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La beauté des images satellites

MétéoSuisse-Blog | 24 octobre 2024
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La météorologie nous offre des opportunités uniques pour admirer des phénomènes atmosphériques. Certains sont visibles à l’œil nu, comme les nuages et les différentes couleurs qu’ils peuvent prendre en fonction de la position du soleil. D’autres caractéristiques sont invisibles, comme le contenu en humidité et en ozone de la masse d’air. Les satellites météorologiques nous offrent alors une opportunité unique pour observer l’atmosphère sous une différente perspective. C’est ce que nous proposons dans le blog d’aujourd’hui en analysant l’image satellite actuelle.

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Visualiser les différentes masses d'air

Les satellites météo permettent de visualiser la Terre et son atmosphère depuis l’espace. On distingue deux types de produits satellites : les images en vraie couleur et en fausse couleur. Les images en vrai couleur représentent simplement ce qu’un humain verrait depuis l’espace. Cela offre de belles images, mais est limité à ce que notre œil voit, c’est-à-dire le spectre du visible, qui ne constitue qu’une petite partie du spectre électromagnétique. En revanche, les images en fausse couleur permettent de visualiser des longueurs d’ondes qui ne sont pas visibles pour notre œil en leur attribuant des couleurs spécifiques. C’est ce procédé qui est utilisé dans l’image ci-dessus pour visualiser les différentes masses d’air.

Deux canaux dans l’infrarouge sont utilisés pour visualiser le contenu en ozone de l’atmosphère. Les tons verdâtres représentent des masses d’air pauvres en ozone, typique de l’air tropical. Les tons violets symbolisent de l’air polaire, froid et riche en ozone. Deux autres canaux sensibles à la vapeur d’eau représentent l’humidité dans la haute troposphère. Les tons rougeâtres représentent de l’air sec dans la haute troposphère tandis que les tons bleus indiquent de l’air humide dans la haute troposphère.

Analyse de l’image du jour

Grâce à ces informations, nous pouvons maintenant analyser l’image satellite ci-dessus. Une version animée ci-dessous permet également de visualiser le mouvement des masses d’air.

La longue bande nuageuse qui s’étend sur l’Atlantique du Portugal à l’Irlande (1) représente de l’air qui monte du niveau de la mer jusque dans la haute troposphère et forme ainsi une épaisse masse nuageuse qui donne des précipitations étendues. Cet air ascendant représente ce que l’on appelle une warm conveyor belt.

À l’ouest et au nord de cette bande, se trouve de l’air maritime polaire (2) froid et riche en ozone que l’on voit en violet. En rouge (3), on retrouve de l’air sec stratosphérique qui s’écoule dans un vaste couloir dépressionnaire.

À l’est de cette bande nuageuse, on retrouve en vert de l’air tropical (4) pauvre en ozone et riche en humidité dans la haute troposphère. C’est le couloir dépressionnaire présent sur l’Atlantique qui transporte cet air de la péninsule ibérique jusqu’à la Grande Bretagne.

Finalement, on distingue juste au nord de la Suisse une « tache » rouge qui tourbillonne (5). Elle représente une dépression d’altitude qui n’est rien d’autre que de l’air polaire stratosphérique qui se retrouve isolé dans une masse d’air tropical. Cet air polaire en altitude est nettement plus froid que l’air tropical qui l’entoure. C’est pourquoi on appelle ces dépressions d’altitude « goutte froide ». Elles ont un impact significatif sur le temps qu’il fait dans la mesure où elles conduisent à une déstabilisation de la masse d’air, ce qui est propice à la formation d’averses. C’est d’ailleurs cette goutte froide qui explique le temps atypique que nous avons aujourd’hui. D’une part, une situation anticyclonique dans les basses couches a conduit à du stratus, synonyme de stabilité. D’autre part, la dépression en altitude a conduit à la formation d’averses en dessus du stratus où règne une masse d’air beaucoup plus instable. Cette ambivalence se retrouve très bien dans l’image ci-dessous prise depuis le Salève. On voit bien à la fois des restes de stratus en dessous et des nuages plus instables en dessus, ainsi qu’un arc-en-ciel, témoignant de la présence d’averses.