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2024 : Hiver le plus doux depuis le début des mesures, printemps arrosé, été chaud avec de graves intempéries

MétéoSuisse-Blog | 20 décembre 2024

La Suisse a de nouveau connu une année extrêmement chaude. Elle a commencé par l'hiver le plus doux depuis le début des mesures. Le printemps s'est révélé particulièrement pluvieux dans de nombreuses régions, notamment au Sud des Alpes. L'été a connu le deuxième mois d'août le plus chaud depuis le début des mesures et quelques graves intempéries. A la fin de l'automne, les régions de plaine des deux côtés des Alpes ont enregistré des chutes de neige record.

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Température annuelle proche des records

La moyenne nationale de la température annuelle est actuellement de 7,22 °C (état au 18.12.2024). L'année 2024 se situe donc actuellement 1,4 °C au-dessus de la norme 1991-2020. L'année 2023 a atteint une moyenne nationale de 7,25 °C. La valeur la plus élevée depuis le début des mesures en 1864 a été enregistrée en 2022, avec 7,42 °C.

Dans certains sites des Alpes centrales et orientales, on peut s'attendre à un nouveau record annuel, comme par exemple à Andermatt, à Elm, à Davos ou au Säntis.

Au Sud des Alpes, il s'agira probablement de la troisième année la plus chaude en moyenne régionale depuis le début des mesures en 1864. Il a fait légèrement plus chaud en 2023. La première place est occupée par l'année 2022.

La température annuelle en Suisse est aujourd'hui 2,9 °C plus chaude que pendant la période de référence préindustrielle 1871-1900 (tendance climatique rouge sur la Figure 2).

L'hiver le plus doux depuis le début des mesures

La Suisse a connu l'hiver le plus doux depuis le début des mesures en 1864. La température de l’hiver 2023/24 a dépassé la norme 1991-2020 de 2,8 °C. L'hiver 2019/20 avait été tout aussi doux avec un dépassement de la norme de 2,6 °C.

Douceur remarquable en février

Le mois de décembre 2023 a dépassé de 2,0 °C la norme 1991-2020. Il s'agit du cinquième mois de décembre le plus doux depuis le début des mesures en 1864. Le mois de janvier 2024 s'est également montré très doux avec 1,6 °C au-dessus de la norme. Localement, il s’agit de l'un des mois de janvier les plus doux depuis le début des mesures. Plusieurs sites ont mesuré des records de températures maximales journalières.

La température en février 2024 a atteint un nouveau record net avec 4,6 °C au-dessus de la norme 1991-2020. Sur l'ensemble des mois, il s'agit du deuxième écart positif mensuel le plus élevé depuis le début des mesures en 1864. Seul le mois de juin 2003, avec 4,7 °C au-dessus de la norme 1991-2020, a présenté un écart positif légèrement plus élevé. La douceur remarquable en février correspondrait à un mois de mars plus doux que la moyenne.

Au Sud des Alpes, la douceur en février a dépassé localement et nettement les valeurs connues jusqu'à présent. Ainsi, à Poschiavo, le mois a dépassé de 1,6 °C l'ancienne valeur maximale de février 2020. Le foehn du nord a certainement contribué à cette douceur exceptionnelle en février. Du 2 au 5 février, il a apporté des conditions très douces dans certaines régions du Sud.

Un hiver riche en précipitations

En décembre 2023, les précipitations en Suisse ont souvent été largement excédentaires. Sur plus de 90 sites, il a fait partie des cinq, voire des trois mois de décembre les plus arrosés depuis le début des mesures. Localement, des records ont été battus. En janvier, le Nord des Alpes a reçu des précipitations globalement excédentaires. Enfin, le Sud des Alpes et l’Engadine ont enregistré localement le mois de février le plus arrosé ou le deuxième plus arrosé depuis le début des mesures.

