Le temps d’aujourd’hui est printanier et ensoleillé. Des passages nuageux de moyenne altitude la nuit passée ont atténué le rayonnement et donc le refroidissement du sol. Néanmoins, la température mesurée à 5 cm au-dessus du sol en plaine a de nouveau nettement chuté dans la première moitié de la nuit pour atteindre par endroit des valeurs négatives.
En cours de matinée, ces nuages se sont déplacés vers l'est et le ciel s'est montré temporairement sans nuages dans toute la Suisse - ce sera la dernière fois avant un certain temps. Dès la mi-journée, le "parapluie de cirrus" de la dépression "Martinho" s'est approché et a recouvert la Suisse d'ouest en est.
À l'avant de la dépression, de l'air chaud arrive du sud-ouest en direction de l'Europe centrale, tandis que de l'air plus frais restera encore sur le nord de l'Italie jusqu'à samedi soir, bloqué par le relief des Alpes. Dans le courant de la journée de vendredi, une différence de pression sud-nord d'un peu plus de 10 hPa s'établira au-dessus des Alpes. Le foehn qui en résultera devrait balayer la Suisse centrale avec des pointes de rafales pouvant atteindre 100 km/h.
Bien que "Martinho" reste quasiment stationnaire au-dessus du Pays basque, il dirigera dimanche de l'air plus frais vers le nord des Alpes. La différence de pression entre le sud et le nord des Alpes diminuera et le courant de foehn s'affaiblira nettement.

Pour cet épisode de fœhn, des alertes de niveau 2 à 3 sont actives dans les régions à fœhn du versant nord des Alpes. Des informations supplémentaires et continuellement mises à jour sur la situation d'alerte sont disponibles sur l'application de MétéoSuisse ainsi que sur nos pages web dédiées :
En suisse romande, le foehn devrait souffler en Haut-Valais ainsi que dans le Chablais. Il débordera probablement en Vaudaire sur le Haut-Lac.
Poussière du Sahara - comment prévoir ce phénomène ?
L’afflux d’air chaud de vendredi sera accompagné de poussières du Sahara. Au cours des 10 à 20 dernières années, non seulement les méthodes de mesure, mais aussi les outils de prévision du transport de la poussière du Sahara se sont considérablement améliorés. Si vous souhaitez, chères lectrices et chers lecteurs, suivre vous-même activement ce phénomène, nous vous recommandons les trois sites Internet suivants.
Les chercheurs du "Atmospheric Modeling and Weather Forecasting Group - AM&WFG" de l'université d'Athènes ont été l'un des premiers instituts à mettre à disposition sur internet des prévisions de poussières basées sur un modèle météorologique régional. Les météorologues d'Europe et d'ailleurs utilisent ce système pour leurs prévisions de poussières. La visualisation est très intuitive et n'a pas changé au fil des ans, ce qui explique sans doute en partie la popularité de cette source de données.

La valeur la plus importante utilisée pour les prévisions est le "Dust Load", soit la masse de poussière du Sahara exprimée en milligrammes par mètre carré, qui se trouve dans toute la colonne d'air au-dessus de la surface de la terre au moment représenté.
Service de surveillance de l'atmosphère Copernicus, CAMS
CAMS est un projet de recherche de l'Union européenne qui, en se basant sur le modèle de prévision météorologique global IFS, calcule aussi bien des prévisions de transport de poussières que d'autres aérosols et polluants importants dans l'air. Il calcule aussi le rayonnement ultraviolet qui atteint la surface de la Terre.

Dans la situation actuelle, il est intéressant de noter que les prévisions du CAMS ne prévoient depuis plusieurs jours déjà, qu'un nuage de poussière très "dilué" qui atteindra la Suisse vendredi soir. Il faut toutefois tenir compte du fait que le système de prévision CAMS prévoit l’"Aerosol Optical Depth" (AOD), c'est-à-dire l’épaisseur optique de la poussière. L'AOD est une mesure de l'atténuation de la lumière solaire lors de son passage à travers la couche de poussière. Plus la densité optique de la couche de poussière est élevée, moins la lumière du soleil atteint le sol. Dans les Alpes, les prévisions du CAMS indiquent souvent des valeurs AOD plus faibles qu’au-dessus de la plaine. Ceci est lié à l'orographie du modèle : dans le modèle de prévision, il "manque" 2 à 3 km de colonne d'air pouvant contenir des poussières. Par conséquent, l’épaisseur optique au-dessus de l'orographie du modèle est également un peu plus faible, ce qui ne signifie pas pour autant qu'il n'y a pas de poussière.
L'institut de météorologie et de climatologie IMKTRO de l'université de Karlsruhe calcule sa propre version du modèle de prévision météorologique ICON, enrichie d'une "composante poussière" spéciale. Dans les représentations sous forme de cartes, la densité optique de la poussière est représentée de manière analogue à CAMS, ce qui permet de comparer directement ces deux prévisions.
En plus des représentations cartographiques, des "coupes temporelles d'altitude" sont disponibles pour deux localisations. Elles représentent l'évolution temporelle de la répartition verticale des poussières sur les sites de Karlsruhe et d'Augsbourg.

Les deux sites sont suffisamment proches pour être considérés comme représentatifs pour la Suisse. Les concentrations absolues de poussière sont représentées en microgrammes par kilogramme d'air. Dans le cas présent, le système de prévision du KIT s'attend à un nuage de poussière relativement bas, amené par le courant sud-sud-ouest, qui arrivera vendredi en journée et s'éloignera dès la nuit de vendredi à samedi.
Quel que soit le système de prévision considéré, les prévisions concernant la poussière du Sahara sont toujours entachées de grandes incertitudes. La mobilisation de la poussière du sol par le vent est déjà difficile à modéliser, tout comme le lessivage de l'atmosphère par les précipitations en cours de route. Les différences significatives entre les différents systèmes de prévision dans le cas actuel montrent clairement ces incertitudes.