Pour beaucoup d’entre nous, la neige en plaine est un désagrément dont on se passerait bien. Pourtant, il faut reconnaître que, celle-ci exerce aussi un fort pouvoir de fascination, non seulement sur nos têtes blondes, mais également sur une frange non négligeable de la population adulte. Lorsqu’elle tombe jusqu’en plaine, la neige a une saveur particulière, que l’on ne retrouve pas lorsque celle-ci n’enveloppe de son manteau que les régions de montagne, lieu où sa présence va de soi durant la saison hivernale dans notre imaginaire, même en cette époque de réchauffement climatique.
La recette pour une copieuse chute de neige en plaine
Mais tout d’abord, il est nécessaire de rappeler les ingrédients qui entrent dans la recette d’une chute de neige en plaine, a fortiori une abondante chute de neige.
Pour fabriquer des flocons, nous avons besoin de froid, avec des températures nettement inférieures à zéro degré, et d’humidité. Le problème est que plus l’air est froid, moins il est capable de contenir de grandes quantités d’humidité. Pour la Suisse romande, les sources d’air froid et humide sont la mer du Nord ou la mer de Norvège, mais ces masses d’air maritimes nous arrivent avec des températures souvent légèrement positives en plaine et même si elles sont humides, la teneur en humidité est généralement insuffisante pour donner autre chose que quelques averses de neige mouillée. Seules les régions de montagne exposées à ces vents froids et humides peuvent tirer leur épingle du jeu en soulevant ces masses d’air et provoquer des chutes de neige par barrage. Dans le cas d’une masse d’air continental très froid en provenance du nord-est, l’humidité fait presque totalement défaut et le risque de neige diminue drastiquement.
En fait, le secret pour obtenir d’abondantes chutes de neige est d’associer de l’air très froid dans les basses couches à de l’air doux et très humide dans les couches supérieures. Mais pour que la mayonnaise prenne, un équilibre subtil est indispensable. Si la couche d’air froid (inférieure au zéro degré C) proche du sol est trop mince, c’est-à-dire avec un sommet de la couche inférieur à l’isotherme du zéro degré de l’air chaud, nous n’aurons pas de la neige mais de la pluie verglaçante. Dans le cas d’une couche d’air froid trop épaisse, l’apport d’air humide assuré par l’air doux sera entravé et les chutes de neige demeureront modestes.
Dans nos régions de plaine du bassin lémanique, l'équilibre parfait est difficile à obtenir de façon durable et ne survient que lors de concours de circonstance.