Sur l'ensemble de l'hiver 2023/24, les sommes de précipitations ont souvent atteint l’équivalent de 130 à 160 % de la norme 1991-2020. En Engadine, les valeurs se sont généralement situées autour de 180 % de la norme. Au Sud des Alpes, il y a eu localement des cumuls hivernaux supérieurs à 180 % de la norme. Localement, il s’agit de l'un des dix hivers les plus pluvieux depuis le début des mesures.

Beaucoup de neige dans les Alpes orientales

Aux hautes altitudes des Alpes orientales, l'enneigement a été nettement supérieur à la moyenne 1991-2020 tout au long de l'hiver. Dans les autres régions montagneuses du Nord des Alpes et du Valais, des hauteurs de neige supérieures à la moyenne ont été enregistrées pendant une période prolongée au début de l'hiver.

Dans les montagnes du Sud des Alpes, des quantités considérables de neige fraîche sont tombées, surtout entre fin février et début mars. Ce n'est qu'à partir de cette date que le manteau neigeux du Sud des Alpes a évolué pendant une période prolongée nettement au-dessus de la moyenne 1991-2020.

Un printemps doux, arrosé et peu ensoleillé

La température durant le printemps 2024 a dépassé la norme de 0,8 °C en moyenne nationale. Il s’agit du 7e printemps le plus chaud depuis 1864. Le mois de mars s'est montré plus doux que la moyenne, tandis que la température en avril a été légèrement supérieure à la norme et celle de mai proche de la norme.

Dans la plupart des régions de Suisse, les précipitations durant le printemps 2024 ont été excédentaires. Les conditions très humides au Sud des Alpes et les régions limitrophes ont été frappantes. Les mois de mars et mai, souvent très pluvieux, ont contribué à ce printemps arrosé. Plusieurs sites avec des séries de mesures de plus de 100 ans ont enregistré l'un des dix printemps les plus arrosés. Pour certains d'entre eux, il s'agit de l'un des trois printemps les plus arrosés. Elm (GL) a même connu son printemps le plus pluvieux depuis le début des mesures en 1878, avec environ 600 mm. Seul le printemps 1896 s’était montré aussi arrosé.

L’ensoleillement durant de le printemps 2024 n’a souvent atteint que l’équivalent de 70 à 80 % de la norme 1991-2020. Sur plusieurs sites, il s’agit de l'un des dix printemps les moins ensoleillés depuis le début des mesures. Samedan, en Haute-Engadine, a enregistré le printemps le moins ensoleillé depuis le début des mesures en 1901. La dernière fois que le printemps avait été aussi peu ensoleillé là-bas, c'était en 1988.

Juillet chaud, deuxième mois d'août le plus chaud

La moyenne nationale des températures de l’été 2024 a été supérieure de 1,6 °C à la norme 1991-2020. Il s'agit du 6e été le plus chaud depuis le début des mesures en 1864. Dans les Alpes, il s'agit localement du troisième ou quatrième été le plus chaud depuis le début des mesures.

La température en juin à l'échelle nationale a à peine dépassé la norme 1991-2020. Au Sud des Alpes, elle est restée légèrement inférieure à la norme en de nombreux endroits. Par la suite, la Suisse a connu le 10e mois de juillet le plus chaud depuis le début des mesures en 1864. Sur certains sites en altitude et au Sud des Alpes, il s’agit localement de l'un des cinq mois de juillet les plus chauds depuis le début des mesures.

L'été s'est terminé par le deuxième mois d'août le plus chaud depuis le début des mesures en 1864. Neuf sites avec des séries de mesures de plus de 60 ans ont enregistré le mois d'août le plus chaud depuis le début des mesures. Au Weissfluhjoch et au Säntis, il s’agit même du mois le plus chaud jamais enregistré depuis le début des mesures.

Avec un mois d'août extrêmement chaud, le Sud des Alpes a connu un nombre inhabituel de nuits tropicales. Lugano a enregistré le nombre record de 41 nuits tropicales pendant les trois mois d'été. Le précédent record, établi lors de l’été caniculaire de 2003, a été nettement plus bas avec 33 nuits tropicales.

