la nuit ne sont guère descendues en dessous de 32 °C pendant plusieurs jours consécutifs.
Comme le montrent les relevés de vent visibles sur le graphique précédent, c’est samedi 24 mai en soirée qu’une ligne orageuse a balayé le centre et le nord du Pakistan, accompagnée de violentes rafales à plus de 40 kt soit environ 75 km/h. Ces vents violents ont non seulement infligé des dégâts aux infrastructures et à la végétation, mais couplés à un historique particulièrement chaud et sec avec par conséquent des sols très secs, ils ont également provoqué de forts soulèvements de poussières, réduisant considérablement la visibilité, perturbant de nombreuses activités. Au bilan, les médias reportent une quinzaine de morts et une centaine de blessés.
Entre le 23 et le 24 mai, une basse pression circulant sur le pays a entraîné de l’air humide et instable dans le centre et le nord du Pakistan. Ce contexte météorologique général propice aux orages avait été anticipé par le département de météorologie du Pakistan et bien cerné par les modèles, notamment les modèles globaux à plus faible résolution comme celui du centre européen. Deux des paramètres représentatifs des orages violents, les rafales maximales de vent et la densité d’impacts de foudre prévue par le modèle IFS du centre européen, mettaient bien en évidence les régions nord et centre du Pakistan concernées samedi 24 mai en fin de journée.
Dans ce contexte très instable, le département de météorologie du Pakistan avait émis un communiqué de presse en amont afin de prévenir la population en décrivant l’évolution prévue, les impacts possibles et recommandations de comportements.
Le contexte du changement climatique favorise probablement ces extrêmes chaleurs. Le service météorologique pakistanais fournit des perspectives mensuelles de températures sur l’ensemble du pays. En comparaison à la norme 1991-2020, l’anomalie est chaude sur tout le territoire, et d’autant plus dans les régions de montagne au nord.