Le stratus rend visible la stratification de l’atmosphère, très marquée dans les situations de haute pression durant lesquelles l’air tend à s’abaisser de la très haute altitude en direction du sol, dans un phénomène appelé la « subsidence ». Ce faisant, il se comprime, se réchauffe et s’assèche, obéissant ainsi sans le savoir aux lois de la thermodynamique.
En hiver toutefois, la couche d’atmosphère très proche du sol, refroidie par une récente advection froide ou nuitamment par le rayonnement infrarouge de la Terre (surtout si la neige est présente au sol), couche nettement plus lourde, plus humide et plus dense que l’air en provenance de la haute troposphère, ne bouge pas d’un iota ! On donne à cette épaisseur d’atmosphère – réfractaire à tout assèchement – le nom assez imagé de « lac d’air froid », dont le stratus marque la limite supérieure.
A noter toutefois que si la présence de stratus garantit celle d’un lac d’air froid, l’inverse n’est pas vrai. Un lac d’air froid peut parfaitement être présent sans stratus pour le matérialiser. C’est d’ailleurs le cas en Valais central à l’heure où votre serviteur écrit ces lignes, avec des températures positives à Montana (1500 m) et négatives à Sion (500 m) :
Si déterminer la limite supérieure de stratus est chose « relativement » aisée, prévoir sa dissipation est en revanche un véritable casse-tête tant cette dernière obéit à des lois complexes et parfois contradictoires.
Par exemple, une forte subsidence tend à abaisser la limite supérieure du stratus, ce qui augmente ses chances de dissipation (début février, un stratus à 1500 m a 75 % de chance de ne pas se dissiper ; s’il est à 1000 m, la probabilité de persistance tombe à 60 % et elle n’est plus que de 35 % au-dessous de 800 m). Mais dans le même temps, une forte subsidence renforce l’inversion de température, ce qui diminue les chances de dissipation…
Hauteur du soleil sur l’horizon, vitesse et direction du vent, température et taux d’humidité de l’air en basse couche, force de la subsidence, inversion plus ou moins marquée, présence ou non de neige au sol, et même topographie, autant de facteurs qui ont une influence sur la persistance du stratus… et sur la confiance des prévisionnistes chargés de prévoir sa dissipation et très désireux de terminer leur tour pour refiler la patate chaude à leur successeur.
Ils peuvent toutefois se raccrocher à leur expérience et à l’historique de la situation ; si cette dernière évolue très lentement, on peut souvent partir de l’idée qu’aujourd’hui sera très semblable à hier.
Ça ne marche pas toujours, comme par exemple aujourd'hui... mais c’est un bon début.