Juin régionalement arrosé, août très ensoleillé

Les trois mois de l’été 2024 réunis ont connu des précipitations globalement déficitaires, de l'ordre de 70 à 90 % de la norme 1991-2020. Au Sud des Alpes, certains sites ont mesuré moins de 60 % de la norme estivale.

Les quantités en juin ont atteint dans certaines régions 140 à 180 % de la norme 1991-2020. Au Nord des Alpes, il a localement été enregistré l'un des mois de juin les plus arrosés depuis le début des mesures. En revanche, en juillet et en août, les sommes mensuelles sont souvent restées inférieures à la moyenne. De nombreux sites avec des séries de mesures de plus de 60 ans ont signalé l'un des dix mois d'août les moins pluvieux. Dans quelques sites, il s'agit même du mois d'août le moins pluvieux depuis le début des mesures.

Après un mois de juin gris et un mois de juillet moyennement ensoleillé, le mois d'août a connu un ensoleillement généreux. En de nombreux endroits, l’ensoleillement a oscillé entre 120 et 130 % de la norme 1991-2020. Certains sites avec des séries de mesures de plus de 60 ans ont enregistré l'un des dix mois d'août les plus ensoleillés. A Genève et à Locarno Monti, il s’agit du deuxième mois d'août le plus ensoleillé depuis le début des mesures.

De graves intempéries durant l’été

Le mois de mai déjà copieusement arrosé avec de fortes précipitations à la fin du mois et d'autres fortes précipitations dans les premiers jours de juin, ont entraîné une situation tendue de crue avec des inondations en Suisse orientale, du lac des Quatre-Cantons au lac de Constance, ainsi que le long du Rhin.

Du 20 au 21 juin, de l'air chaud et humide transporté depuis le sud à travers les Alpes a apporté de fortes précipitations dans les vallées du sud du Valais et au Sud des Alpes. Conjuguées à la fonte des neiges suite aux chaleurs des jours précédents, elles ont entraîné d'importantes quantités d'écoulement. Dans les régions de Zermatt (Valais) et de la Mesolcina (Sud des Alpes), les ruisseaux en crue et les masses d'éboulis emportées ont provoqué d’importants dégâts.

Le 29 juin, de l'air humide et instable a été transporté vers les Alpes à partir du sud. De puissants orages se sont abattus sur certaines parties du Haut-Valais et du Tessin, apportant d'énormes quantités de précipitations en peu de temps. Les énormes quantités de pluie ont fait gonfler massivement les ruisseaux et les rivières en peu de temps et les ont fait sortir de leur lit. Les crues et les masses d'éboulis charriées par les torrents ont de nouveau provoqué d’importants dégâts.

Du 6 au 7 juillet, de grandes quantités de pluie se sont abattues du Sud du Tessin à la Haute-Engadine en passant par le val Bregaglia. L'eau des ruisseaux en crue et les masses d'éboulis entraînées ont provoqué localement des dégâts. Ces dégâts ont toutefois été beaucoup moins importants que lors des intempéries dévastatrices en juin dernier.

Le 12 août, de violents orages ont éclaté localement au-dessus de l'Oberland bernois avec de grandes quantités de pluie en peu de temps. Des masses d'eau et d'alluvions ont causé d'importants dégâts aux maisons, aux routes et aux installations ferroviaires à Brienz. La route et la ligne de chemin de fer menant à Grindelwald ont également été coupées par des masses d'eau et d'alluvions.

Un automne doux avec un dernier mois ensoleillé

Avec un excédent thermique de 0,9 °C par rapport à la norme 1991-2020, la Suisse a enregistré le 9e automne le plus chaud depuis le début des mesures en 1864. Après un mois de septembre légèrement trop frais par rapport à la norme, les mois d'octobre et de novembre se sont montrés particulièrement doux, notamment en altitude. En moyenne nationale, le 8e mois d'octobre le plus chaud a été enregistré depuis le début des mesures, et localement le 5e le plus chaud en altitude. Par la suite, certains sites alpins ont enregistré l'un des mois de novembre les plus doux depuis le début des mesures.

