D’étranges galettes de glace sont apparues à la surface de certains lacs et étangs jurassiens à la fin de l’année 2024, suscitant l’étonnement. Voici l’explication qui nous semble la plus probable.
Les Nord-Américains parlent de « pancake ice », qu’on pourrait avantageusement traduire par « crêpes de glace ». Il s’agit d’un phénomène qui peut se produire dans les mers, lacs et rivières des régions polaires. Trois conditions sont nécessaires : une étendue d’eau ou une rivière très froide, des températures de l’air nettement en dessous de 0 °C et une surface de l’eau légèrement agitée, soit par du vent, soit par du courant. Un quatrième facteur, la présence de brouillard givrant, permettra de blanchir et de rendre plus visible la surface des plaques de glace flottantes.
Avec des températures en baisse, l’eau de surface va commencer à geler, mais l’agitation de l’eau, le clapotis des vaguelettes va l’empêcher de geler d’un seul tenant. Il va alors se former des plaques de glace qui vont s’entrechoquer légèrement, tourner sur elles-mêmes, et prendre peu à peu une forme arrondie. Ces crêpes de glace flottent ensuite à la surface l’eau et peuvent grandir, leur taille variant d’environ 30 cm jusqu’à 3 m de diamètre, et leur épaisseur de 1 à 10 cm.
Ces conditions étaient probablement réunies autour du 28 au 30 décembre derniers dans certains vallons jurassiens, notamment au lac des Rousses, mais aussi à l’étang de la Gruère, dans les Franches-Montagnes. Nous étions alors depuis plusieurs jours dans une zone de haute pression, avec de l’air sec, la formation de lacs d’air froid dans les basses couches, notamment les vallons jurassiens. La température est alors descendue nettement en dessous de 0 °C dans ces vallons, entre -12 et -24 °C par exemple à la Brévine. Le 28 décembre, une légère bise a pu agiter suffisamment les surfaces d'eau pour que les "crêpes de glace" prennent une belle forme arrondie. Une fois formées, du givre à dû se déposer à leur surface, en raison du brouillard givrant qui s’est peu à peu formé au fil des jours. Le reste de la surface de l’eau étant encore liquide, seules les plaques de glace ont vu le givre s’accumuler, formant une belle épaisseur comme on peut le voir sur les images. Au fil des jours, la température ayant continué de descendre, l’ensemble de l’étang de la Gruère ou une bonne partie du lac des Rousses a alors gelé, permettant de relier les « crêpes de glace » entre elles d’une manière très photogénique.
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