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Une valse dispersée
MétéoSuisse-Blog | 05 février 2025

Pour ce week-end et début de semaine prochaine, une petite goutte froide d’altitude se détachant du courant viendra danser à proximité des Alpes, mais nous ne connaissons pas encore son itinéraire exact.

Le positionnement dispersé de la goutte froide ce week-end et début de semaine prochaine.
Le positionnement dispersé de la goutte froide ce week-end et début de semaine prochaine.
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Fig. 1 : Schéma conceptuel illustrant la configuration d'altitude de la "goutte froide" ou dépression d'altitude qui est détachée du courant jet. Celle-ci tant à se déplacer aléatoirement au sein de la masse d'air, telle une toupie.
Fig. 1 : Schéma conceptuel illustrant la configuration d'altitude de la "goutte froide" ou dépression d'altitude qui est détachée du courant jet. Celle-ci tant à se déplacer aléatoirement au sein de la masse d'air, telle une toupie. (Source : adapté du National Weather Service, NOAA)

Le côté aléatoire des gouttes froides

Lorsque de petites dépressions d’altitude se détachent du courant-jet aux alentours de 9'000 m d’altitude, leurs pèlerinages sont souvent aléatoires, si bien qu’il est fréquemment très difficile de prédire exactement où elles vont migrer et finir par se loger. Une analogie souvent utilisée pour les décrire est celle d’une toupie en rapide rotation sur une table dont on ne sait souvent pas grande chose de la destination finale. Cette incertitude réside dans le fait que ces « gouttes froides » ou petites masses d’air homogènes ne sont plus pilotées par le courant-jet dont elles se sont détachées. A partir de là, elles auront tendance à se déplacer au gré des impulsions les plus proches qui les bousculent, un peu à l’image d’une boule de flipper malmenée par les tampons avec lesquels elle entre en contact.

(Fig 2 : animation de l'évolution du courant jet et de la goutte froide qui s'y détache pour cette fin de semaine, simulée par le modèle européen (IFS-contrôle).)

Grosse dispersion sur le positionnement de la toupie

Que ce soit vendredi, samedi, dimanche ou lundi de la semaine prochaine, la localisation de la goutte froide par rapport aux Alpes n’est pas encore bien cernée. Comme cela est visible sur les 21 solutions (membres) des cartes des niveaux des géopotentiels à 500 hPa (vers 5500 m) du modèle ICON-CH2, son positionnement varie encore considérablement chaque jour de ce week-end et jusqu'à lundi.

Cette dispersion de positionnement de la goutte froide complique passablement la prévision du temps sensible pour cette fin de semaine d’autant plus que, d’un run à l’autre des différents modèles de prévision, la variabilité est tout aussi importante. Afin d'illustrer cette dispersion, voici ci-dessous l'ensoleillement sur 24h prévu par chacun des 21 membres d'ICON-CH2-EPS pour les journées de vendredi à dimanche.

Et si l'on effectue la même comparaison pour les cumuls de précipitations prévues par tranche de 24h par les 21 membres du modèle ICON-CH2-EPS, on retrouve ci-dessous la dispersion suivante pour les journées de vendredi à dimanche.

Cette dispersion parmi les solutions (membres) d'un modèle de prévision ensembliste est également visualisable sous forme de panaches, comme illustré ci-dessous, chaque ligne représentant une solution (membre) différente. Plus le panache est épais, plus la dispersion des solutions est large et donc plus l'incertitude est grande pour l'échéance donnée du paramètre en question.

Fig 6 : Panaches issus du modèle européen (IFS-EPS) montrant la dispersion associées aux 51 membres du modèle pour les températures prévues à la 850 hPa (env. 1500 m), les cumuls de précipitations et pour les niveaux (géopotentiels) à la 500 hPa (env. 5500 m) pour la ville de Genève.
Fig 6 : Panaches issus du modèle européen (IFS-EPS) montrant la dispersion associées aux 51 membres du modèle pour les températures prévues à la 850 hPa (env. 1500 m), les cumuls de précipitations et pour les niveaux (géopotentiels) à la 500 hPa (env. 5500 m) pour la ville de Genève. (Source : modèle IFS-EPS, ECMWF)

Le regroupement (clustering) et les médianes des ensembles

Pour y voir un peu plus clair, les différentes solutions de ces modèles de prévisions ensemblistes peuvent être regroupées selon leurs similarités. Cela permet souvent de faire ressortir 3 à 4 solutions (clusters) qui seraient les plus aptes à se produire. Au final, lorsque les solutions sont aussi dispersées, la meilleure prévision à cette échéance reste souvent celle qui consiste à prévoir la solution médiane des ensembles. Ensuite, à fur et à mesure que l’échéance se rapproche, il devient possible d’apporter davantage de détails à cette prévision grâce à une réduction progressive de cette dispersion et incertitude.

Quelle est pour l’instant la prévision la plus probable pour ce week-end ?

Compte tenu de l’importante dispersion relative au positionnement exact de la goutte froide (dépression d’altitude) en fin de semaine, la prévision est particulièrement délicate et difficile à élaborer. Le plus adapté dans ce genre de situation est d’utiliser les valeurs médianes des solutions ensemblistes pour d’écrire l’évolution la plus probable du temps sensible en attendant d'y voir plus clair. Vous trouverez les valeurs médianes journalières pour l’ensoleillement et les précipitations pour cette fin de semaine ci-dessous. Cette dispersion importante et l'utilisation de ces valeurs ensemblistes sont exploitées par les prévisionnistes qui décrivent en conséquence l'évolution du temps le plus probable dans nos bulletins météos écrits (visualisables en-dessous de la carte Suisse). Réponses ce week-end concernant les solutions (membres) des ensembles et des regroupements (clusters) qui se seront avérés les plus proches de la réalité.