Les trois mois de l’automne 2024 ont été marqués par des précipitations excédentaires dans de nombreuses régions. L'ensoleillement automnal est resté déficitaire en raison des mois de septembre et d’octobre qui se sont montrés gris. Localement, on a enregistré le mois d'octobre le moins ensoleillé depuis plus de 20 ans. En novembre, un temps anticyclonique persistant a apporté un ensoleillement excédentaire dans la plupart des régions de Suisse. Dans les Alpes, on a enregistré localement le deuxième mois de novembre le plus ensoleillé depuis le début des mesures.

Deux puissants épisodes hivernaux

Une importante chute des températures a provoqué localement des quantités de neige exceptionnelles en altitude au cours de la première quinzaine de septembre. A Arosa, 44 cm de neige fraîche sont tombés jusqu'au milieu du mois, ce qui en fait la sixième plus grande quantité de neige fraîche pour une première quinzaine de septembre.

De fortes chutes de neige au cours du dernière décade de novembre ont permis d'établir des records de neige fraîche sur 1 jour sur les régions de plaine des deux côtés des Alpes. Lucerne a enregistré 42 cm, de loin la valeur la plus élevée en novembre dans la série de mesures disponibles depuis 1883. Parallèlement, Lucerne a même enregistré le plus grand cumul de neige fraîche sur 1 jour tous mois confondus depuis le début des mesures.

Poussières du Sahara et aurores boréales

Durant le week-end de Pâques, entre fin mars et début avril 2024, un puissant courant du sud-ouest a amené beaucoup de poussière du Sahara vers la Suisse. L'après-midi du Vendredi-Saint, la poussière s'est déplacée en voiles épais depuis le sud au-dessus des Alpes et la visibilité a drastiquement diminué en peu de temps. En de nombreux endroits, la visibilité s'est réduite à 5 ou 7 km. Ce n'est que le dimanche de Pâques que l'air est redevenu plus clair.

Du 10 au 11 mai 2024 et du 10 au 11 octobre 2024, de magnifiques aurores boréales ont pu être observées en Suisse. Grâce à la clarté du ciel, elles ont été bien visibles dans la nuit du 10 au 11 mai. Du 10 au 11 octobre, il a fallu un peu de chance, car il y avait en de nombreux endroits des nuages assez denses qui ont limité la vue sur le ciel nocturne coloré.

Bilan annuel

En 2024, la température annuelle au Nord des Alpes et au Sud des Alpes a souvent dépassé la norme 1991-2020 de 1,0 à 1,5 °C. Dans les Alpes, les valeurs ont généralement oscillé entre 1,3 et 1,8 °C au-dessus de la norme. En moyenne nationale, la température annuelle a dépassé de 1,3 °C la norme 1991-2020.

Les sommes pluviométriques en 2024 ont atteint l’équivalent de 90 à 115 % de la norme 1991-2020 dans la plupart des régions de Suisse. Sur le Plateau central et oriental ainsi qu'en Valais, les valeurs ont atteint localement 120 à 130 % de la norme. Stabio, dans le Sud du Tessin, devrait enregistrer la quatrième année la plus arrosée depuis le début des mesures en 1982, avec près de 150 % de la norme. Hallau (SH), avec un peu plus de 130 % de la norme, devrait connaître la troisième année la plus arrosée depuis le début des mesures en 1959.

L’ensoleillement en 2024 a souvent atteint l’équivalent de 80 à 90 % de la norme 1991-2020. Seul le site du Hörnli dans l'Oberland zurichois a mesuré presque 100 % de la norme. Dans les Alpes, certains sites ont enregistré l'une des années les moins ensoleillées depuis le début des mesures.

Le bulletin définitif de l’année 2024 sera disponible à partir du 15 janvier 2025 dans la rubrique Publications.