Analyse de l’image du jour
Grâce à ces informations, nous pouvons maintenant analyser l’image satellite ci-dessus. Une version animée ci-dessous permet également de visualiser le mouvement des masses d’air.
La longue bande nuageuse qui s’étend sur l’Atlantique du Portugal à l’Irlande (1) représente de l’air qui monte du niveau de la mer jusque dans la haute troposphère et forme ainsi une épaisse masse nuageuse qui donne des précipitations étendues. Cet air ascendant représente ce que l’on appelle une warm conveyor belt.
À l’ouest et au nord de cette bande, se trouve de l’air maritime polaire (2) froid et riche en ozone que l’on voit en violet. En rouge (3), on retrouve de l’air sec stratosphérique qui s’écoule dans un vaste couloir dépressionnaire.
À l’est de cette bande nuageuse, on retrouve en vert de l’air tropical (4) pauvre en ozone et riche en humidité dans la haute troposphère. C’est le couloir dépressionnaire présent sur l’Atlantique qui transporte cet air de la péninsule ibérique jusqu’à la Grande Bretagne.
Finalement, on distingue juste au nord de la Suisse une « tache » rouge qui tourbillonne (5). Elle représente une dépression d’altitude qui n’est rien d’autre que de l’air polaire stratosphérique qui se retrouve isolé dans une masse d’air tropical. Cet air polaire en altitude est nettement plus froid que l’air tropical qui l’entoure. C’est pourquoi on appelle ces dépressions d’altitude « goutte froide ». Elles ont un impact significatif sur le temps qu’il fait dans la mesure où elles conduisent à une déstabilisation de la masse d’air, ce qui est propice à la formation d’averses. C’est d’ailleurs cette goutte froide qui explique le temps atypique que nous avons aujourd’hui. D’une part, une situation anticyclonique dans les basses couches a conduit à du stratus, synonyme de stabilité. D’autre part, la dépression en altitude a conduit à la formation d’averses en dessus du stratus où règne une masse d’air beaucoup plus instable. Cette ambivalence se retrouve très bien dans l’image ci-dessous prise depuis le Salève. On voit bien à la fois des restes de stratus en dessous et des nuages plus instables en dessus, ainsi qu’un arc-en-ciel, témoignant de la présence d’averses.