Corridor à air froid en hiver
Mais pourquoi observe-t-on aussi souvent ces coulées d'air froid en Amérique du Nord et à des latitudes aussi basses?
Lorsque l'on passe en revue l'ensemble des cas d'une certaine ampleur, une constatation s'impose : le déferlement d'air froid a très souvent lieu à l'est des Montagnes rocheuses alors que l'ouest de l'Amérique du Nord est bien moins souvent touché et avec une ampleur moindre. Cette différence n'est pas le fruit du hasard mais est dictée par le relief continental. À l'inverse de l'Europe, où les principales chaînes de montagnes ont une orientation latitudinale (ouest-est), les chaînes de montagnes nord-américaines sont orientées de manière longitudinale (axe nord-sud). Ces imposantes barrières montagneuses modifient en profondeur l'écoulement des masses d'air. Le flux d'ouest que l'on observe généralement aux latitudes moyennes en est fortement perturbé. Pour couronner le tout, le continent nord-américain est fortement évasé vers le nord, avec une vaste zone continentale sur l'arctique canadien. En hiver, dans cette région, aucune étendue marine significative ne vient tempérer l'intense refroidissement saisonnier. Ainsi, d'importantes masses d'air glacial se forment et ne demandent qu'à déferler vers le sud. La barrière des rocheuses agit comme un véritable toboggan pour ces masses d'air froid et facilite leur glissement vers le sud. Lorsque cet air froid vient buter contre le relief moins élevé de la chaîne des Appalaches, l'air froid de basse couche est dévié le long de la vallée de L'Ohio et du Mississipi pour finir dans le golfe du Mexique. C'est donc une sorte d'entonnoir géant qui dirige l'air glacé vers les eaux tièdes du golfe du Mexique.
Dans certains cas, l'air froid peut atteindre sans encombre la péninsule du Yucatan et Cuba, mais son transit sur les eaux chaudes du golfe du Mexique tempère quelque peu la masse d'air arctique.